L’opposante béninoise Reckya Madougou, mise en examen et écrouée à Cotonou en mars pour « terrorisme » peu avant l’élection présidentielle, va déposer une nouvelle demande de remise en liberté, a-t-on appris vendredi auprès de l’un de ses avocats.
« Nous allons déposer dans les jours à venir une nouvelle demande de mise en liberté pour Rekiath Madougou », a déclaré Mario Stasi, son avocat français en déplacement à Cotonou.
Selon Me Stasi, sa cliente n’a été entendue que trois fois depuis son arrestation et sa dernière audition remonte au mois d’août.
« S’il y a un élément qui est constant chez Madame Madougou, c’est la cohérence de ses déclarations », soutient l’avocat qui évoque « une absence de preuves dans le dossier ».
Selon lui, Mme Madougou est privée de promenade et partage une pièce de huit mètres carrés avec dix autres détenues.
Elle est aussi privée de réfrigérateur, de radio et de droit de téléphoner, contrairement aux autres détenus, a affirmé son avocat.
« Je l’ai trouvé très affaiblie mais elle est restée une combattante inlassablement digne… », a-t-il affirmé.
Mme Madougou, dont la candidature à la présidentielle du 11 avril avait été recalée, avait été arrêtée lors de la campagne électorale au terme de laquelle le président Patrice Talon a été réélu pour un second mandat avec plus de 86% des voix.
Cette ancienne ministre est accusée d’avoir voulu faire assassiner des personnalités politiques pour empêcher la tenue du scrutin et de « déstabiliser » le pays.
Moins d’une semaine avant le scrutin, un juge d’une Cour spéciale avait fui le pays et dénoncé des pressions exercées par le pouvoir notamment dans l’incarcération de Mme Madougou.
Cette Cour spéciale mise en place par le pouvoir, la Criet, est accusée par ses détracteurs de servir d’instrument judiciaire pour museler l’opposition. Patrice Talon, richissime homme d’affaires ayant fait fortune dans le coton, élu une première fois en 2015, est accusé d’avoir engagé le Bénin dans un tournant autoritaire.
Les principales figures de l’opposition au Bénin sont pour la plupart en exil. Un autre opposant, dont la candidature à la présidentielle avait également été recalée, est aussi derrière les barreaux.
Il s’agit de l’universitaire Joël Aïvo arrêté au lendemain du scrutin, accusé quant à lui « d’atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Contacté par l’AFP, son avocat a affirmé que M. Aïvo a été entendu par le juge d’instruction le 11 octobre, sa première audition sur le fond depuis son arrestation.
SOURCE : AFP