Une table ronde de haut niveau sur les engrais et la santé des sols en Afrique de l’Ouest et au Sahel s’est ouverte ce mardi à Lomé, lors d’une rencontre présidée par le ministre togolais de l’agriculture Antoine Lékpa Gbegbeni.
Prennent part à cette rencontre de deux jours : des décideurs et ministres de l’agriculture et des finances des pays de la Cedeao et du Sahel, des industriels du secteur des engrais, ainsi que des institutions régionales et internationales.
Les assises de Lomé, permettront aux participants de discuter et de convenir des engagements et mesures à prendre pour mettre en place un système durable et compétitif de production et d’approvisionnement des producteurs de la sous-région en engrais de bonne qualité, à des prix compétitifs et en temps opportun.
Cette table ronde offrira également un cadre d’échange de haut niveau autour de la problématique des engrais et de la santé des sols en Afrique de l’ouest, les leçons apprises et les meilleures pratiques à travers la région.
Elle permettra de déterminer une feuille de route commune en faveur des réformes et des investissements nécessaires pour rendre les engrais plus accessibles et abordables à travers la sous-région.
« L’utilisation optimale et suffisante des engrais est donc essentielle pour développer notre secteur agricole, mais nous en sommes actuellement bien loin, malheureusement. L’utilisation des engrais est encore à des niveaux bas, très éloignés des objectifs adoptés de 50 kgs de nutriments par hectare », a souligné le ministre togolais de l’agriculture.
« Cette situation s’est davantage aggravée ces dernières années avec le bouleversement des circuits d’approvisionnement et la flambée vertigineuse du prix des engrais sur le marché international et constitue aujourd’hui un obstacle majeur à l’accroissement de la production agricole en Afrique de l’Ouest et au Sahel », a précisé Antoine Gbegbeni.
Pour promouvoir et garantir durablement la sécurité alimentaire sur le continent, a-t-il poursuivi, « le développement de l’agriculture doit constituer un levier stratégique axé sur l’amélioration de la productivité agricole et étroitement lié à la santé des sols ainsi qu’à l’apport suffisant d’engrais minéraux et organiques ».
« En dépit des efforts faits ces dernières années par chacun de nos pays, pour trouver des éléments de réponse à cette double question de fertilité des sols et de consommation d’engrais, de nombreux défis restent encore à relever dans le domaine. C’est dans cette dynamique que notre pays, le Togo, met un accent particulier sur l’amélioration de la productivité et des rendements agricoles dans la Feuille de route gouvernementale Togo 2025 », a ajouté le ministre.
Pour Mme Boutheina Guermazi (Directrice de l’intégration régionale pour l’Afrique et le Moyen-Orient/Banque mondiale), en Afrique de l’Ouest et au Sahel, la crise est encore plus préoccupante, car la dégradation des sols est plus aiguë et les niveaux de fertilité sont très faibles. Cette situation touche durement la production agricole et la subsistance des populations locales.
« L’Afrique de l’Ouest traverse la pire crise alimentaire qu’elle ait connu depuis dix ans, avec 28,9 millions de personnes dépendant actuellement de l’aide alimentaire d’urgence. Si des mesures appropriées ne sont pas rapidement prises dans la région, ce sont 41,9 millions de personnes qui pourraient se retrouver en situation d’insécurité alimentaire entre juin et août 2023 », a-t-elle averti.
« Il urge donc d’agir vite pour résoudre la crise des engrais en Afrique de l’Ouest et au Sahel pour apporter des solutions aux agriculteurs locaux qui ont un besoin urgent d’avoir accès à des engrais de qualité et à des prix abordables. Et il importe que ces solutions soient des solutions régionales, impliquant une utilisation rationnelle des ressources naturelles disponibles dans la région et leur exploitation raisonnée pour produire des engrais locaux à des coûts raisonnables », a martelé Mme Boutheina.
« Nous devons renforcer la chaîne d’approvisionnement pour fournir les engrais jusqu’au dernier kilomètre dans les zones les plus reculées, améliorer les infrastructures de stockage, de transport et de distribution pour assurer une distribution équitable et réduire les coûts. Il est aussi important de (i) sensibiliser les agriculteurs à l’importance d’une utilisation appropriée des engrais pour assurer la santé des sols, (ii) renforcer les capacités des agriculteurs à innover, et (iii) renforcer la recherche pour aboutir à des solutions durables et adaptées à notre région », a-t-elle indiqué.
Sont prévues au cours de cette table ronde, des sessions techniques notamment sur les politiques sectorielles et cadre réglementaire requis pour promouvoir les investissements privés dans la filière des engrais et développer les marchés et la production locale des engrais, les infrastructures de distribution, et le commerce intrarégional des engrais ; (iii) l’utilisation des engrais et la gestion des sols.
Il est également prévu un dialogue avec les ministres et les partenaires sur le financement de la feuille de route sur les engrais et la santé des sols, et une session avec les dirigeants et des responsables de l’industrie africaine des engrais. FIN
Junior AUREL