Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a mis en doute vendredi la version des autorités maliennes qui affirment avoir « neutralisé » 203 jihadistes à Moura (centre) là où des témoignages font état de l’exécution en masse de civils par l’armée malienne.
« Les autorités de Bamako annoncent 200 terroristes tués, sans pertes civiles. J’ai du mal à croire, j’ai du mal à comprendre, j’ai du mal à accepter ces explications », a-t-il déclaré sur France 5.
« Il faut une enquête des Nations unies et nous la demandons », a-t-il ajouté. « C’est le rôle des Nations unies que de mener cette enquête (…) sauf qu’à l’heure actuelle ils n’ont pas le droit d’accéder à la zone du centre où ont été commises a priori ces exactions », a-t-il dit.
La Russie a félicité de son côté le Mali pour une « victoire importante » contre le « terrorisme » et qualifié de « désinformation » les allégations sur le massacre de civils par les forces maliennes, tout comme celles sur l’implication de mercenaires russes dans l’opération.
Le ministère russe des Affaires étrangères a aussi accusé l’Occident d’avoir « mis en scène » une campagne visant à « mettre l’accent sur +la participation de Moscou dans des crimes de guerre+ ».
Bamako dément la présence au Mali de mercenaires du groupe russe Wagner, ne reconnaissant que celle d' »instructeurs » et de « formateurs » russes en vertu d’un accord de coopération bilatérale avec Moscou datant des années 60.
Dans un rapport, l’ONG Human Rights Watch a fait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des soldats maliens associés à des combattants étrangers entre le 27 et le 31 mars à Moura.
L’émissaire de l’ONU pour le Mali, El-Ghassim Wane, a réclamé jeudi aux autorités maliennes un accès « impératif » à cette localité.
SOURCE : AFP