La crise permanente entre Israël et la Palestine, ponctuée de guerre, de colonisation et d’intifada est l’une des grandes préoccupations qui divisent et menace la stabilité du monde depuis plusieurs décennies. En fait, selon les experts, le problème date de 1917 avec la déclaration du secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, Arthur Balfour, qui annonce l’établissement d’Israël en Palestine.
Fragilisé par la pandémie de Covid 19, à l’intérieur des pays et dans les relations internationales, puis, profondément divisé par la guerre en Ukraine, le monde est séparé par un fossé qui s’élargit considérablement chaque jour un peu plus.
C’est particulièrement le cas avec la résurgence de la guerre entre Israël et la Palestine, depuis l’attaque d’Israël le 7 octobre 2023, par le Hamas, suivie des bombardements déclenchés à Gaza, par Israël. Avec ces derniers événements, le monde n’a jamais été autant en péril depuis la fin de la guerre froide.
La situation à Gaza est devenue un point de cristallisation. Les uns se focalisent sur le massacre perpétré par le Hamas, faisant plus de 1200 victimes, essentiellement des civils et des jeunes. Ils martèlent aussi le droit d’Israël à se défendre. Ce qui est vrai pour tous les Etats du monde.
Les autres mettent en avant les bombardements massifs et indiscriminés d’Israël sur la bande de Gaza, avec plus de 11.000 victimes déjà, surtout des civils et des enfants en grand nombre. Ils évoquent aussi la colonisation, à Jérusalem-Est et surtout en Cisjordanie, de même que le blocus privant la population gazaoui de tout.
Un dialogue de sourd qui jette aux oubliettes le principe de deux Etats établi par les Nations Unies dès 1947 et renforcé par les accords d’Oslo signé en 1993 par Yasser Arafat, pour la Palestine, et Yitzhak Rabin, pour Israël. Les extrêmes de tous bords en empêchent la réalisation jusqu’à ce jour.
La question palestinienne a toujours été très sensible. Non seulement il s’agit d’un très vieux conflit, mais il y a également une dimension religieuse qui nourrit toutes les passions. Au-delà des Palestiniens, ce conflit implique de facto toute la région du Proche et du Moyen Orient, essentiellement musulmane.
De plus, dans plusieurs capitales du monde, la sympathie de l’opinion publique pour la cause palestinienne est très prononcée, basée sur la religion ou simplement en considérant que les Palestiniens sont victimes d’une profonde injustice. D’ailleurs, par le passé, il y a déjà eu des conflagrations. Aujourd’hui, la menace d’une extension de la guerre est une réalité qu’on ne peut ignorer.
Par conséquent, au vue des multiples autres foyers de tension en cours dans le monde, le conflit entre Israël et la Palestine ne peut plus continuer d’être traité sans une sérieuse volonté politique de trouver une solution définitive. Celle qui passe, d’une part, par l’érection formelle du deuxième Etat, celui de la Palestine, et d’autre part, par la garantie de sécurité à Israël et aux Palestiniens.
Ce conflit divise trop profondément le monde. Deux blocs, pas toujours homogènes, se regardent et se défient, accentuant ainsi le péril mondial.
D’un côté, il y a les Etats qui apportent un soutien sans faille à Israël. C’est pratiquement les mêmes qui défendent de manière inconditionnelle l’Ukraine et clouent au pilori la Russie. Dans le sillage des Etats-Unis d’Amérique, on retrouve essentiellement l’Europe, l’Australie, la Corée du Sud, le Japon. Ceux-là sont relativement homogènes.
De l’autre côté, il y a ceux qui soutiennent ouvertement la Russie, peu nombreux, avec ceux qui ne veulent pas condamner la Russie sans pour autant soutenir l’Ukraine, et aussi, tous ceux qui s’opposent par principe à la toute-puissance américaine. S’y ajoute la plupart des pays musulmans. Un ensemble assez hétéroclite qui correspond relativement au Sud Global.
Le monde ne peut pas continuer à regarder de loin les victimes innocentes des bombardements de Gaza par l’armée israélienne ni celles des assauts du Hamas sur la population civile d’Israël.
La responsabilité des grandes puissances, particulièrement, les Etats-Unis, la Chine et la Russie est fortement engagée. L’Union Européenne et les pays du Proche et du Moyen Orient, ont également une responsabilité certaine à assumer pour ramener la paix dans la région. Il y va de la stabilité du monde, déjà fragilisé par d’autres conflits ouverts, comme en Ukraine et dans plusieurs pays en Afrique, et menacé par d’autres crises potentielles, comme à Taïwan.
Cette guerre entre Israël et la Palestine a atteint des niveaux d’horreur auxquels il est temps qu’on mette un terme définitif.
Nathaniel Olympio
Président du Parti des Togolais