Donald Trump a annoncé mercredi préparer l’envoi de migrants sans papiers à Guantánamo, l’une de ses annonces anti-immigration les plus spectaculaires à ce jour, alors que la confusion règne toujours sur ses projets de gel de dépenses.
Je vais signer aujourd’hui un décret demandant aux ministères de la Défense et de la Sécurité intérieure de préparer un centre pour 30 000 migrants à Guantánamo Bay», a déclaré le président américain, en ajoutant qu’il s’agirait de « criminels » en situation irrégulière.
La Maison-Blanche a ensuite annoncé que le texte avait été signé, en précisant qu’il ne s’agissait pas d’un « décret » mais d’un «mémorandum».
Il prévoit de porter à «pleine capacité» un centre de rétention de migrants déjà existant sur la base pour y enfermer «des criminels étrangers présents de manière illégale» sur le territoire américain.
«Sous forme d’acte brutal, le nouveau gouvernement américain annonce la détention à la base navale de Guantánamo, située en territoire cubain illégalement occupé, de milliers de migrants qu’il expulse de force», a protesté sur X le président cubain, Miguel Diaz-Canel, soulignant que ces sans-papiers seraient détenus «à côté des prisons connues pour leur torture et leur détention illégale».
La base militaire de Guantánamo accueille la prison du même nom, créée par l’ex-président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, et devenue pour de nombreuses ONG un symbole des dérives de la lutte contre le terrorisme, à cause de ses conditions de détention extrêmes et de son recours à la torture.
Le centre de rétention de migrants évoqué par la Maison-Blanche est séparé de la prison, laquelle compte encore 15 détenus.
Donald Trump a ensuite signé la première loi votée depuis son investiture le 20 janvier.
Ce texte prévoit la détention automatique d’étrangers en situation irrégulière si elles ont été condamnées ou poursuivies pour certains crimes et délits.
Il porte le nom de Laken Riley, étudiante de 22 ans tuée par un Vénézuélien en situation irrégulière, qui avait été déjà arrêté puis remis en liberté avant ce meurtre. « Son nom… vivra à jamais dans les lois de notre pays », a commenté le président américain, qui a promis pendant sa campagne de mettre fin à l’immigration clandestine.
Confusion
L’immense majorité des 780 détenus de Guantanamo, qui ont d’abord été enfermés dans des cages puis des cellules construites à la hâte ont depuis été relâchés, certains après plus de 10 ans de détention sans inculpation.
«Ce que vous ne savez probablement pas c’est qu’il y a déjà là-bas un centre de rétention de migrants, il existe depuis des décennies. Donc nous allons simplement développer ce centre», a précisé Tom Homan, conseiller spécial de Donald Trump sur l’immigration, lors d’un court échange avec la presse.
En septembre dernier, le New York Times a révélé que la base militaire était utilisée depuis des décennies pour incarcérer certains migrants interceptés en mer.
Cette annonce choc de Donald Trump arrive alors que son administration a créé une grande confusion autour d’un projet d’austérité budgétaire.
Le point de départ est un mémo publié tard lundi soir par la Maison-Blanche, demandant aux ministères et agences fédérales de geler une partie des dépenses «d’assistance» – subventions et allocations notamment – et d’en faire une revue d’ensemble afin de s’assurer de leur conformité avec «les priorités présidentielles».
Cela concernait potentiellement des centaines, voire des milliers de milliards de dollars irriguant tout le pays, et bénéficiant aux personnes âgées, aux familles démunies ou encore aux anciens combattants.
Source : Afp