Sénatoriales au Togo : « Une étape décisive vers le parachèvement de la mise en place des institutions » prévues par la nouvelle constitution » (Gilbert Bawara)

Gilbert Bawara.

Les premières élections sénatoriales tenues ce samedi au Togo, sont une « étape décisive vers le parachèvement de la mise en place des institutions prévues par la Constitution de la cinquième République », a salué Gilbert Bawara (ministre de la réforme du service public, du travail et du dialogue social) sur son compte X.

« Et tout ceci, dans un climat apaisé et serein », s’est réjoui le ministre. 

Les « grands électeurs » (179 conseillers régionaux et 1.527 conseillers municipaux) ont voté dans le calme dans 39 circonscriptions électorales pour 41 sénateurs parmi 89 candidats : 78 candidats sont issus des partis politiques et 11 sont des candidats indépendants.

Le Sénat est composé de 61 sénateurs. Les vingt autres seront nommés par le président du Conseil des ministres.

Gilbert Bawara est largement revenu sur la tournée de sensibilisation menée lors de la campagne électorale par des cadres du parti UNIR (Union pour la République, au pouvoir) à travers les communes du Grand Lomé : « Avec d’autres cadres de l’UNIR, nous avons entrepris, à l’occasion de la campagne pour les élections sénatoriales, une tournée de sensibilisation à travers les communes du Grand Lomé. Avec un objectif : continuer à échanger avec nos concitoyens sur les enjeux, les fondements et la portée de la Constitution du 6 mai 2024, qui a fait entrer le Togo dans la cinquième République. Sur les caractéristiques et les implications du régime parlementaire ».

‘Ambiance fraternelle, conviviale’

« Partout, avec les militants du parti, mais aussi avec les forces vives, dont les chefs traditionnels, les notables locaux, les comités de développement des quartiers, les associations des femmes et des jeunes, les discussions se sont déroulées dans une ambiance fraternelle, conviviale. La grande majorité d’entre eux était déjà convaincue du bien-fondé et des effets bénéfiques de la nouvelle loi fondamentale. Cette majorité s’était d’ailleurs largement mobilisée lors du double scrutin des législatives et des régionales d’avril 2024, pour exprimer à travers leurs suffrages, leur soutien et leur adhésion à cette importante réforme », a souligné le ministre.

« Notre effort de pédagogie », a-t-il poursuivi, « a une portée plus large : convaincre et rallier celles et ceux qui, parmi nos concitoyens, hésitent encore à adhérer pleinement à cette réforme profonde, ou même qui la combattent. Les idéaux et les valeurs de l’UNIR, adossés à la vision et à la constante volonté du Président Faure qui prône l’écoute, l’ouverture, le dialogue, la cohésion nationale et l’unité du pays, prennent tout leur sens dans cette démarche. Le vivre ensemble et le sens de la communauté nationale qui permettent à chacune et à chacun d’apporter sa pierre à l’édification d’une société harmonieuse et solidaire, de participer pleinement à la construction du pays, demeurent au cœur de la vision et de l’action du chef de l’Etat ».

Et pour y parvenir, le ministre a estimé qu’il était nécessaire « d’amener chacune et chacun à saisir les avantages de la nouvelle Constitution ».

Cette tournée a donc permis de « rappeler et d’insister sur quelques points fondamentaux : la Constitution du 6 mai 2024 est le fruit d’une mûre et profonde analyse qui tire les leçons par rapport aux régimes politiques successifs que notre pays a expérimentés depuis 1961, en passant par 1969 et 1990-1992, et qui ne lui ont apporté ni la cohésion sociale, ni la stabilité durable souhaitée ».

Cette nouvelle constitution est fortement critiquée par des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile, qui dénoncent un « coup d’Etat constitutionnel ».

‘Nouveau pacte social’

Cette nouvelle constitution « est notre nouveau pacte social ; elle ne vise et ne profite à personne en particulier. Elle n’est destinée à contrarier les ambitions ou les intérêts légitimes de quelque parti ou acteur que ce soit. Seuls ceux qui avaient tendance à instrumentaliser le régime présidentiel et les élections présidentielles pour tenter d’accréditer un sentiment de crise politique permanente dans notre pays se sentiront lésés », a affirmé M.Bawara.

C’est une Constitution « au service exclusif du Togo. Au service de l’unité du pays et de la cohésion nationale, du dialogue, de la concertation et des échanges permanents entre les acteurs politiques et institutionnels, interdépendants les uns des autres. C’est une Constitution au service de la dépersonnalisation et de la dépersonnification du pouvoir et des institutions », a-t-il relevé.

Mais selon plusieurs partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile, appuyés par certains observateurs, cette réforme a été entreprise pour permettre au président Faure Gnassingbé de se « maintenir » au pouvoir.

Pour le ministre, « la fixation et la cristallisation autour de la fonction et de la personne du Président de la République n’existent plus désormais. Au contraire, la Constitution du 6 mai 2024 établit une logique de déconcentration des centres de décisions et de partage du pouvoir, avec une gouvernance concertée, participative et de proximité. Une gouvernance associant davantage les citoyens à la gestion de la chose publique et aux politiques de développement ».
« La nouvelle Constitution togolaise est au service de la stabilité indispensable au décollage et à l’émergence économique de notre pays, notamment avec l’instauration de mécanismes souples de désignation des dirigeants et de dévolution des prérogatives de gouvernement. Notre nouvelle Constitution favorisera l’assainissement et la rationalisation du paysage politique, en contribuant, pour dire les choses clairement, à l’extinction des micro-partis politiques, et de fait, à la réduction de la fragmentation du paysage politique togolais », a expliqué M.Bawara.

Mettre fin aux groupuscules politiques sans existence réelle

« Mettre un terme à la prolifération de groupuscules politiques sans existence réelle sur le terrain, en aidant à proscrire le repli sur des facteurs ethniques, communautaires et régionalistes est une nécessité. Les partis politiques doivent avoir un caractère national, refléter la diversité de la société togolaise mais aussi être soucieux de l’intérêt général et du bien commun. Dès lors, seuls les partis remplissant ses conditions seront susceptibles d’obtenir une majorité qualifiée au sein de l’Assemblée nationale et prétendre à la fonction de Président du Conseil. Seuls ces partis pourront aussi obtenir des majorités municipales ou régionales pour pouvoir élire un nombre appréciable de sénateurs et, par conséquent, peser sur l’élection du Président de la République. Sous cet angle, la Constitution de la cinquième République confère aux dirigeants du pays une représentativité et une légitimité plus larges, plus fortes et solides », a-t-il souligné.

Mais attention, note le ministre, la nouvelle Constitution « ne proscrit pas les partis rabougris et repliés sur des considérations inavouables. C’est une loi fondamentale pro unité nationale et pro cohésion nationale. Les aventures politiques solitaires et individuelles auront simplement davantage de mal à prospérer à l’avenir. Aux dirigeants politiques d’en tirer les conséquences, afin de restructurer leurs partis, de les réformer voire même d’aller vers des regroupements pour se donner une certaine assise ».
Avec la nouvelle Constitution, a ajouté le ministre, « les rendez-vous électoraux deviennent plus pertinents tout en étant moins nombreux. Les occasions de tensions et de violences liées aux périodes de compétitions électorales sont elles aussi moins nombreuses. Mais par-dessus tout, des économies peuvent être réalisées et les moyens autrefois consacrés à une multitude d’élections seront désormais affectés aux véritables défis sociaux ». FIN

Junior AUREL