L’attaque jihadiste qui a frappé le week-end la ville de Seytenga dans le nord du Burkina Faso a fait 86 morts selon un nouveau bilan officiel, le président de la transition Paul-Henri Sandaogo Damiba la qualifiant « d’inimaginable » lors d’une visite auprès des rescapés mercredi.
« Le lieutenant-colonel Damiba s’est rendu ce (mercredi) matin à Seytenga pour témoigner de la compassion de la nation aux populations, victimes d’une attaque terroriste au cours de la nuit du 11 au 12 juin 2022 et qui a coûté la vie à 86 personnes », a indiqué la présidence dans un communiqué.
Le précédent bilan de cette attaque faisait état de 79 civils tués, dans cette ville située à quelques kilomètres de la frontière avec le Niger.
« Ce qui s’est passé ici, c’est quelque chose d’inimaginable pour des populations désarmées, qui ne demandent qu’à vivre. Votre douleur est la douleur de tout le Burkina Faso », a déclaré le chef de l’Etat aux rescapés.
Selon un décompte du gouvernement, plus de 8.300 personnes se sont réfugiés à Dori, la grande ville proche de Seytenga après l’attaque, dont 61% d’enfants. M. Damiba s’est également adressé mercredi aux forces de sécurité de Dori. « C’est maintenant plus que jamais que nous devons être mobilisés et soudés face à la menace » qui vient « souvent de l’autre côté de la frontière », a-t-il lancé. « Il n’est plus concevable de faire les choses comme on faisait avant. On ne peut plus faire des postes de contrôle routiers comme traditionnellement car nos positions sont connues », a-t-il ajouté, appelant l’armée à « intégrer la menace terroriste dans toutes (ses) activités ».
L’attaque de Seytenga a été condamnée par la communauté internationale, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres la qualifiant dans un communiqué d' »épouvantable », tandis que le président de la commission de l’Union Africaine Moussa Faki a évoqué un « assassinat inqualifiable et ignoble ».
Selon des rescapés, les habitants de Seytenga se sont retrouvés seuls face aux jihadistes après le départ des forces de sécurité la veille.
Deux jours avant l’attaque, les jihadistes étaient déjà venus à Seytenga et avaient tué onze gendarmes. Cette attaque est la deuxième la plus meurtrière enregistrée au Burkina Faso, après celle de juin 2021 contre le village de Solhan, également dans le nord près du Niger, où 132 personnes avaient été tuées selon le gouvernement, 160 selon des sources locales.
Un deuil national de trois jours a débuté mardi à 00h00 (GMT et locales). le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a renversé fin janvier le président élu Roch Marc Christian Kaboré accusé d’être inefficace face à la violence jihadiste, avait promis de faire de la question sécuritaire sa « priorité ». Depuis 2015, les attaques attribuées à des groupes jihadistes ont fait des milliers de morts et près de deux millions de déplacés au Burkina.
SOURCE : AFP