Les maladies tropicales négligées (MTN) constituent un groupe diversifié d’affections qui sévissent principalement au sein des populations pauvres. Elles sont dues à différents agents pathogènes (virus, bactéries, parasites, champignons ou toxines) et ont des conséquences sanitaires, sociales et économiques dévastatrices.
Pour mieux informer les populations, le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) s’est intéressé à cette question cruciale le 21 août dernier lors de son traditionnel webinaire. Cette rencontre d’information et de sensibilisation réunit chaque mois plus d’une cinquantaine de journalistes d’Afrique autour d’un expert.
Et pour cette 2ème réunion d’août, c’est Pr Emilienne Épée (Chef de service des Maladies Tropicales Négligées, MTN au ministère camerounais de la Santé) qui a été invitée pour édifier les professionnels des médias sur les MTN.
Mme Epée est Fondatrice et directrice de l’initiative Women in Neglected Tropical Diseases /WINS, basée au Cameroun.
Selon WINS est une initiative pionnière, visant à capitaliser sur l’expertise multidisciplinaire et transversale de femmes reconnues dans leurs domaines, incluant médecins, chercheurs, anthropologues, éducatrices, spécialistes de la communication, marketing, et gestion. Portées par l’ambition de développer des alternatives novatrices, ces femmes engagées se rassemblent sous le slogan : « Femmes engagées contre les Maladies Tropicales Négligées : Santé équitable, solutions novatrices« .
Elle explique que ces maladies sont qualifiées de « négligées » car elles ne bénéficient pas d’autant d’attention que les autres maladies alors qu’elles affectent si durement les populations les plus vulnérables. Comparées aux autres pathologies, les MTN jouissent de peu de financement, de peu d’attention et très peu de recherches leur sont consacrées, ce à quoi l’initiative WINs s’emploie à remédier.
Par ailleurs l’essentiel des politiques de lutte contre les MTN, ne marquent pas clairement l’engagement en faveur d’une inclusion, d’une participation et d’un financement équitable des femmes, notamment en intégrant les conditions liées au sexe au genre à tous les niveaux. Et c’est dans ce contexte que l’initiative WINs a été créée pour accélérer l’inclusion des femmes et des filles dans les stratégies de lutte contre les MTN, a longuement explique Pr Epée.
L’initiative a été portée sur les fonts baptismaux en mars dernier. Et il s’agit concrètement selon la directrice, de contribuer à la réduction des souffrances causées par les MTN avec comme cible, les femmes (qui subissent lourdement les conséquences). Depuis le Cameroun, WINs va œuvrer à dynamiser les efforts existants, promouvoir des solutions novatrices et assurer un maillage pour parvenir progressivement à un monde sans MTN d’ici à 2030.
« Nous voulons contribuer à la diminution des souffrances liées aux MTN en passant par les femmes. C’est-à-dire qu’une analyse genre au niveau de la communauté nous permettra de nous occuper des femmes et des hommes, mais en impactant les femmes. Nous voulons que les femmes soient renseignées sur ce qui se passe afin qu’elles puissent prendre le devant… Les gouvernements ne peuvent pas faire tout. Il nous faut aller vers la société civile pour une transversalité et une multidisciplinarité dans la lutte contre les MTN », a expliqué Pr Epée.
Elle ajoute que leur impact est profond, causant d’importants préjudices sociaux, économiques et de santé, et perpétuant ainsi un cycle de pauvreté et de maladie parmi les communautés touchées. Les conséquences sont particulièrement dévastatrices pour les jeunes filles et les femmes. Au total 21 MTN ont été répertoriées par l’OMS.
Selon Pr Epée, 16 d’entre-elles sévissent dans les 10 régions du Cameroun. et en dépit des 30 ans de lutte, certaines de ces maladies comme l’onchocercose continuent de faire des ravages. Et pour y faire face, l’OMS préconise (en conformité avec le plan directeur pays) une approche intégrée axée sur les communautés.
Notons que la mise à l’échèle de WINs au niveau continental sera coordonnée par l’organisation Speak Up Africa, avec l’appui de WINS Cameroun. FIN
Ambroisine MEMEDE