Pour son 3ème numéro, l’équipe de « Lucarnes Femmes de Médias » transporte ses projecteurs dans la région des Plateaux (environ 180 Km au nord de Lomé). Nous allons à la découverte d’une dame des médias, qui par son professionnalisme et parcours, suscite admiration. Il s’agit de Mme Essozolam Aimée Atana épse Toviéléagbé, la Directrice de Radio Azur située à Anié.
La 2ème conseillère de l’Association des Femmes Professionnelles des Médias du Togo (AFPM-Togo), est l’une des rares visages féminins à la tête d’une station émettrice en milieu rural. Quels sont ses secrets ? Comment est-elle parvenue à s’imposer dans l’univers radiophonique au Togo ? Essozolam Aimée Atana, la directrice générale de la Radio Azur Anié se livre entièrement à vous.
Aimée Atana, un parcours éducatif inspirant !
De 1986 à 1993, Essozolam Aimée Atana épse Toviéléagbé a débuté son parcours éducatif dans plusieurs écoles primaires publiques dans la préfecture de la Kozah. Celui-ci s’est soldé par l’obtention du Certificat d’Etudes du Premier Degré (CEPD) à l’EPP Kouméa nird dans la Kozah.
Elle a poursuivi ses études au Collège Adèle de Kara en 1998 et a continué le lycée à l’ITC Assomption de Sokodé où elle obtint son Baccalauréat II série G1 en 2002. Ces études universitaires ont commencé à l’Université de Lomé où elle fit un an en faculté d’Anglais.
Elle poursuivit son parcours universitaire à l’Institut Supérieur de Management et de Développement (ISMAD) en 2005 où elle obtient un BTS option Tourisme et Loisirs. De quoi nourrir sa passion pour la culture. Mais en 2018, Aimée Atana change d’orientation professionnelle. Et pour renforcer ses nouvelles compétences, elle pousuivit ses études à l’ISICA, Institut d’où elle sort en 2020, nantie d’une Licence professionnelle en journalisme.
« A la base j’avais fait un BTS en tourisme et loisirs. Aujourd’hui je me suis retrouvée dans les médias, j’ai fait valoir mon expérience en retournant sur les bancs, donc je peux dire, la formation que j’ai eu à l’ISICA contribue beaucoup pour une adaptation par rapport à mon poste actuel », s’est-elle réjoui.
Le journalisme à la croisée des chemins !
La résiliente Aimée Atana a fait ses premiers pas dans l’univers des médias togolais en 2003, à travers une émission culinaire qu’elle animait sur la Télévision Deuxième (TV2). Ceci, après des séances de recyclages à la Télévision Togolaise, (TVT). Ce n’est qu’en décembre 2006 que sa carrière radiophonique pris son envol.
Tout comme nombre de personnes, la passionnée Aimée Atana Tovieleagbe ne croyait pas à un avenir aussi promoteur en embrassant le monde des médias. Pour la jeune femme, c’était juste pour une petite excursion. « Je suis rentrée en me disant que c’était juste pour un temps en attendant de trouver un boulot dans le domaine du tourisme. Au fil du temps j’ai pris goût et je suis restée ».
Naturellement, avoue-t-elle, les débuts n’ont pas du tout été faciles. « J’étais Chef Programmes, mais j’accomplissais presque toutes les tâches du Directeur à l’époque », se remémore la femme de médias. A ses débuts, raconte Aimée, Anié était juste un canton sans eau potable ni électricité.
« Plusieurs m’ont découragé, surtout en voyant le petit salaire. Mais, moi j’avais eu ce déclic du micro et j’ai décidé de me battre pour y arriver. Ce qui était intéressant, j’avais la possibilité d’apprendre à travers des ateliers et les expériences des doyens de la radio Lomé », explique avec un large sourire.
A un moment donné j’ai failli abandonner !
Essozolam Aimée Atana épouse Tovieleagbe est une mère de famille qui a su trouver de l’équilibre entre sa vie professionnelle et celle conjugale depuis son immersion dans l’univers médiatique en 2006. Mais gagner ce pari n’a pas été facile pour la journaliste.
A un moment donné, explique la directrice de Radio Azur, j’ai failli abandonner, car ce n’était pas si évident de concilier la vie de mère et épouse à celle professionnelle. Mais le courage et la détermination ont été de bons alliés pour la journaliste qui a bravé tous les obstacles afin de s’imposer et construire une brillante carrière.
« Quand j’ai eu mon premier enfant, mon mari a refusé l’assistance d’une aide. Il fallait donc assurer mon rôle de mère de famille, mon travail sur place, voyager quand il le fallait, répondre aux réunions dans tous les sens », raconte Aimée, à l’équipe « Lucarnes Femmes des Médias ».
Bien qu’elle y soit rentrée avec hésitation, Aimée reconnaît l’impact transformatif de la presse sur sa vie. Pour elle, les médias ont beaucoup contribué à renforcer sa résilience et sa capacité à affronter des situations complexes. Aussi, les médias ont contribué au renforcement de son engagement pour la lutte contre les violences faites aux enfants et aux femmes.
Des récompenses à hauteur du travail !
La journaliste Aimée Atana se réjouit de ses réussites, en particulier le Prix de la meilleure émission qui lui a été décerné en 2016 à l’occasion des Plateaux Movies Awards (PAMA). Ensuite, elle a remporté le 1er Prix de la meilleure production radio de l’intérieur au concours organisé par l’Office Togolais des Recettes et l’Observatoire Togolais des Médias en 2019.
La réussite la plus récente, qui émerveille la directrice Aimée Atana est sa participation à la conférence « Least Developed Countries (LDC) 5th à Doha au Qatar en mars 2023 », où elle a reçu le prix de la meilleure production rurale. « Aujourd’hui je peux dire que le fait d’avoir pu m’adapter à ce monde et de tenir encore après des années de difficultés, est une fierté pour moi », déclare la journaliste engagée.
Travailler avec dignité, le mot d’ordre !
« Travailler dignement et ne pas vouloir gagner de l’argent avec précipitation, sans travailler », c’est l’interpellation de Aimée Atana pour les jeunes professionnels des médias. Pour elle, ce n’est pas parce que le contexte togolais est dur ou qu’il y’a la famine qu’il faut manger du poison.
Les leçons apprises tout au long de sa carrière se résument donc à l’humilité, le respect de soi et des aînés, afin que ceux-ci puissent partager leurs connaissances. « Et puis, il ne faut pas toujours espérer les retombées de nos efforts dans l’immédiat. Parfois ça prend du temps. Mais toujours est-il que ça va payer pourvu que ça ait été bien fait », prévient-elle.
Les jeunes femmes aspirantes à une carrière dans les médias, martèle la cheffe de la radio Azur, devraient cultiver l’excellence pour mériter le respect. Aussi, il faudrait qu’elles s’informent sur les écoles, les conditions d’accès, les ouvertures du domaine, l’évolution des textes régissant le métier et se donner les moyens d’y arriver. « Quand je parle des moyens, c’est d’abord la volonté et la détermination », insiste la femme de média.
Notons que l’incendie qui a récemment ravagé sa station n’a pas freiné Aimée Atana dans son engagement à faire de Radio Azur, une station communautaire de proximité.
Chrystelle MENSAH
Projet « Lucarnes Femmes de Médias«