« L’Afrique compte 130 millions de personnes mariées dès l’enfance, qu’il s’agisse de filles de moins de 18 ans déjà mariées ou de femmes adultes qui ont été mariées pendant leur enfance », a exposé l’UNICEF dans ses rapports sur le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines en Afrique.
« Ces rapports ont été lancés dans le cadre de la commémoration de la journée mondiale de l’enfant africain, placée cette année sous le thème : « Eliminer les pratiques néfastes affectant les enfants : Progrès en matière de politiques et de pratiques depuis 2013 ».
Les rapports font le point sur l’état de ces pratiques et appellent les gouvernements et les institutions régionales, à accélérer les efforts ainsi qu’à augmenter les ressources nationales pour mettre fin au mariage d’enfants et aux mutilations génitales féminines, conformément à l’Agenda 2063 de l’Union africaine et au Programme mondial de développement durable à l’horizon 2030.
Les données montrent qu’au niveau continental, l’Afrique continue d’accuser un retard dans la réalisation des cibles de l’Objectif de développement durable 5.3 visant à éliminer toutes les pratiques néfastes d’ici 2030.
« Si les progrès ne s’accélèrent pas, 45 millions plus de filles en Afrique subsaharienne seront mariées dans leur enfance au cours de la prochaine décennie, cela dû aux effets de la lenteur des progrès et de la croissance démographique », souligne le texte.
Selon les chiffres de l’UNICEF, près de 140 millions de filles et de femmes en Afrique ont subi des mutilations génitales féminines, dont plus de 40 millions ont également été mariées pendant leur enfance. Neuf des dix pays où le mariage d’enfants est le plus répandu dans le monde se trouvent en Afrique subsaharienne, notamment le Niger, la République centrafricaine, le Tchad, le Mali, le Mozambique, le Burkina Faso, le Sud-Soudan, la Guinée et le Nigeria.
Selon Marie-Pierre Poirier (Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre), mettre fin au mariage d’enfants est une priorité essentielle pour l’UNICEF.
« Le mariage d’enfants et les mutilations génitales féminines constituent une violation des droits de l’enfant. Pourtant, dans de nombreuses communautés à travers le continent, les filles continuent d’être exposées à l’une de ces pratiques, voire aux deux. Le mariage d’enfants est présent sur tout le continent, avec les niveaux les plus élevés dans le Sahel et dans certaines poches d’Afrique centrale et orientale ».
Pour accélérer les efforts, poursuit-elle, nous devons investir dans des domaines à fort impact, notamment la réduction de la pauvreté, principal moteur du mariage d’enfants, la garantie de l’accès à grande échelle des filles à une éducation et un apprentissage de qualité et le changement social et de comportement en faveur de la participation pleine et active des filles et des femmes à la vie sociale et économique.
« Des interventions multisectorielles et contextualisées sont nécessaires étant donné la prévalence plus élevée du mariage d’enfants dans les zones rurales, parmi les ménages les plus pauvres et ceux avec les taux de scolarisation les plus faibles. Nous avons besoin d’une approche différente pour faire bouger les choses en matière de mariage d’enfants et contribuer à la protection des droits des filles et des femmes », a ajouté Marie-Pierre Poirier.
Les textes indiquent que certains pays d’Afrique ont fait de grands progrès dans la réduction du mariage d’enfants, tandis que d’autres ont connu une stagnation. Les conflits, le changement climatique et la pandémie de COVID-19, qui, ensemble, ont interrompu l’éducation et créé des chocs économiques, ont exposé davantage de filles au risque du mariage d’enfants, certains parents se tournant vers cette pratique pour faire face aux effets des crises.
Le mariage des enfants, une préoccupation nationale au Togo
Au Togo, selon les données de l’enquête par grappes à indicateurs multiples MICS de 2017, plus de 11% des femmes de 15 à 19 ans étaient mariées ou en union, soit une diminution de 1% par rapport à 2010 au niveau national. Dans la région centrale, le mariage avant 15 ans est passé de plus de 9% à environ 5%. Cependant, dans la région des Savanes, il est passé de presque 8% à 12,6% pendant cette période et constitue ainsi le taux le plus élevé du pays. Ce qui fait toujours de ce problème une préoccupation nationale.
« Sans l’engagement permanent du Gouvernement, plus spécifiquement du Ministère de l’action sociale, des chefs traditionnels et leaders religieux, des communautés et des enfants, les avancées atteintes n’auraient pas pu être ce qu’elles sont aujourd’hui », a déclaré Dr Aissata Ba Sidibé (Représentante résidente de l’UNICEF au Togo).
Rappelons que la Journée internationale de l’enfant africain est commémorée le 16 juin de chaque année.
Au Togo, le Gouvernement et l’UNICEF assurent ensemble le renforcement des capacités des adolescents à travers les Conseils consultatifs des enfants. A ce jour, environ 35000 enfants sont impliqués dans les activités de pair-éducation sur les Compétences de vie courante incluant la prévention de ces types de violence. L’UNICEF et l’UNFPA accompagnent également le Ministère de l’Action sociale dans le processus d’élaboration d’un nouveau programme national de lutte contre le mariage des enfants et les grossesses précoces. FIN
Bernadette AYIBE