Des champs de coton subissent la loi des Jassides (des ravageurs piqueur-suceurs du cotonnier) dans les huit pays du Programme Régional de Production Intégrée du Coton en Afrique (PR-PICA) : Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Bénin, Cameroun, Tchad et le Togo.
Le jasside est un piqueur suceur de la sève et qui injecte des toxines qui causent un jaunissement sur les bordures des feuilles après un rougissement total des plants et les plants dépérissent.
Ces ravageurs ont occasionné des dégâts sévères au Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal et Togo et faibles à moyennes au Bénin, Cameroun et Tchad.
C’est un phénomène régional, qui impacte fortement le développement de la production du coton en Afrique de l’ouest.
Tous les acteurs de la filière coton ont désormais confié leur sort aux chercheurs entomologistes des institutions de ces pays.
Ainsi, la situation des infestations de jassides dans chacun des pays membres du PR-PICA, les résultats des tests d’efficacité de produits réalisés en urgence et les propositions de nouveaux programmes de protection ont été présentés aux directeurs généraux des sociétés cotonnières, des présidents des interprofessions et des organisations de producteurs, lors d’une rencontre tenue du 14 au 17 novembre dernier à Lomé.
Au Togo, les régions qui ont été attaquées en premier sont les régions des Savanes et de la Kara.
Ces attaques de Jassides « constituent une réelle menace pour nos pays déjà fragilisés par d’autres contingences exogènes et endogènes qui handicapent nos filières respectives », a souligné Martin Drevon (Directeur général de la Nouvelle Société Cotonnière du Togo/NSCT).
« Les attaques sont principalement axées sur les cotonniers tardifs qui étaient en cours de développement. Les cotonniers semi-précoces avaient déjà leurs capsules développées et l’impact était moins important. Dans d’autres pays, les pertes sont estimées entre 30 et 35% », a-t-il précisé.
« C’est un coup dur pour nous les producteurs. Nous voulons qu’à la fin de cette rencontre, des recommandations puissent nous amener à trouver de bonnes solutions », a laissé entendre Séré Kanta (producteur de coton et secrétaire général de la fédération nationale des producteurs du coton au Togo).
Batterie de recommandations
Lors de la rencontre de Lomé, plusieurs recommandations ont été formulées à l’endroit de chaque acteur pour une gestion efficace des jassides.
Pour les autorités de chaque pays, il est suggéré entre autres de prendre en considération l’invasion des jassides comme une menace à la sécurité alimentaire et intégrer les autres filières (maraîchères, céréalières, fruitières, protéo-oléagineuses, etc.) dans la stratégie de gestion, accorder une dérogation spéciale pour l’acquisition des nouveaux produits insecticides efficaces et non encore homologués, faciliter l’acquisition des intrants aux producteurs et soutenir la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre les nouvelles espèces des jassides.
Pour les filières cotonnières nationales, il faut entreprendre des actions auprès des autorités de chaque pays en vue de l’obtention de dérogation pour l’utilisation des nouveaux produits insecticides non encore homologués, mettre à la disposition des producteurs les nouveaux produits insecticides efficaces contre les jassides ; renforcer le suivi de proximité des agents d’appui-conseil pour l’application des recommandations auprès des producteurs.
Pour les producteurs, il est demandé d’utiliser les nouveaux produits insecticides efficaces contre les jassides, éviter de cultiver les plantes hôtes (gombo, aubergines, piments, tomate, arachide, haricots, sorgho, patates, oseille, roselle, kénaf, etc.) à proximité des parcelles de cotonnier ; réaliser les traitements insecticides de façon groupée pour les parcelles d’un même bloc ; suivre régulièrement la présence des jassides dans les champs et signaler les cas de fortes infestations aux agents d’appui conseil.
Notons qu’au Togo, le secteur cotonnier a perdu son dynamisme depuis quelques années. Pour la campagne cotonnière 2022-2023, il est prévu une production totale de 146.826 tonnes de coton graine sur toute l’étendue du territoire (pour 180.000 hectares emblavés). Plusieurs mesures avaient été annoncées pour la réussite de la campagne : le maintien du prix des intrants agricoles, la livraison à crédit de l’engrais vivrier pour les producteurs, la mise à disposition des zones d’aménagement agricoles planifiées (ZAAP) et le labour mécanisé pour les producteurs qui pourront emblaver jusqu’à 5 hectares. Et enfin le prix du coton passe cette année à 300 F.CFA le kilogramme. FIN
Junior AUREL