Ce mardi 15 août est férié, chômé et payé. Et pour cause: les chrétiens célèbrent la fête de l’Assomption de la Vierge-Marie. Beaucoup s’interrogent sur cette fête, son sens, sa célébration et sa pertinence. La rédaction de l’Agence Savoir News a approché le Révérend Père Charles FOMA – du clergé diocésain d’Aného (Togo) – pour avoir d’amples explications. Vicaire à la paroisse Saint Joseph Artisan de Hahotoé, il a été ordonné prêtre en 2020.
Savoir News : Bonjour Révérend Père Charles FOMA. Merci de nous avoir accordé votre disponibilité pour nous éclairer sur l’Assomption de la Vierge-Marie, célébrée en ce 15 août. Pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi consiste cette fête ?
R.P. Charles FOMA : La solennité de l’Assomption de la bienheureuse Vierge-Marie célébrée par les catholiques et les orthodoxes – qui l’appellent la Dormition – est l’élévation de la Vierge Marie, corps et âme, au ciel où dans la gloire de Dieu. Elle est instituée depuis le 8e siècle comme une fête d’obligation.
L’Assomption est à distinguer de l’Ascension dans la mesure où le terme assomption fait comprendre que Marie »est élevée », tandis que dans le cas de l’Ascension Jésus »s’élève » par sa propre force.
Les chrétiens, comme nous le savons, tirent leur doctrine des Saintes Écritures. Est-ce que cette fête a des fondements bibliques ?
À proprement parler, si vous cherchez explicitement un fondement scripturaire de la solennité de l’Assomption traitant de la fin de la vie de la Vierge-Marie, vous n’en trouverez pas. Mais fort heureusement, la foi catholique repose non seulement sur la Révélation ou la Bible, mais aussi sur la Tradition et le Magistère de l’Église.
Avec un peu de raison et de logique, on peut aisément comprendre que si la Vierge Marie est préservée du péché originel dont la mort et la corruption sont la conséquence, elle n’a pas connu alors la corruption. C’est pourquoi, s’appuyant sur la Tradition des Pères de l’Église, le pape Pie XII, le 1er novembre 1950, en lien avec l’Immaculée Conception, proclama le dogme de l’Assomption.
Il y a beaucoup de confessions chrétiennes non catholiques qui, s’appuyant aussi sur la Bible, critiquent la dévotion à la Vierge-Marie. Elles y voient de l’idolâtrie. Qu’en dites-vous ?
Parler de l’idolâtrie quand on est dans la sphère du culte rendu à la Vierge-Marie est non seulement un affront, mais aussi un blasphème, dans la mesure où cette pensée en elle-même rabaisse la Vierge Marie au rang d’idole. Marie est »Théotokos », Mère de Dieu.
Sans être dans une dynamique apologétique, disons que c’est malheureusement une ignorance et une ingratitude spirituelle que de dire que les catholiques adorent une idole qui se trouve être la Vierge-Marie. Les catholiques vénèrent, aiment et honorent la Vierge-Marie comme leur Mère conformément aux propos de Jésus sur la Croix « Femme, voici ton fils », « Voici ta mère » (Jn 19, 26-27).
D’ailleurs, de plus en plus de chrétiens non catholiques ayant une base théologique et culturelle ont une dévotion, quoiqu’en cachette, à la Vierge Marie (récitation du chapelet et autres), ce qui fait que cette question tend peu à peu à ne plus être d’actualité.
A l’occasion de la fête de l’Assomption, nous constatons qu’à part la célébration de la messe, certaines paroisses effectuent des processions à travers les rues avec la statue de la Vierge-Marie. Quel sens donnez-vous à cela ?
La procession du 15 août est une marche religieuse à travers les artères de nos villes et villages. Historiquement parlant, elle a pris de l’ampleur avec le vœu de Louis XIII.
Plus qu’une simple marche, c’est une marche religieuse faite de prières et de chants de louange en l’honneur de la Vierge-Marie. C’est pour les catholiques l’expression de leur joie et de leur amour filial.
C’est un réel moyen d’évangélisation qui permet à l’église locale d’être »en sortie hors des sentiers battus », d’exprimer publiquement sa foi et de consacrer nos maisons, nos familles, nos localités et nos pays à Marie, mère et protectrice. Cette procession, comme d’autres processions religieuses, nous rappelle aussi le sens de notre vie chrétienne comme un pèlerinage vers la béatitude céleste.
Avez-vous un mot de la fin à nos lecteurs et particulièrement à ceux d’entre eux qui sont chrétiens catholiques ?
C’est de souhaiter à tous mes frères et sœurs une bonne fête de l’Assomption. Marie est l’image par excellence de l’Église. Ce que Dieu attend de nous, c’est ce que Marie a réalisé, c’est pourquoi elle occupe une place éminente dans l’Église et dans nos cœurs. Son Assomption nous ouvre à l’espérance d’entrer nous aussi, un jour, dans la félicité céleste. Que rien ne vous trouble, restez confiants, vous avez choisi la meilleure part. (Cf. Luc 10, 42). FIN
Propos recueillis par Jean-Baptiste TAKOUMA