L’édition 2023 du Dialogue Politique Annuel entre l’Union Européenne (UE) et le Togo a lieu ce lundi 9 Octobre 2023 à Lomé. Joaquín Tasso Vilallonga, Ambassadeur de l’UE auprès du Togo fait le tour de la coopération et des nouvelles perspectives qui s’ouvrent pour les deux parties dans le cadre du nouvel accord de partenariat de Cotonou. Il parle aussi des grandes lignes de cette rencontre. Interview…
Bonjour, Excellence, comment vous sentez-vous ?
Je me sens toujours très bien. Ça fait déjà plus de 3ans car je suis arrivé en septembre 2020. J’ai commencé ce qui va être malheureusement ma dernière année au Togo parce que voilà l’été prochain, je suis censée entrer dans ce qu’on appelle la rotation et partir vers une nouvelle destination. Mais on n’a pas encore perdu la motivation, l’intérêt et surtout ces sentiments de gratitude vis-à-vis du Togo qui m’a très bien accueilli et qui est resté un soutien pour le travail de l’Union européenne.
Entrons dans le vif du sujet, doit-on parler de dialogue politique ou de partenariat entre l’Union européenne et le Togo ?
C’est une question très pertinente parce qu’on est dans une phase de transition. Comme vous le savez, nos relations étaient articulées sur la base de ce qu’on appelait les «Accords de Cotonou», mais on a négocié un nouvel accord avec les pays d’ACP et l’UE qui devrait être signé prochainement. Et donc, la terminologie a changé. Dans l’Accord de Cotonou on parle d’accord politique, dans le nouvel accord de partenariat avec les pays ACP, on parle d’Accord de partenariat. C’est une terminologie mieux adaptée parce que ça reflète un peu l’envergure de ce dialogue qui couvre tous les aspects de notre relation y compris les aspects politiques bien entendu.
C’est pour ça qu’on l’appelle dialogue politique annuel ?
A partir de maintenant, on devrait donc parler de dialogue de partenariat. Techniquement, l’Accord de Cotonou est toujours valable jusqu’à la fin de ce mois-ci, donc techniquement ou légalement c’est toujours un dialogue politique. Mais étant donné que le professeur Dussey, va présider le dialogue pour la partie togolaise, c’était le négociateur en chef du nouvel accord de Cotonou, étant donné que ça reflète aussi mieux la nature de dialogue, on a préféré l’appeler déjà Accord de Partenariat depuis l’année passée.
Nous savons que presque chaque semaine, les responsables de la délégation de l’UE rencontrent les membres du Gouvernement pour évoquer divers sujets. Pourquoi une telle réunion annuelle ?
En réalité, c’est parce que le Togo a beaucoup de partenaires. C’est très bien et nous encourageons le Togo a diversifié au maximum ses partenaires. Mais le Togo entretient avec l’Union Européenne un partenariat privilégié et c’est précisément le nouvel accord qui définit la nature des partenariats qui est un partenariat politique. Et donc, le Togo et l’UE partagent ce privilège de pouvoir entretenir ce dialogue tous les ans sur des questions et qui sont de nature politique mais comme je viens de le dire aussi sur d’autres types de questions qui me semblent importants, soit la sécurité, soit l’économie, soit le commerce, soit la coopération et le développement etc…. ou la santé comme c’était le cas, à cause de la pandémie de la covid-19.
Ce Lundi, ce serait l’édition 2023 de ce que nous appelons dialogue politique annuel UE-Togo. Quelles seront les grandes lignes de cette rencontre de 2023 et quels sont les sujets au programme de discussion ?
On va d’abord parler de la situation régionale évidemment. Ces dernières années, on a connu des altérations de l’ordre constitutionnelle dans la région et donc on va parler de ces sujets-là qui inquiètent aussi bien l’UE que le Togo aussi. On va bien sûr aborder aussi comment on peut contribuer au retour de l’ordre constitutionnel et au pouvoir civil dans les meilleures conditions le plus tôt possible va profiter. On va profiter de cette occasion pour saluer les nombreuses initiatives du Togo qui a facilité le dialogue et les initiatives de médiation dans ces conflits. Ce que j’aime dire, c’est que le Togo est un exportateur de paix.
Il y a quelques jours, une revue du portefeuille UE-Togo a été faite avec le gouvernement. Que peut-on retenir exactement de ce diagnostic de la relation Togo-Union européenne ?
Il y a 2 ans on avait établi déjà un document de programmation conjointe dans lequel on a défini les priorités de la coopération européenne au Togo et quand je dis UE, je parle aussi de la France et de l’Allemagne parce que c’est un document conjoint et c’est un document vivant qu’il faut adapter au fur et à mesure que la situation change. La bonne nouvelle c’est que les priorités qu’on avait identifiées en consultation avec le gouvernement togolais restent toujours pertinentes : la création d’emplois, la transformation agricole, filières agricoles durables et la question des énergies durables par exemple. Bien entendu, la question de la protection de l’environnement et de la résilience face aux défis du changement climatique, tout ceci reste d’actualité. On va donc recommander de continuer notre appui dans ces secteurs, si possible les renforcer davantage.
On se rappelle qu’il y a 2 ans ce document conjoint de coopération a été lancé. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de sa mise en œuvre ? Est-ce qu’il y a eu satisfaction des deux parties et surtout, de la part de la délégation de l’Union européenne ?
C’est un document qu’on avait fini il y a 2 ans. Il faut un emploi du temps pour le mettre œuvre parce qu’il faut assurer toutes les procédures de conventions, de financement, d’appel d’offres, les contractualisations d’exécution etc. Pendant les dernières années on était toujours en train de mettre en œuvre la coopération précédente. Donc on a beaucoup travaillé comme vous le savez dans les domaines de l’eau et l’assainissement avec de grands chantiers pour assurer la fourniture en eau potables aux 5 chefs-lieux des régions du Togo : Dapaong, Sokodé, Kara, Atakpamé et Tsévié. La gestion des déchets qui est très importante et des autres nombreux projets dans les domaines agricoles, dans le domaine des infrastructures aussi par exemple. On a contribué largement à la construction de la route entre Lomé et la frontière du Bénin qui, on espère sera bientôt finie. C’est vraiment maintenant que commence la mise en œuvre de la programmation parce que toute ces procédures qu’il fallait accomplir existent et on a commencé à lancer de nouveaux projets et programmes au Togo.
Est-ce que vous êtes satisfait donc cette relation avec ce travail qui se fait entre l’Union européenne ?
A vrai dire, je suis exigeant et mon équipe travaille bien. Mais je pense qu’on peut toujours faire mieux. Je voudrais profiter de cette dernière année pour vraiment mettre un peu l’accélérateur, essayer de faire le maximum au bénéfice de la population togolaise qui a connu trois années assez difficiles à cause de la Covid, mais aussi des conséquences du changement climatique, de l’agression terroriste et de l’augmentation des prix. Donc on veut vraiment accélérer pour mitiger tous ces impacts. On va beaucoup travailler aussi dans les domaines de la sécurité avec une approche intégrée, c’est-à-dire d’un côté, la prévention de la violence mais aussi améliorer l’accès aux services de base des populations et pas seulement dans la région des savanes mais encore dans d’autres régions, que ce soit l’eau, l’électricité, les transports etc. L’accent sera mis sur la question de l’agriculture et la formation agricole sans oublier la question de la résilience et de la décentralisation pour être plus proche des citoyens et avoir un impact direct sur la qualité de vie des citoyens. C’est un agenda assez ambitieux mais on est fort maintenant pour obtenir des résultats.
Nous vivons dans un environnement international très instable depuis quelques temps. Que pensez-vous de la nature des rapports entre l’Union européenne et le Togo avec tout ce qui se passe aujourd’hui comme instabilité d’ordre politique ?
Le Togo reste un pays très proche de l’Union Européenne. Un pays partenaire et un pays qui est fiable. On a des bonnes relations qu’on a renforcées ces dernières années. Le Togo s’est beaucoup impliqué pour la paix et la stabilité dans les pays de la région. Le Togo a énormément fait, par exemple dans le cadre des missions de paix des Nations Unies, avec les déploiements des soldats et les policiers togolais qui parfois ont payé un prix très lourd, à qui je voudrais rendre hommage. Donc, le Togo est un grand partenaire fiable et solidaire. Mais il reste à faire, par exemple, dans la négociation pour ce qui concerne les changements climatiques, sur la politique du commerce international…
Comment les populations togolaises peuvent-elles ressentir l’impact des relations entre l’Union européenne et le Togo ?
En fait, directement : la route pour aller de Lomé à Aného, le périphérique pour aller à la frontière du Ghana, les postes juxtaposés co-financés par l’Union européenne, 18 villages électrifiés dans les savanes (ça fait une différence pour les familles à avoir accès à l’électricité), les centres de santé également, mais aussi la fourniture en eau dans les villes. Avoir de l’eau potable, ça résous beaucoup de problèmes.
Monsieur l’Ambassadeur, votre mot de conclusion
C’est ma dernière année ici. Donc je pense que, de notre côté, le Togo peut s’attendre à une année très intense en relation, une grande implication, une accélération du renforcement de la coopération et surtout une accélération de sa mise en œuvre. FIN
Savoir News