Journée mondiale sans tabac : « Cultivons des aliments, pas du tabac », Dre Moeti

Dre Moeti, directrice régionale de l'OMS
Dr Matshidiso Moeti

« La culture et la production de tabac menacent la nutrition et la sécurité alimentaire. Elle détruit les écosystèmes, appauvrit les sols, souille les eaux et pollue l’environnement », a déclaré Dre Matshidiso Moeti (Directrice régionale de l’OMS) à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac.

« Nous sommes tous invités à veiller à ce que les politiques alimentaires et agricoles existantes soient axées sur la production d’aliments nutritifs adéquats et sur la promotion de régimes alimentaires sains tout en réduisant la production de tabac », a-t-elle souligné.

La Journée mondiale sans tabac est commémorée le 31 mai de chaque année, occasion de mettre en lumière les dangers associés à la consommation de tabac, ainsi qu’à l’exposition à sa fumée. Cette année, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a choisi pour thème « Cultivons des aliments, pas du tabac », une invite à la reconversion des producteurs de tabac.

Selon Dre Matshidiso Moeti, il s’agit de sensibiliser les cultivateurs de tabac aux diverses possibilités de production et de commercialisation de cultures alternatives et à les encourager à se lancer dans des cultures durables et nutritives.

– Une commercialisation agressive

Selon l’OMS, de 2000 à 2018, le nombre de consommateurs de tabac dans la Région africaine de l’OMS est passé d’environ 64 millions d’utilisateurs adultes à 73 millions d’utilisateurs adultes. Entre 2012 et 2018, la production de feuilles de tabac a augmenté de 10,6 % en Afrique. Par ailleurs, au moins 57,9 % de la population africaine souffre d’une insécurité alimentaire modérée à grave, ce qui compromet la réalisation de l’objectif 2 de développement durable dans la Région.

Pour Dr Moeti, la culture croissante du tabac dans la Région constitue un défi majeur en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle et les éventuels profits tirés du commerce du tabac ne sauraient compenser les dommages causés à la production alimentaire durable dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. 

« Ces dernières années, la culture du tabac a progressé en Afrique en raison de l’existence d’un cadre réglementaire plus favorable aux activités de l’industrie du tabac et de l’augmentation de la demande de tabac. Cette augmentation est due en partie à une production plus importante de produits du tabac et à une commercialisation agressive de la part de l’industrie du tabac », a déploré Dre Moeti.

Encourager une transition vers des cultures alternatives –

Elle encourage les gouvernements à soutenir les cultivateurs de tabac dans la transition vers des cultures alternatives, ce qui permettra de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, d’augmenter les revenus des agriculteurs, d’assainir les activités agricoles et de préserver l’environnement.

« Pour cela, il convient de supprimer les subventions accordées à la culture du tabac et de consacrer les fonds alors épargnés à des programmes de substitution de cultures visant à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition. La substitution de la culture du tabac par celle de cultures vivrières nutritives donne la possibilité de nourrir des millions de familles et d’améliorer les moyens de subsistance des communautés agricoles en Afrique ».

Pour y arriver, les pays producteurs de tabac de la Région africaine devront accélérer la mise en œuvre des articles 17 et 18 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac : il s’agit non seulement d’adopter une réglementation, élaborer et mettre en œuvre des politiques et des stratégies appropriées, mais aussi de créer des conditions favorables à la reconversion des producteurs de tabac vers des cultures de subsistance.

« Cette transition leur garantirait, à eux-mêmes ainsi qu’à leurs familles, une vie plus saine, sans pour autant nuire à l’environnement et à la santé des populations. La démarche permettra de cultiver les denrées alimentaires, indispensables aux populations, plutôt que du tabac », a déclaré Dre Moeti. FIN

Amrbroisine MEMEDE