La marche du Bénin vers le progrès s’illustre à travers l’engagement de ses dirigeants et les actions menées depuis 2016. La transformation qui s’ensuit, autant que les défis et perspectives n’échappent plus aux institutions de référence. Le rapport pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD) offre une lucarne pour scruter la transformation structurelle et la résilience économique du pays.
Le rapport pays 2024 de la BAD sur le Bénin s’intitule « Impulser la transformation du Bénin par la réforme de l’architecture financière mondiale ». Il intègre parfaitement la vision d’Akinwumi Adesina, président de l’institution qui, à l’occasion des assemblées annuelles de mai dernier à Nairobi, appelait à une réforme de l’architecture financière mondiale.
Son contenu a été révélé aux décideurs, acteurs de l’écosystème financier et autres experts, mercredi 31 juillet à Cotonou. Il s’articule autour de trois axes que sont les performances économiques, le bilan des progrès de la transformation structurelle et le financement de cette transformation.
Les principales remarques seront mises en exergue par Kevin Urama, économiste en chef, et vice-président de la gouvernance et gestion des connaissances à la BAD. Le rapport note avec satisfaction que les performances économiques du Bénin continuent d’être solides, avec 6,4 % en 2023, et la croissance du Pib réel devait atteindre 6,5 % en 2024, puis 6,2 % en 2025, sous l’impulsion de la production manufacturière et l’accélération des chantiers d’infrastructures publiques.
Avec les mesures d’assainissement budgétaire engagées par les pouvoirs publics, le déficit budgétaire, qui était de 4,3 % en 2023, devait diminuer pour tendre vers 3 % d’ici à 2025, mais les incertitudes demeurent du fait des contextes régional et international perturbés et des effets des chocs climatiques récurrents, nuance le document.
Face aux effets persistants des chocs multiples et pour financer les infrastructures, le pays a eu recours à des prêts. L’encours de la dette publique est ainsi passé de 41,2 % du Pib en 2019, à 54,5 % en 2023, mais devait baisser à 53,9 % en 2024, grâce aux politiques proactives de gestion de la dette mises en œuvre au cours des dernières années. L’agence de notation Standard & Poor’s a même rehaussé, en avril 2024, la notation de crédit du Bénin de (B+) à (BB-) avec perspective stable.
Le document de la BAD note également des risques qui pourraient affecter les perspectives. Il s’agit du ralentissement des échanges avec le Nigeria, des effets néfastes du changement climatique, de la détérioration de la situation sécuritaire au Nord et de l’incertitude liée à la sortie de la Cedeao du Burkina Faso, du Niger et du Mali. Pour ce qui est des principales recommandations stratégiques pour relever les défis macroéconomiques, la Bad préconise d’accélérer les efforts de transformation structurelle à travers la zone industrielle de Glo-Djigbé, de redoubler d’efforts pour une mobilisation accrue des recettes fiscales pour financer la transformation structurelle et de poursuivre les efforts d’assainissement budgétaire pour tendre vers l’équilibre budgétaire à l’horizon 2025.
Résilience remarquable
Pour ce qui est du bilan des progrès de la transformation structurelle, l’économie béninoise a fait preuve d’une résilience remarquable face aux multiples chocs, avec une augmentation régulière du Pib réel de 4,8 % par an en moyenne au cours des décennies précédant la période de la Covid-19, indique le document.
Il souligne que le rythme d’accroissement du Pib réel par habitant, qui était globalement lent durant les décennies d’avant Covid-19, s’est redressé à plus de 3,5 % en moyenne par an, après 2021, laissant présager une période de boom, si les tendances se consolident jusqu’en 2030.
Le Bénin se transforme lentement sans un niveau d’industrialisation poussé, avec une réaffectation de la main- d’œuvre de l’agriculture, surtout vers des services à faible productivité. Néanmoins, pour accélérer la transformation structurelle, il devra combler un déficit de financement annuel d’environ 1,87 milliard de dollars Us d’ici à 2030, qui pourraient être affectés prioritairement aux besoins d’investissement dans l’éducation de qualité, l’énergie pour tous, la productivité et les infrastructures, qui sont les principaux objectifs de développement durable plus directement liés à l’amélioration de la transformation structurelle.
Le Bénin a déployé des efforts considérables au cours des dernières années pour accéder aux marchés des capitaux internationaux. Cependant, le coût des emprunts souverains du Bénin est élevé.
«La réforme de l’architecture financière mondiale est donc primordiale pour permettre au Bénin d’avoir accès à des instruments adaptés et mobiliser les ressources sur les marchés de capitaux internationaux à des conditions favorables», projette le document.
Serge Dossou-Yovo, directeur général du Financement du développement, ou encore Kora Tossounon Alassane, représentant le ministre de l’Energie, de l’Eau et des Mines et bien d’autres voix expertes ont aussi apporté des observations et contributions pour l’enrichir davantage.
Source : La Nation (Quotidien National)