L’État togolais a débloqué la bagatelle de 87 milliards de F.CFA pour subventionner les produits pétroliers à la pompe, a souligné M. Kpégba Yao Anani, Inspecteur des douanes et membre de la commission technique du comité de suivi de la fluctuation du prix des produits pétroliers.
« En 2012, l’État a dû débourser 45 milliards de F.CFA pour subventionner les produits pétroliers. En 2013, c’est 42 milliards qui ont été déboursés par l’État pour subvention ces produits. Les gens ne savent pas que l’État fait assez d’effort pour la population », a déclaré M. Kpégba sur une radio privée, affirmant que la +vraie vérité des prix+ n’est pas appliquée.
Plusieurs associations de défense des droits des consommateurs sont montées au créneau ces derniers jours pour exiger la diminution des prix des produits pétroliers à la pompe, suite à la chute du prix du baril sur le plan international.
La ministre du commerce s’est également débattue à plusieurs reprises sur des médias, afin d’expliquer les raisons qui ont poussé l’État à maintenir les prix à la pompe: les commandes passées bien avant la diminution des prix du baril et la variation du coût du dollar.
Selon M. Kpégba, l’État togolais « dépense beaucoup pour subventionner les produits pétroliers, afin qu’on puisse les acheter aux prix actuellement appliqués à la pompe. Quand on parle de vérité de prix, ce n’est pas la +vraie vérité des prix+ qui est appliquée. C’est plutôt, la vérité des prix avec subventions ».
Le commerce illicite des produits pétroliers, un grand fléau…
« L’État ne peut jamais permettre qu’on traite les produits pétroliers comme on traiterait tout autre marchandise vulgaire. On ne serait vendre des produits pétroliers sur des étalages. Car ce sont des produits hautement inflammables. C’est une marchandise qui nécessite beaucoup de respect pour des raisons sécuritaires », a martelé l’Inspecteur des douanes.
Outre des dommages causés aux moteurs, l’essence frelaté vendu à la sauvette présente des risques énormes en matière de sécurité. Les dégâts enregistrés ces derniers temps sont énormes.
Début juin, six personnes ont été tuées et deux autres blessées dans le village d’Atchavé (environ 105 km au nord de Lomé) dans un incendie provoqué par l’essence frelaté.
En avril dernier, deux personnes ont également trouvé la mortes dans un incendie à Lomé, du fait de l’essence stocké dans une maison. L’opération dénommée « Entonnoir » déclenchée ces dernières années par les autorités, en vue de traquer les trafiquants, a dû mal à cerner le trafic.
Plusieurs accrochages sont enregistrés depuis le début de cette opération entre forces de l’ordre et vendeurs d’essence – soutenus par des proches – occasionnant parfois des pertes en vies humaines.
Début novembre dernier, une personne a été tuée (par balle) et cinq autres blessées dans des heurts entre forces de sécurité et des habitants de Messan-Kondji (dans la Préfecture des Lacs), suite à une opération de saisie d’essence frelatée.
« Il appartient à chaque togolais de jouer sa partition : informer les services compétents sur les lieux où sont cachés ces produits. Il va de l’intérêt de nous tous. Nous allons mettre beaucoup l’accent sur la sensibilisation. Il faut que les togolais comprennent que les produits pétroliers ne sont pas des produits à vendre sur les étalages. Il faut faire un commerce légal et non illicite. Il faut donc la sensibilisation pour que les gens comprennent », a précisé M. Kpégba, ajoutant que le commerce illicite du carburant occasionne un véritable manque à gagner à l’État.
Ces vendeurs à la sauvette ne dédouanent pas leurs produits, en plus, ils ne paient pas d’impôts. « En dehors du bureau du Port Autonome de Lomé, le bureau de la raffinerie est le second bureau par importance en matière de recettes. C’est dire que les recettes qu’engendrent les produits pétroliers, sont importantes pour l’économie nationale », a relevé M. Kpégba.
« Lorsque ces produits ne sont pas canalisés pour qu’on les dédouanent et qu’ils sont vendus frauduleusement, cela fait beaucoup de pertes pour l’État togolais », a-t-il ajouté.
Selon les chiffres, l’État togolais a perdu cette année, 13 milliards de F.CFA, du fait de la vente illicite des produits pétroliers. FIN
Edem Etonam EKUE
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