Santé : « 4,3 millions de filles risquent de subir des mutilations génitales en 2023 » (UNICEF et UNFPA)

« Cette année, selon les dernières estimations de l’UNFPA, 4,3 millions de filles risquent de subir des mutilations génitales. Ce chiffre devrait atteindre 4,6 millions d’ici à 2030 », alertent l’UNFPA et l’UNICEF, à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, célébrée le 6 février de chaque année.

Cette journée a été décrétée par l’Assemblée générale des Nations unies, afin d’intensifier l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines (MGF). Le thème de cette année est « Partenariats avec les hommes et les garçons pour transformer les normes sociales et de genre afin de mettre un terme aux mutilations génitales féminines ». L’objectif mondial est d’en venir à bout d’ici à 2030.

Dans une déclaration conjointe (alors qu’il ne reste que huit ans pour l’atteinte de cet objectif), les deux institutions onusiennes soulignent que « seule une action collective, correctement financée, et rassemblant une diversité de parties prenantes, sera en mesure de mettre fin à cette pratique néfaste ».

« Les conflits, les changements climatiques et l’augmentation de la pauvreté et des inégalités continuent de miner les efforts déployés pour transformer les normes sociales et de genre à l’origine de cette pratique néfaste, ainsi que de perturber les programmes visant à protéger les filles », ont conjointement déclaré Natalia Kanem (Directrice exécutive de l’UNFPA), et Catherine Russell (Directrice générale de l’UNICEF), soulignant que le changement reste possible.

Il faut associer les hommes et les garçons à la lutte

« Cette journée nous rappelle l’urgente nécessité de mettre en œuvre des efforts plus ciblés et plus concertés pour que notre objectif commun visant à éliminer les MGF devienne réalité. Nous devons travailler ensemble, avec toutes les parties concernées, notamment les hommes et les garçons, pour protéger les millions de filles et de femmes à risque, et reléguer cette pratique aux archives de l’histoire », indique la déclaration.

Selon les deux institutions, il est essentiel de faire évoluer les normes sociales et de genre qui encouragent les MGF. Or, les hommes et les garçons sont de puissants alliés dans cet effort. Ils remettent de plus en plus en question les dynamiques de pouvoirs au sein de leurs familles et de leurs communautés, et soutiennent les femmes et les filles en tant qu’agentes du changement, indique le document rendu public.

Un appel à agir

Les deux institutions onusiennes appellent la communauté internationale à Créer des partenariats avec les hommes et les garçons et à les mobiliser pour changer les rapports de pouvoirs inégaux et remettre en question les attitudes et les comportements induits par l’inégalité des genres et menant aux MGF.

Aussi appellent-elles les communautés à intégrer des approches qui transforment la conception des genres et l’évolution des normes sociales au sein des programmes de lutte contre les MGF, et investir dans l’élaboration de lois et de politiques nationales qui protègent les droits des femmes et des filles, notamment dans des plans d’actions nationaux pour l’élimination des MGF.

« Les MGF violent les droits des femmes et des filles et limitent leurs futures possibilités en matière de santé, d’éducation et de revenu. Ancrées dans l’inégalité des genres et les déséquilibres de pouvoirs, elles constituent un acte de violence fondée sur le genre portant atteinte au corps des filles, réduisant leurs perspectives d’avenir et mettant leur vie en danger », soulignent-elles.

Au cours des cinq dernières années, le Programme mondial conjoint UNFPA-UNICEF de lutte contre les MGF a soutenu plus de 3 000 initiatives au sein desquelles les hommes et les garçons ont activement milité pour l’élimination de cette pratique. Une récente étude menée par l’UNICEF indique que 87% d’hommes sont opposés aux MGF en Ethiopie, un pays présentant l’un des plus forts taux de MGF au monde. FIN

Ambroisine MEMEDE