À l’approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre, l’ONUSIDA a publié un rapport percutant intitulé « Emprunter la voie des droits pour mettre fin au sida ». Ce document souligne une vérité cruciale : la fin de l’épidémie mondiale de sida d’ici 2030 ne sera possible que si les droits humains des personnes vivant avec le VIH ou à risque sont pleinement protégés.
Une lutte inachevée
Malgré des progrès significatifs, les statistiques révèlent une situation préoccupante. En 2023, 630 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida, et 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées. Plus alarmant encore, dans 28 pays, le nombre de nouvelles infections est en hausse. Parmi les 39,9 millions de personnes vivant avec le VIH, 9,3 millions n’ont toujours pas accès aux traitements vitaux.
Les jeunes femmes et filles de 15 à 24 ans restent particulièrement vulnérables. Chaque jour, 570 d’entre elles contractent le VIH, notamment en Afrique orientale et australe, où elles sont trois fois plus touchées que leurs homologues masculins.
Les droits humains au cœur de la réponse
Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, a insisté sur l’importance de protéger les droits de tous : « Protéger la santé de tous implique de protéger les droits de tous. » Elle a dénoncé les violences faites aux femmes, la privation d’éducation pour les filles, ainsi que la criminalisation des minorités, autant de facteurs qui empêchent l’accès aux soins essentiels.
En 2023, 63 pays criminalisent encore les relations entre personnes de même sexe. Dans ces contextes, la prévalence du VIH est cinq fois plus élevée parmi les hommes ayant des relations homosexuelles. Axel Bautista, de l’organisation MPact, a souligné : « Les lois punitives éloignent les personnes vulnérables des services essentiels pour prévenir, tester et traiter le VIH. »
La science à l’appui, mais insuffisante sans équité
Des avancées médicales, telles que les traitements à action prolongée nécessitant seulement quelques injections par an, pourraient révolutionner la lutte contre le sida. Cependant, Alexandra Calmy, spécialiste du VIH, rappelle que ces innovations ne porteront leurs fruits que si elles sont accessibles à tous : « Les options thérapeutiques doivent être mises à disposition sans délai pour garantir un accès universel. »
Témoignages d’engagement
Le rapport inclut des essais de figures engagées dans la lutte contre le sida, dont Elton John, qui écrit : « La science est peut-être le « quoi » pour mettre fin au sida, mais l’inclusion, l’empathie et la compassion sont le « comment ». Le président irlandais Michael D. Higgins ajoute : « Garantir les droits humains est une nécessité pratique si nous voulons débarrasser le monde du fléau du sida. »
Un choix politique urgent
L’éradication du sida en tant que menace de santé publique est possible. Mais comme l’a souligné Jeanne Gapiya-Niyonzima, fondatrice de l’ANSS : « Si le monde veut mettre fin au sida, il doit protéger les droits de chaque individu. » Le temps presse, et les gouvernements doivent choisir la voie des droits humains pour atteindre cet objectif. FIN
Savoir News