A une semaine du second débat présidentiel, les négociations vont bon train autour d’un enjeu a priori technique, mais ô combien crucial : la possibilité de garder le micro ouvert ou pas durant les échanges.
Le premier face-à-face entre Donald Trump et Kamala Harris aura-t-il lieu à la date prévue du 10 septembre 2024 ? Alors que l’échéance se rapproche, les camps des deux candidats achoppent sur une question apparemment anodine, mais non moins stratégique : la tenue du micro.
L’ancien candidat démocrate Joe Biden, désormais remplacé par Harris, avait obtenu lors du précédent débat organisé fin juin 2024, que le micro de celui qui n’a pas la parole soit coupé pendant les réparties de l’autre afin d’éviter les interruptions intempestives et les prises de parole simultanées.
Cette règle censée prévaloir pour le prochain débat prévu sur ABC News dans le musée d’Histoire de Philadelphie est cependant, désormais remise en cause par la campagne de Kamala Harris. Celle-ci demande notamment que les micros restent ouverts en permanence.
Favoriser une expression débridée
La vice-présidente souhaite ainsi tourner l’entrevue à son avantage et se mettre dans de meilleures dispositions que Biden dont les hésitations ont été amplifiées par la fermeture des micros face à Trump, selon certains observateurs.
À travers le maintien des micros actifs, elle mise sur la tendance de l’ancien président aux débordements verbaux à l’image du débat présidentiel de 2020.
À l’époque, le candidat Biden avait finalement lâché, agacé, « Will you shut up, man ? » (« Tu vas la fermer, mec ? »), face aux interruptions incessantes de son vis-à-vis.
Aujourd’hui, la candidate démocrate espère que la propension aux diatribes de son adversaire et ses insultes l’amèneront à s’enferrer dans des explications confuses devant les millions de téléspectateurs américains attendus pour la circonstance.
« Elle serait plus qu’heureuse d’échanger avec lui s’il essaie de l’interrompre. Et compte tenu de la fébrilité qu’elle semble provoquer chez lui, il est très enclin à avoir des accès de colère incontrôlés », déclare une source au fait des négociations citée par le journal Politico.
Le piège du chaos contrôlé
C’est précisément de cette éventualité que le camp républicain semble vouloir préserver son candidat. Car si Trump a déclaré « que cela lui importe peu » que les micros soient ouverts ou non, ses collaborateurs militent activement pour les garder fermés, tout en accusant Harris de prétexter de cette question pour « fuir le débat. »
« Donald Trump se soumet à ses conseillers qui ne lui permettent pas de débattre avec un microphone ouvert. Si sa propre équipe n’a pas confiance en lui, le peuple américain ne peut certainement pas non plus », a raillé Harris dans un post sur X, samedi 31 août.
Malgré le maintien des règles du précédent débat sur CNN lors des communications transmises aux différentes équipes de campagne la semaine dernière par ABC, les discussions se poursuivent en coulisses sur cette question du micro.
Derrière ce match dans le match se joue peut-être ce qui pourrait devenir un tournant important dans cette dernière ligne droite de la campagne présidentielle américaine.
Farid Bathily (VOA)