« La récréation est terminée », a martelé le président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) ce mardi devant des responsables des organisations de la presse togolaise, demandant à certains journalistes de « cesser de se considérer comme des intouchables qui ont le droit de piétiner impunément les règles du métier ».
« Nous devons reconnaître que notre profession va mal, elle est en crise », a enchaîné Pitalounani Telou lors d’une rencontre d’échange entre les membres de la HAAC et les responsables des organisations de presse sur les fondements déontologiques et éthiques du journalisme.
Une douzaine d’organisations de presse dont l’Observatoire togolais des médias (OTM), le Conseil national des patrons de presse (CONAPP) et l’Union des journalistes indépendants du Togo (UJIT) ont pris part à cette rencontre.
Auto-saisines et surtout plaintes de citoyens divers auprès de la HAAC : les cas de « violations graves des règles de déontologie et d’éthique de la profession de journaliste » sont notés ces derniers temps par l’instance de régulation des médias.
« Nous avons exprimé nos inquiétudes, la HAAC nous a écoutés. Elle a à son tour, fait un diagnostic que nous ne récusons pas. Actuellement, la presse togolaise ne se porte pas bien, il y a beaucoup d’efforts à faire et nous allons nous battre pour respecter les textes qui régissent notre profession, nous l’avons reconnu », a déclaré Fabrice Pétchézi, président de l’Observatoire togolais des médias (OTM).
« Mais nous avons estimé aussi que les sanctions qui tombent sont un peu trop lourdes pour les journaux qui sont quand-même des entreprises de presse, ne l’oublions pas », a-t-il ajouté.
Vendredi dernier, le bihebdomadaire l’Alternative a écopé de quatre mois de suspension, suite à une plainte pour « diffamation » du ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de la Réforme foncière.
Le tribunal de première instance de Lomé avait ordonné mi-janvier, le retrait du récépissé du journal L’Indépendant Express, après la publication d’un article sur une tentative de vol présumée de cuillères dorées par deux femmes ministres.
‘Nous sommes inquiets‘
Pour le collège des membres de la HAAC, il faut absolument remettre la déontologie de la profession au centre de toute production médiatique quels que soient le format et la déclinaison.
« Nous sommes inquiets parce que nous avons constaté que depuis la dépénalisation des délits de presse, il y a un laisser-aller qui s’est installé dans la profession », a déploré le président de la HAAC.
Au niveau de la HAAC, a poursuivi le président, « nous avons constaté que certains journalistes sont devenus des intouchables, des activistes politiques, qui diffusent de fausses nouvelles ou qui les inventent tout simplement. Aucun respect des règles de déontologie et d’éthique de notre profession. Tout se passe comme si le journaliste était au-dessus de toutes les lois dans ce pays ».
« Est-ce que nous devons rester les bras croisés ? », s’est interrogé M.Telou.
Les membres de l’instance de régulation des médias prendront leurs « responsabilités », mais dans le « respect des textes en vigueur », a-t-il précisé, avant d’avertir : « Il ne faut pas que cette situation de non respect de la loi, de non-respect de l’éthique et de la déontologie amène les citoyens à se faire justice ».
Le président de la HAAC a invité les organisations de presse à «sensibiliser» leurs membres, car «ce n’est pas normal qu’une certaine catégorie de journalistes se croit tout permis dans ce pays. Dites leur la vérité. Ce n’est pas la peine de venir tout le temps ici pour nous dire que vous n’êtes pas contents ».
« Nous aussi, nous ne sommes pas contents de vous, parce que vous ne faites pas votre travail. Si vous le faisiez, je pense que nous ne serions pas à ce niveau ».
M.Telou a rappelé les deux missions essentielles : protéger et garantir la liberté de la presse, mais aussi de veiller au respect de la déontologie et de l’éthique de la presse : « Vous ne pouvez pas seulement penser que la HAAC doit seulement protéger la liberté de la presse et laisser l’autre côté ».
Rappelons que la HAAC est l’une des institutions de l’État. Elle a pour mission de garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse et des autres moyens de communication de masse.
Elle veille également au respect de la déontologie en matière d’information, de communication et à l’accès équitable des partis politiques et des associations aux moyens officiels d’informations et de communication. FIN
Junior AUREL