New York, USA, le 27 janvier, 2022/African Media Agency(AMA)/Lors d’un débat, jeudi, au Conseil de sécurité sur la consolidation et le maintien de la paix, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a rappelé le lien étroit entre l’instabilité, les conflits et le retard en matière de développement durable dans de nombreux pays. Elle a appelé à des politiques nationales inclusives qui répondent aux griefs des populations et aident à stabiliser les sociétés fragiles.
« La paix est la mission fondamentale de l’ONU. C’est notre raison d’être », a déclaré la numéro deux de l’ONU devant les quinze membres du Conseil. « Or, cette mission est aujourd’hui gravement menacée ».
Selon Amina Mohammed, le monde est confronté au plus grand nombre de conflits violents depuis la Seconde Guerre mondiale. « Deux milliards de personnes, soit un quart de l’humanité, vivent dans des endroits touchés par des conflits », a-t-elle ajouté, évoquant l’impact des violences sur la pauvreté, l’insécurité alimentaire et l’accès réduit à l’éducation et aux soins de santé.
La Vice-Secrétaire générale a souligné qu’avant même la pandémie de Covid-19, les pays affectés par les conflits accusaient un retard dans la réalisation des Objectifs de développement durable, et qu’à l’horizon 2030, 80% des victimes de l’extrême pauvreté pourraient vivre dans des pays fragiles ou en proie à des conflits.
Investir dans le développement, c’est investir dans la paix
« En d’autres termes, les conflits et la pauvreté sont étroitement imbriqués », a-t-elle dit. « Et la pandémie n’a fait qu’aggraver une situation difficile, comme ensuite la guerre en Ukraine, avec ses conséquences dévastatrices pour la vie de millions d’Ukrainiens ainsi que pour les pays les plus vulnérables, aujourd’hui confrontés à une crise alimentaire, énergétique et financière mondiale ».
« Il n’y a qu’une seule voie vers une paix durable, vers une paix qui résiste aux crises de notre temps : c’est la voie du développement durable », a-t-elle déclaré, car il s’agit là du seul outil fiable capable de briser les cycles d’instabilité pour s’attaquer aux causes mêmes de la fragilité des pays et des besoins humanitaires.
Néanmoins, ces investissements dans le développement,, « qui sont aussi des investissements dans la paix », se sont révélés insuffisants ces dernières années, a-t-elle regretté, notant que depuis le début de la pandémie, plus de 200 millions d’individus ont sombré dans la pauvreté, et qu’un total de 820 millions de personnes souffrent de la faim.
Dénonçant le sort des femmes et des filles privées de droits ou exclues de la vie publique, un système financier mondial qui trahit les pays en développement et des économies qui profitent avant tout « à une petite élite », Amina Mohammed a noté que « ces défis au développement menacent aussi la coexistence pacifique, alimentent les griefs, corrodent les institutions, permettent à l’hostilité et à l’intolérance de prospérer ».
De même, à ses yeux, la triple crise planétaire de la perte de biodiversité, du changement climatique et de la pollution menace, par-delà l’environnement, « de libérer les forces destructrices qui divisent les sociétés, érodent la cohésion sociale et attisent l’instabilité ».
Favoriser une approche commune et inclusive pour la prévention des conflits
Pour répondre à ces défis, la Vice-Secrétaire générale perçoit des signes dans les prochaines discussions en 2023 sur le rapport du Secrétaire général sur « Notre programme commun » et les préparations du Sommet sur les Objectifs de développement durable.
Elle a assuré que la prévention et la consolidation de la paix seront au cœur du Nouvel Agenda pour la paix – grâce à une compréhension globale de la prévention des conflits, « reliant la paix, le développement durable, l’action climatique et la sécurité alimentaire ».
« Aucun pays ne vit dans le vide. Tous les gouvernements doivent être prêts à prendre des mesures prenant en compte les griefs et destinées à prévenir la violence », a-t-elle rappelé, soulignant l’importance de placer l’inclusion au cœur de l’Agenda pour la paix. « Une inclusion qui implique la participation significative de toutes les parties prenantes et communautés, en particulier celles traditionnellement sous-représentées, aux processus de paix et de sécurité, mais aussi à la vie sociale, économique et politique d’un pays ».
Amina Mohammed a souligné que l’inclusion n’est pas seulement juste : « Elle est aussi sage ». L’inclusion conduit à un plus grand soutien du public et à une plus grande légitimité, renforce la résilience de la société et s’attaque aux inégalités structurelles, qui sont des facteurs de risque majeurs de conflits violents.
Une société fondée sur l’exclusion ne peut être florissante
Citant l’exemple de l’Afghanistan, où elle s’est récemment rendue, elle a rappelé son message aux autorités de facto notant qu’une « société fondée sur l’exclusion et la répression ne pourra jamais devenir florissante. Une société qui piétine les droits des femmes et des filles n’est pas une société ».
Elle a aussi décrié le recul mondial des droits des femmes et la baisse de leur participation dans la sphère publique depuis plusieurs années. Elle a réclamé une meilleure prise en compte des jeunes tant dans les politiques des Etats que dans les missions de maintien de la paix, en raison de leur rôle clé dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité à l’échelle mondiale.
Nécessité d’investissements adéquats pour des sociétés résilientes
Amina Mohammed a de plus souligné l’importance d’investissements adéquats dans le domaine de la consolidation de la paix, une priorité marquée par l’adoption unanime par l’Assemblée générale, en septembre 2022, d’une résolution qui, outre la prévention des conflits par des investissements politiques, opérationnels et financiers nationaux, encourage le soutien à des initiatives au niveau local, « essentielles, selon la Vice-Secrétaire générale, pour bâtir la résilience des sociétés ».
Elle a aussi appelé les Etats membres à maintenir leurs contributions au Fonds de consolidation de la paix, principal instrument d’investissement de l’ONU dans ce domaine. « Nous ne pouvons pas laisser les crises – et elles sont nombreuses – détourner les financements de ces efforts essentiels », a-t-elle rappelé.
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Source : African Media Agency (AMA)