« Ensemble, nous ferons de l’Afrique le centre de l’infrastructure verte dans le monde. Le continent dispose d’un énorme potentiel en matière d’énergies renouvelables », a déclaré Dr Akinwumi Adesina (Président du Groupe de la Banque africaine de développement), à l’ouverture du premier Forum Infra pour l’Afrique et l’Assemblée générale annuelle des actionnaires d’Africa 50 ce lundi à Lomé.
« Nous pouvons faire beaucoup plus pour combler le déficit d’infrastructures en Afrique. La plupart des infrastructures n’ayant pas encore été construites sur le continent, nous avons une excellente opportunité de construire des infrastructures vertes et de verdir les infrastructures existantes », a-t-il expliqué à la tribune.
Placé sous le thème « Bancable, évolutif, reproductible », ce forum vise à réfléchir sur des solutions pouvant contribuer au développement d’infrastructures sur le continent.
L’Afrique aura besoin de 277 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour atteindre ses objectifs en matière de financement de la lutte contre le changement climatique et stimuler la croissance verte, conformément aux contributions déterminées au niveau national, indique l’Organisation internationale de politique climatique.
– Utiliser des DTS pour débloquer des financements –
Pour Dr Adesina, il faudra beaucoup plus de ressources pour soutenir le développement accéléré de l’Afrique, la croissance verte et l’intégration régionale, en particulier en matière d’infrastructures.
Pour ce faire, le président de la BAD propose d’utiliser les Droits de tirage spéciaux (DTS) pour débloquer des financements au niveau mondial.
Précisons les DTS ont été créés depuis 1969 par le FMI pour fournir aux pays, des ressources lors des manques de liquidités. Il s’agit donc d’un actif de réserve international portant intérêt, qui complète les autres actifs de réserve des pays membres du FMI. Ils sont basés sur un panier de devises internationales.
Et le Président de la BAD juge nécessaire, de réacheminer ces DTS vers la BAD, afin de mobiliser beaucoup plus de financement pour soutenir toutes les banques régionales de développement en Afrique, ainsi qu’Africa50. En effet, a-t-il poursuivi, la BAD est capable de multiplier par 3 ou 4, l’effet de levier des droits de tirage spéciaux.
Par exemple, « une réaffectation de 250 milliards de dollars américains de DTS vers les banques multilatérales de développement permettrait de dégager jusqu’à 1000 milliards d’USD de nouveaux financements pour le développement à l’échelle mondiale », a expliqué Dr Adesina.
– Résorber le déficit de financement d’infrastructures –
« Cette mesure permettra de débloquer des ressources pour financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, les infrastructures agricoles, les transports, le numérique, les aéroports, l’eau et l’assainissement, l’éducation, ainsi que la santé », a-t-il dit, soulignant que les nouvelles ressources permettront de soutenir le Togo et d’autres pays africains.
« Notre objectif principal est de contribuer à combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique, qui est de l’ordre de 68 à 108 milliards de dollars par an. Ensemble, nous ferons de l’Afrique le centre de l’infrastructure verte dans le monde », a dit le Président du Conseil d’administration d’Africa50.
Notons quele Togo investit également beaucoup dans les infrastructures, un pays qui se transforme vite et ambitionne aujourd’hui être un hub logistique. la BAD est le plus grand partenaire de développement du pays, très impliquée dans l’appui au secteur agricole.
« Nous avons investi plus de 32 millions d’USD pour promouvoir une croissance inclusive de ce secteur avec la participation du secteur privé, et renforcer la souveraineté alimentaire en réduisant l’importation d’aliments essentiels tels que le riz, le maïs et le soja », a relevé Dr Adesina.
Il a cité pêle-mêle, les investissements de la banque ainsi que les domaines impactés : 60 millions d’euros pour la construction et l’exploitation d’un terminal à conteneurs pour le Togo, allocation de 24 millions de dollars à des PME à fort potentiel de croissance créées par des jeunes, une assistance technique de 5 millions de dollars pour faciliter le développement de 20 000 logements abordables, etc.
Des projets à développer pour 400 millions de dollars
Africa50 fait un travail remarquable en tant qu’institution, en développant des projets jusqu’à leur bancabilité et en les finançant. Notons qu’au cours de ses six dernières années d’activité, Africa50 a obtenu le soutien de toute l’Afrique et compte aujourd’hui 31 pays africains parmi ses actionnaires et 3 investisseurs institutionnels africains. Avec un capital total souscrit d’un peu moins d’un milliard de dollars, Africa50 a investi dans des infrastructures essentielles d’une valeur totale de plus de 6,6 milliards de dollars.
Avec la Banque africaine de développement et l’Union africaine, Africa50 a conjointement initié l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique (AGIA). Cette initiative se donne de mobiliser 100 millions de dollars pour la préparation de projets, 400 millions de dollars pour le développement de projets et 10 milliards de dollars pour le financement de projets d’infrastructures vertes.
Cette initiative couvrira notamment l’hydrogène vert, les systèmes de transport urbain verts, les véhicules électriques et les infrastructures de recharge des batteries, les énergies renouvelables, l’eau et l’assainissement.
« Africa50, la BAD et nos partenaires feront de ce projet une réalité. L’avenir de l’Afrique est vert, alors verdissons toutes les infrastructures africaines », a exhorté Dr Adesina. FIN
Ambroisine MEMEDE