Malgré les restrictions imposées à ses sportifs en raison de l’assaut mené en Ukraine, la Russie ne doit pas « boycotter » les JO-2024 de Paris, a estimé mercredi le ministre russe des Sports Oleg Matytsine.
« Nous ne devons pas nous détourner, nous fermer, boycotter ce mouvement », a déclaré le ministre lors d’une réunion, en évoquant les Jeux olympiques de l’été prochain (26 juillet-11 août), selon l’agence d’Etat Tass.
Cette déclaration dissipe des mois de spéculations sur la riposte russe aux conditions drastiques posées par le Comité international olympique, début décembre, à la participation des Russes et Bélarusses à la grand-messe estivale.
Non seulement le CIO impose aux sportifs des deux pays de concourir sous bannière neutre – un dispositif forgé lors des JO-1992 de Barcelone pour les Serbes et Monténégrins frappés par les sanctions internationales -, mais il ajoute une série de critères sans précédent.
Les athlètes concernés ne pourront s’aligner qu’à titre individuel, interdisant toute démonstration de la puissance sportive russe lors des épreuves par équipes, et ils devront ne pas avoir activement soutenu l’offensive russe en Ukraine – un point doublement vérifié par les fédérations internationales puis le CIO.
Un traitement « humiliant »
Il faudra enfin qu’ils aient franchi l’obstacle des qualifications, alors que certaines instances internationales ne les ont réintégrés que très tardivement à leurs compétitions, et que l’athlétisme maintient une exclusion pure et simple.
La Russie n’a cessé de juger « humiliant » et « discriminatoire » le traitement réservé à ses sportifs, et son président Vladimir Poutine réserve depuis plusieurs mois son avis sur une participation aux JO de Paris. « Y aller ou pas? Les conditions doivent être soigneusement analysées », avait-il déclaré en décembre, alors que seuls huit Russes et trois Bélarusses satisfaisaient aux critères du CIO.
Mais alors que les rumeurs sur un boycott russe ont agité tout l’hiver le mouvement sportif, Oleg Matytsine a estimé qu’il fallait, « autant que possible, préserver la possibilité de dialoguer et de participer à des compétitions ».
Le ministre des Sports a toutefois déclaré attendre la prochaine réunion de la commission exécutive CIO, du 19 au 21 mars. « Nous verrons quelle sera la décision finale du Comité international olympique (…) mais jusqu’à présent la position est qu’il n’y aura pas de nouvelles recommandations et réglementations », a-t-il dit.
Le CIO a toujours présenté sa décision de décembre comme définitive, mais doit encore trancher un point: la présence des Russes et Bélarusses à la cérémonie d’ouverture des JO, alors que le Comité international paralympique leur interdit de défiler lors de celle des Jeux paralympiques le 28 août.
Risque d’éclatement
Depuis l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe avec l’appui du Bélarus, fin février 2022, l’instance de Lausanne balance entre plusieurs considérations: sanctionner cette violation retentissante de la trêve olympique décrétée autour des JO-2022 de Pékin, tenir compte de la forte hostilité occidentale aux sportifs russes, mais aussi préserver la participation de tous les athlètes, sans considération politique.
« Le coeur lourd », le CIO a dans un premier temps recommandé l’exclusion des Russes et Bélarusses des compétitions internationales pour préserver leur propre sécurité et éviter des boycotts en cascade, avant d’orchestrer leur retour progressif à partir de mars 2023.
L’organisation garde par ailleurs un oeil sur les compétitions lancées par la Russie – Jeux du Futur puis Jeux des BRICS à Kazan, « Jeux mondiaux de l’Amitié » du 15 au 29 septembre à Moscou et Yekaterinburg -, qui menacent de fracturer le sport international.
Avant même son offensive contre l’Ukraine, la Russie avait vu sa participation aux JO limitée en raison d’une série de scandales de dopage d’Etat qui ont discrédité un grand nombre d’athlètes et officiels russes. Malgré des preuves accablantes, le Kremlin a nié tout système de dopage organisé et qualifié là aussi les sanctions de mesures punitives anti-russes.
SOURCE: AFP