Plus de 4100 personnes meurent chaque jour de la tuberculose et près de 30.000 personnes contractent cette maladie qui, pour l’OMS reste l’une des plus meurtrières au monde.
La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose est commémorée le 24 mars de chaque année. Le thème de cette 27ème journée est « Investissons pour en finir avec la tuberculose, sauvons des vies« . Et selon l’OMS, il est urgent d’investir sous la forme de ressources, d’un soutien, de soins et d’informations, pour remporter le combat contre la tuberculose.
Il faut « maintenir les services essentiels de lutte contre cette maladie pendant la pandémie de Covid-19, afin que les progrès réalisés ne soient pas effacés et s’attaquer aux inégalités en santé afin de garantir la santé pour tous, avoir une action concertée de tous les secteurs pour en finir avec la tuberculose », indique l’OMS sur son site.
La RDC, plus de 80% de la charge mondiale de la Tuberculose
La tuberculose (TB) est une maladie chronique non immunisante qui sévit en mode endémique dans plusieurs pays. Le sujet était au cœur d’un webinaire piloté lundi, par la branche congolaise du Réseau des médias pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) sous le thème : « Prévention et prise en charge de la tuberculose en période de Covid-19 en Afrique : cas de la RDC ». Et Selon Mme Nicole Anshanbi Muzutie (coordonnatrice provinciale Lèpre et Tuberculose de Kinshasa), la République démocratique du Congo est l’un des 10 pays qui supportent plus de 80% de la charge mondiale de la TB (2ème rang en Afrique et le 9ème dans le monde).
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« Kinshasa, la capitale de la RDC, est la province la plus touchée et porte en elle seule 14 % des malades du pays (30000 cas en 2021). Elle reste par ailleurs, l’épicentre de la pandémie à Covid-19 avec 80% de cas. Au 18 mars 2022, le pays a enregistré 86584 cas positifs de la Covid-19 dont 1335 décès. Toutes les 26 provinces sont touchées ».
Pour Dr Papy Ndjibu Tshishikani (le point focal Tuberculose de la Fondation EGPAF en RDC), « c’est la première cause de mortalité au monde. En 2020, la TB a tué plus que la Covid-19 en RDC. Des enfants sont également touchés par la maladie. Au total 30 décès ont été enregistrés sur 3.270 cas de tuberculose pédiatrique, entre février 2019 et juin 2021 dans le pays ».
Il est donc clair que la tuberculose est une maladie multisectorielle et la population doit être informée. Les médias doivent donc s’impliquer pour informer les populations, les sensibiliser en donnant la bonne information et faire le plaidoyer à divers niveaux, afin de réduire l’impact de cette maladie sur les communautés.
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Une lutte impactée par la Covid-19
Avec l’avènement de la Covid-19 (le 6 mars 2020 au Togo et le 10 mars 2020 en RDC), les plus grands défis auxquels le programme de lutte contre la TB a été confronté demeurent le sous-dépistage et la notification insuffisante des cas. Cette pandémie a entraîné une baisse de la fréquentation des centres de santé, du nombre de cas dépisté, ainsi qu’une baisse du suivi régulier des malades sous traitement.
Dans les deux pays, la poursuite de la lutte contre la tuberculose n’a été rendue possible que dans le respect du protocole de prise en charge de la Covid-19.
« L’émergence de la pandémie de la Covid 19 à Kinshasa a impacter négativement les performances du programme de lutte contre la tuberculose en 2020 (mesures limitant les mouvements des prestataires de soins, ainsi que les malades). La pérennisation des activités visant le maintien et la continuité de la prise en charge de la TB a permis d’améliorer les performances de la lutte contre la tuberculose », a expliqué Dr Muzutie.
Une réduction de 35% par rapport à 2015 au Togo
Pour Niwa Soulima (chef unité prévention et partenariat au Programme national de lutte contre la tuberculose), avec l’éclatement de la pandémie à coronavirus (Covid-19) en 2020, il y a eu une régression de 11% au Togo avec 2300 cas notifiés contre 2645 cas en 2019.
Notons qu’au lendemain de l’avènement de la Covid-19 au Togo, plusieurs mesures restrictives ont été prises, ce qui a considérablement réduit les déplacements. Aujourd’hui, le pays compte 272 décès et 45 cas actifs, selon les chiffres de la coordination nationale de la riposte contre la Covid-19, rendus publics ce 23 mars 2022.
« Chaque année, on notifie entre 2500 à 3000 cas de tuberculose. En 2019, 2645 cas ont été enregistrés mais en 2020 avec l’éclatement de la pandémie à coronavirus (Covid-19), il y a eu une régression de 11% avec 2300 cas notifiés. Avec la mise en place des mesures barrières à la Covid-19, la population a renoué avec les établissements de soins de santé et 2400 cas ont été diagnostiqués. En 2021, 2490 cas ont été notifiés », a expliqué M. Soulima.
« Au Togo, l’incidence de la tuberculose est de 36 cas pour 100.000 habitants soit un effort de réduction de 35% par rapport à 2015 », a déclaré M. Soulima.
Covid-19 et Tuberculose, quels liens
La tuberculose (maladie infectieuse bactérienne, causée par bacille de Koch ou BK) et la Covid-19 (maladie infectieuse virale, causée par les coronavirus (CoVs) à ARN encapsulés) ont des ressemblances par leur voie de transmission, leurs symptômes (la toux, la fièvre, difficulté à respirer) et leur lieu localisation de la maladie principalement les poumons.
« Les personnes atteintes ou ayant déjà souffert de tuberculose sont exposées à un risque accru de développer une forme sévère ou mortelle de Covid-19. Les deux maladies sont contagieuses par voie aérienne et sont à l’origine de symptômes respiratoires (toux, essoufflement). Elles provoquent une fièvre et une faiblesse générale. Les signes qui sont de 3jours après contamination pour la Covid-19, peuvent aller à plusieurs années pour la tuberculose », a souligné M. Niwa Soulima.
Ce dernier appelle la population à se rentre au centre de santé le plus proche pour se faire dépister, en cas d’apparition des signes pré-cités, car souligne-t-il, le dépistage précoce et la mise sous traitement est le moyen le plus efficace de rompre la chaîne de contamination de la tuberculose. Pour en finir avec la tuberculose au Togo, une action concertée de tous les secteurs est nécessaire.
Rappelons que le gouvernement togolais a rendu le diagnostic et le traitement de la tuberculose gratuite. Avec l’aide de ces partenaires, des efforts ont été fournis pour garantir des services de qualité et accessibles à tous et d’éliminer les obstacles entravant l’accès à ces services en vue de mettre fin à la tuberculose à travers notamment : l’amélioration du plateau technique pour le diagnostic avec l’acquisition d’équipements de diagnostic les plus performants notamment les appareils Gene Xpert, et des microscopes LED, l’achat de médicaments anti tuberculeux et intrants de laboratoire pour le diagnostic et une prise en charge gratuite des patients. FIN
Ambroisine MEMEDE