« Je maintiens ma plainte tant que la CVJR prendra compte des dépositions mensongères faites lors des audiences à Dapaong, car je n’ai jamais distribué d’armes aux jeunes », a déclaré à l’Agence Savoir News, Issifou Okoulou-Kantchati, ancien ministre et actuel président de la Commission de privatisations.
M.Okoulou-Kantchati avait été plusieurs fois cité par des témoins et victimes lors des audiences publiques, privés et à huis clos de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) à Dapaong, d’avoir organisé des violences à Mango lors de la présidentielle du 24 avril 2005.
Selon certains, l’ancien ministre avait même distribué des armes à des jeunes de la localité. Il aurait même remis de l’argent à des juges dans des affaires de terrains à Mango, selon d’autres témoins et victimes.
Le 11 octobre, M.Okoulou-Kantchati a, adressé son droit de réponse à la CVJR, le dernier jour des audiences à Sokodé.
Ce droit de réponse dans lequel M.Okoulou-Kantchati a menacé de porter plainte contre certains témoins et victimes pour « diffamation grave et atteinte sérieuse » à son « honorabilité », a été lu par le député Nana Mama Youkoué.
« Je maintiens ma plainte tant que la CVJR prendra compte des dépositions mensongères lors des audiences à Dapaong, car je n’ai jamais distribué d’armes aux jeunes », a souligné M.Okoulou-Kantchati
« La constitution me le permet. Mes droits sont violés et je dois laver mon honneur. Car ces dépositions seront gardées dans les archives », a poursuivi l’ancien ministre.
« Je suis le coordonnateur des activités du RPT dans l’Oti (…) Comment un responsable politique peut-il dresser des militants de son parti, les uns contre les autres? », s’est-il interrogé.
« Ce sont des allégations mensongères et je démens catégoriquement ces accusations grotesques qui ne sont ni plus, ni moins qu’une diffamation grave et une atteinte sérieuse à mon honorabilité », a-t-il souligné.
M.Okoulou-Kantchati dit ne pas comprendre pourquoi seul, le président de la CVJR dirige les débats et pose les questions.
« Je ne sais pas pourquoi c’est seulement Mgr Barrigah qui pose les questions, alors qu’il a autour de lui, d’éminents historiens. Par exemple, un monsieur est venu tordre le coup à l’histoire des Tchokossi, alors que le professeur Koffi Ahadzi-Nonon qui a fait sa thèse d’Etat sur l’histoire des Tchokossi était là et il n’a rien dit », a-t-il ajouté.
Mais quelle sera la force juridique de la plainte de M.Okoulou-Kantchati, car « les témoins et tous les intervenants auprès de la CVJR bénéficient de la protection de l’Etat et ne peuvent être poursuivis ou arrêtés pour leurs propos, avis ou opinions », conformément à l’article 3 du décret 2009-147/PR portant nomination des membres de la CVJR?.
Et Mgr Nicodème Barrigah-Benissan l’a encore réaffirmé le 14 octobre dernier à l’ouverture des audiences à Atakpamé.
« Personne ne peut être cité devant un tribunal pour les témoignages qu’il aura rendus durant les audiences, ce qui ne signifie pas que la CVJR restera indifférente aux éventuelles fausses accusations qui seront portées devant elle. La protection des victimes, témoins et auteurs présumés exige une telle mesure », avait souligné le Prélat.
« De même », avait précisé Mgr Barrigah-Benissan, « toute personne citée dans les dépositions ou lors des audiences, à titre d’auteur présumé d’actes graves de violation des droits de l’homme sera invitée par la CVJR à se présenter devant la commission pour apporter sa part de vérité ».
Rappelons que les audiences de la CVJR sont consacrées à la recherche de la vérité sur les violences électorales et autres violations des droits de l’homme qui sont survenues dans notre pays entre 1958 et 2005 dans le cadre des séances publiques, à huis clos et privées qui donnent la parole aux victimes, témoins et aux auteurs présumés.
Ces audiences publiques, privées et à huis clos, vont se poursuivre mardi prochain à Aného (environ 45 km à l’est de Lomé), après les étapes de Lomé, de Dapaong, de Kara, de Sokodé, d’Atakpamé et de Tsévié.
La CVJR est l’émanation d’un processus lié à la quête de la concorde nationale susceptible de permettre au Togo de panser les séquelles de ses développements historiques conflictuels. Elle a pour mission de déterminer, à travers un rapport circonstancié et détaillé, les causes, l’étendue et les conséquences des violations des droits de l’Homme et les violences qui ont secoué les fondements de la communauté togolaise de 1958 à 2005.
Elle doit, in fine, proposer des mesures susceptibles de favoriser le pardon et la Réconciliation.
Le Togo a été, secoué par une série de violences, notamment lors des scrutins présidentiels.
Junior AUREL
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