Le Togo, à l’instar des autres pays de la sous-région, fait face à des attaques terroristes. Au total cinq attaques terroristes dont deux meurtrières ont été enregistrées depuis novembre 2021 dans la région des Savanes (extrême-nord).
Cette situation a poussé le gouvernement à décréter depuis le 13 juin dernier, l’état d’urgence sécuritaire pour trois mois dans cette région. Il a été prorogé de six mois, le gouvernement ayant obtenu l’aval de l’Assemblée nationale mardi dernier.
« L’état d’urgence décrété permet de créer un environnement et les conditions propices aux mesures administratives et opérationnelles, rigoureuses et nécessaires à la bonne conduite des opérations militaires. au maintien de l’ordre et à un retour à la paix et à la sécurité dans cette région. Il permet également de renforcer la célérité de la prise des décisions et de faciliter le déploiement des capacités opérationnelles et une meilleure agilité des forces de défense et de sécurité », a souligné mardi dernier le général Damehame Yark (ministre de la sécurité) devant les députés réunis en session à Kara (nord).
« L’exigence d’efficacité des mesures administratives et opérationnelles justifie la déclaration de l’état d’urgence qui a permis de renforcer le dispositif opérationnel de défense de l’intégrité territoriale et de sécurisation de la partie septentrionale du Togo. J’insiste sur le fait que les pouvoirs confiés aux représentants de l’État dans ce cadre-là sont des pouvoirs exceptionnels », a-t-il précisé.
« Comme bilan, ces trois mois nous ont permis d’intensifier les échanges avec les populations, d’accélérer la mise en œuvre du programme d’urgence de renforcement de la résilience dans la région des savanes. Ces trois mois nous ont également permis de renforcer la vigilance et la mobilisation des populations qui ont poursuivi leurs activités tout en respectant les règles de prudence édictées par le gouvernement. D’autres actions notamment de contrôle de sécurité ont également pu être menées sur le territoire concerné », a salué le ministre de la sécurité.
« Du 24 au 31 août 2022, le gouvernement a organisé une vaste campagne de sensibilisation au profit d’environ deux mille conducteurs de taxi-motos, en présence des chefs cantons et des commandant d’unités des forces de sécurité dans toutes les communes des régions des Savanes, de la Kara et Centrale pour impliquer cette frange de la population à la coproduction de la sécurité aux côtés de nos forces de défense et de sécurité. C’est le lieu de saluer l’esprit de patriotisme des populations qui se sont toujours montrées disponibles pour coopérer avec les forces de défense et de sécurité et de les inviter à rester davantage mobilisées pour faire face à la menace sécuritaire », a-t-il poursuivi.
Outre le volet sécuritaire dans cette région, le gouvernement a également songé au un volet civil qui met notamment l’extension de l’accès aux services sociaux de base.
Il s’agit du programme d’urgence de renforcement de la résilience dans la région des Savanes estimé à près de 259 milliards de F.CFA.
Trois composantes
Selon le ministre de la sécurité, ce programme comporte trois composantes. La première qui se focalise sur l’amélioration de l’accès des populations aux services sociaux de base compte pour près de 78% du coût total.
« Cette composante est axée sur les services sociaux de base comme l’eau, le désenclavement et les pistes rurales, l’énergie, l’éducation, la santé … », a-t-il indiqué.
« La composante 2 est relative au renforcement des capacités des communautés à générer de la richesse. Le coût de cette composante est évalué à près de 12% du coût total du programme. Des actions sont menées afin d’accompagner les populations pour qu’elles soient plus autonomes à créer de la richesse. Dans le domaine agricole par exemple, le projet ZAAP (Zones d’aménagement agricoles planifiées) vise l’accompagnement financier et technique des jeunes de la région. La composante 3 permet de renforcer la sécurité et l’effectivité de l’action gouvernementale avec entre autres la construction de nouvelles maisons de justice, le renforcement des capacités des organisations de développement à la base et la sensibilisation à tous les niveaux sur la préservation de la paix et de la cohésion sociale. L’idée ici est de permettre au gouvernement d’exercer l’autorité de l’État sur cette partie du territoire en vue de réaliser les buts de l’État : la paix et le bien-être des individus », a largement expliqué le général.
Rappelons que selon 3 du décret portant déclaration de l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes, « le ministre d’État, ministre de l’administration territoriale, des collectivités territoriales et du développement des territoires assure la coordination administrative et opérationnelle des mesures nécessaires à la mise en œuvre de l’état d’urgence. Il peut déléguer ses pouvoirs aux préfets de la région couverte par l’état d’urgence ».
Il exerce ses pouvoirs en relation avec : (i) le ministre de la sécurité et de la protection civile, (ii) le ministre des armées et (iii) tout membre du gouvernement et toute administration dont les attributions concourent à la mise en œuvre des mesures prises pendant l’état d’urgence. FIN
Edem Etonam EKUE