NEW YORK, USA , le 12 Juillet 2022 -/African Media Agency(AMA)/- Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mahamat Saleh Annadif, a estimé jeudi qu’une « gouvernance démocratique et responsable » était nécessaire dans les pays de la région pour lutter efficacement contre l’insécurité.
Dans un exposé devant les membres du Conseil de sécurité, M. Annadif a noté que la région « continue d’évoluer à des rythmes différents : d’un côté, des citoyens qui exercent librement leur droit de vote pour choisir leurs dirigeants, et de l’autre côté, des militaires qui cherchent à dominer l’espace politique ».
« Des dialogues nationaux sont en cours dans beaucoup de pays pour consolider la gouvernance démocratique, au moment même où, dans de grandes parties du Sahel, des hommes et des femmes fuient pour leur sécurité, et pour assurer l’éducation de leurs enfants », a-t-il ajouté.
L’envoyé de l’ONU, qui est le chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a noté que le changement climatique amplifie et exacerbe les conflits existants, dans un environnement déjà vulnérable à d’autres chocs. « Il n’est plus un secret pour personne que dans de nombreuses régions du Sahel en particulier, des groupes extrémistes et criminels exploitent ces faiblesses exacerbées par des structures étatiques souvent inadéquates. Leurs promesses d’être des pourvoyeurs de protection et de justice sociale trouvent souvent un terrain fertile parmi les populations vulnérables », a-t-il dit.
Apporter des solutions aux populations
Selon lui, il n’existe pas de « potion magique pour lutter efficacement contre l’insécurité ». « Cela passe nécessairement par une gouvernance démocratique et responsable, y compris la mise en place d’administrations décentralisées qui apportent des solutions au quotidien des populations, dans le respect du contrat social de participation et d’obligations mutuelles entre le gouvernement et les citoyens », a-t-il souligné.
Le Représentant spécial s’est félicité que plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest « renforcent, avec succès, les fondements de la gouvernance démocratique », notant que lors des récentes élections locales et législatives au Sénégal et en Gambie, « les citoyens ont saisi avec maturité l’opportunité dans des processus qu’ils considéraient comme équitable, de demander des comptes à leurs représentants dans les instances du pouvoir ».
Mahamat Saleh Annadif a aussi noté que des processus de dialogue sont en cours dans plusieurs pays, « créant ainsi des consensus politiques qui sont autant d’opportunités de renforcement de la cohésion sociale».
Appui de l’UNOWAS
L’UNOWAS, ainsi que les agences, fonds et programmes des Nations Unies dans la région poursuivent leur soutien à ces processus importants, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il avait personnellement maintenu le contact avec les dirigeants des transitions militaires notamment au Burkina Faso et en Guinée, « sur le principe sans équivoque du retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus consensuels possibles, et dans le cadre de chronogrammes d’actions spécifiques à entreprendre pour y arriver dans les meilleures conditions pour les populations ».
« Au Burkina Faso, notre dialogue continu a largement contribué au maintien de passerelles entre les autorités de Ouagadougou et la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) », a-t-il souligné.
Il s’est réjoui de l’accord intervenu entre le gouvernement de transition burkinabé et le Président Mahamadou Issoufou, Médiateur de la CEDEAO, et qui a été validé par le Sommet de la CEDEAO fixant la période de transition à 24 mois à partir du 1er juillet 2022.
Il s’est aussi dit heureux que les autorités de transition en Guinée, avec lesquelles il s’est entretenu la semaine dernière au cours d’une visite à Conakry, aient réaffirmé leur volonté de maintenir les pourparlers avec la CEDEAO et de poursuivre un dialogue inclusif avec les acteurs guinéens.
Diminution de la liberté de la presse
De même, l’UNOWAS continue d’encourager le processus en cours de révision du Protocole additionnel de 2001 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance initiée par les chefs d’Etat de la Communauté.
Selon des rapports récents, la liberté de presse a considérablement diminué dans beaucoup des pays, alors que les inquiétudes concernant un rétrécissement de l’espace civique et politique ne cessent de croître. « Les allégations de violations des droits humains et d’instrumentalisation du système judiciaire ont un effet insidieux sur la confiance dans les institutions, et la crédibilité des processus électoraux », a dit M. Annadif.
« Malgré leurs priorités affichées, les autorités militaires semblent peiner à inverser la détérioration de la sécurité. Des statistiques récentes révèlent que le nombre de victimes civiles des violences extrémistes au Sahel central à la fin du mois de mai 2022 a déjà dépassé le nombre de morts pour l’ensemble de l’année dernière. Les civils sont pris entre les feux croisés de groupes armés luttant pour la suprématie dans leurs zones de présence, ainsi que dans les actions antiterroristes menées par les forces de défense et de sécurité nationales », a-t-il ajouté. « Les informations que nous recevons tous, concernant les massacres de populations civiles innocentes et désarmées, y compris des femmes et des enfants, traduisent la tragédie qui se déroule en ce moment dans cette région du monde ».
Distribué par African Media Agency (AMA) pour ONU Info.
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