
Koffi Pierre Agbossoumonde, 40 ans, est l’un des célèbres revendeurs de chaussures d’occasion (chaussures issues de la friperie) derrière le marché de Hedzranawoé. Il mène cette activité depuis 2008.
« Je suis resté auprès de mon grand pendant plus d’un an, vers le boulevard du 13 janvier pour mieux cerner tous les contours de cette activité, avant de m’installer à mon propre compte à Hedzranawoé », raconte le jeune-homme debout devant son étalage.
Pierre vend plusieurs variétés de chaussures : pour enfants, jeunes et adultes.
« Je me sens bien dans cette activité, car j’arrive à nourrir ma famille, je paie la scolarité de mes enfants », se réjouit Ekpéa (Pierre en langue locale), comme l’appellent ses amis.
« Le jour où l’activité est florissante, je peux banalement empocher entre 25.000 ou 30.000 F.CFA. Un jour creux, le chiffre d’affaires peut tourner autour de 5.000 ou 10.000 F.CFA », dévoile-t-il.
Une centaine de jeunes animent ce marché de chaussures appelé « Vogankpédji », est situé derrière le marché de Hedzranawoé.
Le site est baptisé Vogankpédji, parce que la plupart de ces revendeurs de chaussures sont de Vogan, localité située à environ 67 km au nord de Lomé.
Ils exposent leurs marchandises le long de la rue sur des étagères de fortune. Certaines chaussures sont exposées à même-le-sol ou accrochées à fils sous des parassols. Très occupés, certains s’affairent à longueur de journée à laver ou à raccommoder des chaussures pour les remettre en « bon état ».
Ambroise Adjamagbo, 39 ans, revend ces chaussures-friperies depuis 19 ans : « J’ai commencé lentement après mon BAC 2. Entre mes études, je menais déjà cette activité. Mais au fil des années, j’ai dû abandonner les cours à l’université pour me consacrer entièrement à ce commerce ».
– Chaussures de « grande valeur » –
Ambroise vend également diverses sortes de chaussures, mais il est surtout connu par ses clients pour la qualité de ses chaussures tennis (de sports). Il a d’ailleurs exposé des tennis de valeur, rien à envier aux chaussures vendues dans les magasins chics : « certains responsables de grandes boutiques de Lomé achètent parfois des chaussures chez nous pour les revendre à leurs clients. Car, nous avons aussi des chaussures de grande valeur. Même si elles ont été utilisées une fois, elles gardent toujours leur éclat ».
Tous ces jeunes revendeurs s’approvisionnent auprès des nigérians grossistes (Ibos), installés au cœur du marché de Hedzranawoé.
« Nous entretenons de très belles relations avec ces nigérians qui maîtrisent parfaitement le secteur de la friperie. Parfois, ils nous cèdent les chaussures à crédit », apprécie Ambroise.
A Vogankpédji, l’activité est bien organisée. Ces revendeurs de chaussures sont bien structurés, car ils appartiennent tous à une entité : l’Association des vendeurs de Vogankpédji (AVK).
« Les activités ont démarré sur le site depuis 2008 avec un petit nombre de revendeurs de chaussures. Le nombre a grossi au fil des années », se souvient encore, Mathé Kodjo, président de l’AVK.
Ce dernier a commencé cette activité en 1990 au grand marché d’Adawlato, avant de rejoindre le site de Hedzranawoé.
« C’est une activité qui nourrit son homme, car nous ne vivons que de ça depuis des années », avoue le doyen de ces revendeurs de chaussures.
Mais à Vogankpédji, ces jeunes éprouvent d’énormes difficultés dans leur installation : pas de hangars, ils utilisent tous des parasols.
« Nous sommes sous le chaud soleil tous les jours. Et quand il pleut, c’est la catastrophe. Tout le site est inondé. Nous demandons aux autorités de nous aider en nous construisant de petits hangars », lance le président de l’AVK. FIN
Emile KOUTON