Rodolphe Teko : « Nous avons d’énormes difficultés liées à l’approvisionnement en matière première »

Le Togo s’est lancé depuis trois ans, dans une vaste campagne annuelle de reboisement. Un inventaire forestier réalisé en 2016 a révélé que le pays perd chaque année environ 5.000 hectares d’arbres contre un reboisement de 3000 hectares. La déforestation s’est accélérée ces dernières années, principalement parce que le bois de chauffage est la première source d’énergie pour cuisiner dans près de 90 % des ménages. Outre la campagne de reboisement, l’État encourage l’utilisation des foyers améliorés, qui consomment moins de charbon. L’Agence Savoir News a rencontré Rodolphe Teko, responsable de Tcha-Tcha Business, spécialisée dans la fabrication des Foyers améliorés.

Savoir News : Bonjour Rodolphe Teko. Vous êtes le premier responsable de Tcha-Tcha Business. Quelle activité menez-vous ?

Rodolphe Teko : Tcha-Tcha Business est une entreprise de production et de vente de foyers améliorés. En tant que premier responsable, je coordonne l’ensemble des activités au sein de ladite société.

Comment êtes-vous arrivé dans la fabrication des foyers améliorés ? (la petite histoire)

Je suis arrivé à la fabrication des foyers améliorés par le biais du directeur d’une ONG qui a vu mes compétences en marketing communication. Ce dernier a estimé que je pouvais aller loin en faisant la formation de fabrication des foyers améliorés. J’ai accepté sa proposition et j’ai suivi ladite formation. Et me voilà aujourd’hui dans cette activité.

Ces foyers améliorés sont fortement vulgarisés ces dernières années par le gouvernement, en raison du fort taux de déforestation lié à l’abattage anarchique des arbres pour le charbon et le bois de chauffe. En quoi l’utilisation de ces foyers améliorés peuvent-ils réduire le taux de déforestation ?

Ces foyers participent à la déforestation, en réduisant la consommation du charbon de bois. Prenons par exemple, un sac de charbon qui coûte 8.000 F.CFA, il est obtenu pratiquement avec un arbre entier.

Si la réduction est de deux à trois sacs, cela veut dire qu’au lieu d’utiliser un sac de charbon en un mois, ce foyer l’utilise en trois mois, ce qui retarde l’abattage anarchique des arbres. L’Université de Lomé a effectué des textes sur ces foyers améliorés et les résultats sont concrets par rapport à l’économie de charbon.

En moyenne, combien de foyers améliorés fabriquez-vous en un mois ? Et quelles sont les variétés et les différents prix ?

En moyenne, nous produisons 2.000 unités de foyers améliorés chaque mois. Nous produisons beaucoup plus la taille moyenne. Et le prix varie entre 4.500 et 5.000 F.CFA.

Qui sont vos clients potentiels ? (L’État, les Ongs, les grandes sociétés)

J’ai beaucoup de clients. Et actuellement, nous travaillons également avec deux clients, sur des projets de vulgarisation : Sequoia Plantation-Togo et Agaib-Centrale. D’autres partenaires se manifestent encore. Nous faisons actuellement la vulgarisation des foyers améliorés dans les quartiers. Ils sont vendus à 3.000 F.CFA (prix subventionné), grâce au partenariat avec Agaib-Centrale.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

Nous avons d’énormes difficultés liées à l’approvisionnement en matière première notamment, les tôles que nous recyclons pour pouvoir fabriquer ces foyers. Des fois, nous ne trouvons pas assez de tôles, ce qui agit sur notre production. Le délai de livraison n’est pas aussi respecté.

Une autre difficulté : la production de la céramique. Pour l’instant, je n’ai pas assez de moyens financiers pour me lancer dans la production.

Votre activité participe à la protection de l’environnement. Quel appel avez-vous à l’endroit du gouvernement et des organisations internationales ?

Notre activité participe fortement à la protection de l’environnement. Je demande humblement au gouvernement de nous accompagner, en nous octroyant des financements pouvant nous permettre de développer nos entreprises. Car jusqu’à présent, nous ne disposons pas de moyens techniques adéquats pour la fabrication de ces foyers améliorés, nous nous débrouillons.

Notre travail n’est pas assez reconnu au Togo et nous souffrons beaucoup. Je lance un appel aux organisations internationales, afin de nous aider avec de grands projets pour qu’on puisse émerger. FIN

Propos recueillis par Junior AUREL