Un colloque international sur la gestion des transitions politiques et renforcement de la résilience face aux extrémismes violents (cas de l’Afrique de l’Ouest) s’est ouvert ce samedi à Lomé, rencontre de deux jours qui « répond non seulement au besoin de saisir par la pensée les transitions politiques, mais également de rendre intelligibles les enjeux sécuritaires et politiques inhérents aux processus de transition ».
Ce colloque – organisé par le ministère des affaires étrangères – rassemble des experts et scientifiques venus du Togo, d’Afrique et d’Europe : professeurs d’université, économistes et analystes politiques, experts en communication, des magistrats et autres experts des questions de droit, de la gouvernance, de la démocratie, du développement, de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme, des droits de l’homme, de genre et de l’agir humanitaire.
L’objectif de cette rencontre est de « partager des réflexions et expériences sur : l’évolution des dynamiques sécuritaires dans le temps en Afrique de l’Ouest, les forces et faiblesses des différentes approches adoptées par les pays et les organisations internationales pour faire face aux menaces liées aux extrémismes violents et au terrorisme, l’imbrication des défis politiques de gouvernance et ceux sécuritaires dans le contexte de la lutte anti-terroriste, les propositions d’une meilleure action efficace, efficiente et coordonnée pour protéger l’État et les populations civiles des actes de violence et de terrorisme, l’approche réaliste de la gestion des transitions politiques dans un espace structurellement sous menace.
L’organisation du colloque s’inscrit dans la droite ligne de l’engagement du Togo sur les questions de paix, de sécurité et de stabilité régionales dont l’un des récents faits marquants est l’élaboration, au cours du deuxième semestre de l’année 2021, d’une Stratégie de lutte antiterroriste et de préservation de la paix et de la stabilité au Sahel.
Dans le cadre de cette stratégie, le Togo entend relever le niveau de sa contribution au service de la paix et de la stabilité régionale.
« Les institutions, à la différence des satellites, restent rarement sur l’orbite ou leur créateur avait entendu les blessés. Elles échappent ainsi à la volonté de leur créateur à l’image aujourd’hui de certains de nos États de l’espace CEDEAO devant les assauts déstabilisants du terrorisme, de l’extrémisme violent, de coups d’États sur fond de transition politique et constitutionnel en marine haute et basse. Ce tableau désolant nous interpelle au-delà des échecs et des succès découlant des réponses de nos différents États », a souligné Prof. Dodzi Komla Kokoroko (ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat).
A la vérité et au plan national, a-t-il souligné, « le Togo sous l’autorité du président de la République innove par la conciliation des approches sécuritaires depuis 2017 et de développement avec pour point d’orgue, l’adoption du plan d’urgence pour le développement des Savanes, région aux confins du Burkina Faso et du Bénin. Notre espace CEDEAO dans cette épreuve démontre une unité remarquable ».
‘La CEDEAO doit accepter de payer le prix de la démocratie ‘
« La CEDEAO doit certes accepter de payer le prix de la démocratie, de la sécurité et du développement. En d’autres termes, le véritable idéalisme consiste toujours à regarder le réel en remède et en perspective. Toute comparaison ne sera pas raison au titre de ce colloque sous réserve de l’idée partagée et réitérée que la démocratie sociale doit succéder ou côtoyer fermement et activement la démocratie électorale au risque de vivre le temps éternel des États au pied d’argile. Il va s’en dire que la démocratie de l’espace CEDEAO doit être un ensemble qui regroupe : sécurité, dialogue ethnique et interreligieux, solidarité et justice sociale, voire éradication de la pauvreté. L’absence de cette unité sert et servira caisse de résonance au terrorisme, à l’extrémisme violent et au coup d’États », a-t-il précisé.
Pour le ministre des affaires étrangères, ce colloque est un «rendez-vous d’exercice d’une pensée active, structurante et tourné vers l’avenir».
« Ce qui se joue dans le cadre de notre colloque, c’est la dialectique de la théorie et de la pratique où la théorie fait corps avec la pratique dans une relation de co-détermination et présupposition réciproque. Nous sommes ici dans un cadre d’élucidation, de compréhension et de conceptualisation de la pratique qui ne cesse d’être une simple occasion de tâtonnement et d’essai sans fins pour devenir le lieu d’une manœuvre cohérente, intelligente, orienter, socialement et collectivement tournée vers une fin désiré », a expliqué Prof. Robert Dussey.
« L’actualité du Mali nous rappelle que nous avions le devoir dans cette résilience de chercher à trouver une solution. Cette agora qui est une sphère publique d’interaction communicationnelle apportera des solutions je l’espère novatrice aux défis multiples et actuelles liés au contexte d’insécurité sans cesse croissante dans chacun de nos pays. En initiant ce colloque international, le Togo ambitionne non seulement d’interpeller le monde scientifique sur son rôle, sa place dans l’édification des sociétés paisibles, stables mais aussi de recueillir des propositions concrètes et novatrice susceptibles de nourrir les réflexions dans le cadre d’une plus grande conférence que nous organiserons ici à Lomé le 21 avril sur le thème : +Les transitions politiques et la lutte contre l’extrémisme violent en Afrique+ », a-t-il précisé.
M. Dussey a fait savoir à l’assistance que le chef de l’État togolais Faure Gnassingbé attache une grande importance aux résultats que ce colloque fournira, afin que ceci puisse permettre à lui-même et à ses pairs d’échanger efficacement et de trouver les voies et moyens pour résoudre les problèmes d’insécurité dans notre région.
« L’extrémisme violent est devenu une épine dans les jeunes démocraties en Afrique et plus particulièrement en Afrique de l’Ouest. Nos États doivent reprendre leurs responsabilités pour lutter contre cet extrémisme violent notamment dans des situations de crises qui conduisent aux transitions politiques. Les transitions politiques constituent des situations fragiles, de l’indétermination qui favorisent la manifestation de l’extrémisme violent », a pour sa part relevé Prof. Adama Atodar (Directeur général de l’ENA).
Pendant deux jours, les échanges seront centrés sur trois grands axes : « Paradigme sécuritaire et enjeux politiques » (6 communications), « Défis contemporains à la lumière des derniers évènements politiques et sécuritaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest » (4 communications) et « Transitions politiques au Sahel et en Afrique de l’Ouest : comment accompagner au mieux les processus ? » (2 communications).
Ce colloque prendra fin par recommandations qui serviront de base pour la conférence de haut niveau le 21 avril prochain à Lomé initiée par le Togo avec le soutien des Nations-Unies sur le thème : « Les transitions politiques et la lutte contre l’extrémisme violent en Afrique ». FIN
Bernadette AYIBE