Des personnalités de l’opposition au Bénin, chefs de partis et anciens responsables politiques, ont créé mercredi à Cotonou une grande coalition pour peser face au président Patrice Talon accusé d’avoir verrouillé l’élection d’avril 2021.
Les grandes figures de l’opposition dans ce pays ouest-africain longtemps vu comme un modèle de démocratie mais qui a pris récemment un virage autoritaire se trouvent en exil ou condamnées à des peines d’inéligibilité leur interdisant de se présenter.
Cette coalition dénommée « Front pour la restauration de la démocratie » est menée par Joël Aïvo, un universitaire entré en politique ces derniers mois et candidat déclaré à l’élection présidentielle, prévue le 11 avril.
« Beaucoup des nôtres sont en prison et en exil … personne ne sera plus fort que son peuple pour imposer ce que nous n’avons pas choisi », a-t-il déclaré mercredi lors d’une conférence de presse.
« Des hommes et des femmes ont choisi de ne pas plier le genou, de ne pas abandonner le pays et d’aller à son secours », a-t-il ajouté.
L’opposition et la société civile dénoncent aussi un scrutin verrouillé à l’avance par une nouvelle disposition de la loi électorale qui impose au candidat d’être parrainé par 16 maires ou députés.
Or, lors des législatives d’avril 2019, aucun des partis d’opposition n’avait été autorisé à présenter de listes, et à l’issue des municipales d’avril 2020, boycottées par une partie des opposants, seuls six maires de cette mouvance ont été élus.
« Depuis l’accession du président Patrice Talon au pouvoir, la démocratie béninoise a connu un coup d’arrêt », a affirmé Valentin Houdé, ancien député et ancien ministre, membre de cette coalition.
Eric Houndete, chef du parti Les Démocrates et ancien vice-président du Parlement, a également rejoint ce front.
Le chef de l’Etat n’a pas encore annoncé s’il comptait briguer un second mandat, mais sa candidature fait peu de doute parmi les observateurs.
Le président est actuellement en tournée dans le pays, officiellement pour « une reddition des comptes », mais beaucoup l’accusent d’avoir commencé sa campagne électorale.
Au moment de son élection en 2016, M. Talon avait affirmé vouloir faire un mandat unique, avant de se rétracter et déclarer qu’il « aviserait ».
SOURCE : AFP