Moyen Orient : Craintes d’un embrasement généralisé du conflit

This photograph taken on January 8, 2024 shows a banner depicting Hezbollah Secretary General Hassan Nasrallah hanging on the building, which was hit by a drone attack, killing Hamas number two in a southern Beirut stronghold of Hamas ally Hezbollah on January 2, 2024. (Photo by ANWAR AMRO / AFP)

La mort d’un haut responsable du Hezbollah libanais, puis celle peu après du chef du Hamas, tué en Iran, provoquent l’inquiétude internationale.

Le Hezbollah a annoncé mercredi la mort du responsable militaire Fouad Chokr. Une source proche de la formation libanaise avait indiqué peu avant que son corps avait été retrouvé sous les décombres de l’immeuble touché par une frappe isarélienne dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, bastion du Hezbollah.

La frappe sur cet immeuble d’un quartier densément peuplé a aussi tué cinq civils, trois femmes et deux enfants, selon le ministère libanais de la Santé.

Recherché aussi par les Etats-Unis

L’armée israélienne avait de son côté d’emblée affirmé avoir «éliminé» celui qu’elle qualifie de «plus haut responsable militaire» du Hezbollah et «le bras droit de Hassan Nasrallah», le chef du mouvement. Elle considérait Fouad Chokr responsable de la mort, samedi dernier, de 12 enfants et adolescents, tués par un tir de roquette sur le plateau syrien du Golan, occupé par Israël. Le Hezbollah avait démenti toute implication.

Fouad Chokr était également recherché par les Etats-Unis qui le considéraient comme «l’un des cerveaux» de l’attentat qui avait fait plus de 200 morts en 1983 parmi les Marines américains à Beyrouth.

Le communiqué du Hezbollah indique que son chef, Hassan Nasrallah, prendra la parole jeudi lors de ses funérailles pour exprimer la position du mouvement islamiste concernant «cette attaque violente et ce crime grave».

Chef du Hamas tué

Mercredi, quelques heures après l’attaque sur Beyrouth, une autre frappe a tué le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui se trouvait à Téhéran, en Iran. Tant le Hamas que les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont attribué cette frappe aérienne à Israël, qui n’a fait aucune déclaration à ce sujet jusqu’ici.

Ces deux raids, coup sur coup, alimentent les craintes d’un embrasement généralisé au Moyen-Orient et de l’extension de la guerre qui sévit dans la bande de Gaza depuis octobre dernier.

Le Hezbollah a menacé à plusieurs reprises par le passé de viser Israël en profondeur au cas où la région de Beyrouth serait prise pour cible. Il a par ailleurs assuré que la mort du chef du Hamas allait «renforcer la détermination» des groupes alliés à Téhéran à faire face à Israël.

«Châtiment sévère» promis par l’Iran

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a du reste juré mercredi d’infliger un «châtiment sévère» à Israël. «Avec cet acte, le régime sioniste criminel et terroriste a préparé le terrain pour un châtiment sévère pour lui-même, et nous considérons qu’il est de notre devoir de venger le sang (ndlr: d’Ismaïl Haniyeh) qui a été versé sur le territoire de la République islamique d’Iran», a-t-il déclaré dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle Irna.

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a prévenu mercredi que la situation pourrait «devenir hors de contrôle» après l’attaque de Beyrouth. Des inquiétudes partagées par les habitants.

«La situation est très dangereuse. Il y aura une réponse forte (ndlr: du Hezbollah) et Israël ripostera de la même manière», a estimé Imad, propriétaire d’une boulangerie à Beyrouth. «Ce qui s’est passé hier (ndlr: mardi) nous entraîne vers la guerre», a assuré également Elie, un militaire à la retraite.

Escalade «pas inévitable»

Washington a reconnu que ces deux frappes n’aidaient pas à faire baisser les tensions dans la région, tout en assurant ne pas voir de signes «qu’une escalade soit imminente».

Porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby a dit que les Etats-Unis étaient «bien sûr inquiets d’une escalade» tout en estimant qu’elle n’était «pas inévitable».

Et dans la soirée, le Département d’Etat américain a appelé ses compatriotes à ne pas se rendre au Liban «en raison des tensions croissantes entre le Hezbollah et Israël», relevant à 4 – le plus haut degré de mise en garde – son niveau d’alerte concernant ce pays.

La Suisse rappelle ses concitoyens

De son côté, la Suisse a exhorté mercredi ses concitoyens à quitter le Liban. «Le Département fédéral des Affaires étrangères recommande aux ressortissants suisses de quitter le pays par leurs propres moyens, si cela semble possible et sûr», indique le ministère suisse des Affaires étrangères.

Selon lui, une détérioration significative de la situation sécuritaire dans tout le Liban est possible à tout moment, tandis que «des frappes aériennes ciblées peuvent également mettre en danger des personnes non impliquées».

Vols vers Beyrouth suspendus

Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers Beyrouth au cours des derniers jours, alors que les Libanais vivant à l’étranger reviennent en grand nombre pour les vacances.

Mercredi, Air France et Transavia France ont décidé de prolonger la suspension de leurs vols jusqu’à samedi inclus «en raison de la situation sécuritaire».

Source : Afp