« L’heure est à l’action, face à la situation des femmes et des filles victimes ou potentielles victimes de violences en cette période de pandémie liée à la Covid-19 », a lancé ce vendredi à Lomé lors d’une conférence virtuelle Mme Ayawovi Demba Tignokpa (ministre de la planification du développement et de la coopération).
La rencontre est organisée par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) et le ministère de la planification du développement et de la coopération, dans le cadre de la journée mondiale de la population/ rapport sur l’état de population mondiale 2020. Thème débattu: « La situation des violences basées sur le Genre au Togo ».
Etaient également présentes : Mme Josiane Yaguibou (Représentante-résidente de l’UNFPA/Togo) et Mme Adoudé Tounou-Gblodzo (Coordonnatrice/GF2D). Artiste invité : Charles Ozzo.
Le monde entier est fortement touché par la Covid-19, avec tous effets néfastes dans tous les secteurs. Les périodes de confinement, ont également engendré d’autres phénomènes : les violences sur les femmes et les filles.
« Au cours des 12 derniers mois, plus de 243 millions de femmes et de filles, âgées de 15 à 49 ans, dans le monde ont été victimes de violences physiques ou sexuelles. Ces violences sont malheureusement favorisées et exacerbées par les mesures établies pour freiner la propagation de la covid-19: je veux parler du confinement », a dénoncé Mme Demba Tignokpa.
« Il est déjà assez difficile, pour les femmes, en temps normal, de dénoncer les violences qu’elles subissent, le confinement les contraint à subir dans le silence, ces violences. Elles sont ainsi nombreuses, de part le monde, à souffrir dans le silence, dans la douleur physique et psychologique, avec la faim et d’autres privations », a-t-elle précisé.
Selon la ministre, « l’heure est à l’action, face à la situation des femmes et des filles victimes ou potentielles victimes de violences en cette période de la Covid-19 ».
« Chacun, en ce qui le concerne a un rôle à jouer. A cet égard, je voudrais nous inviter tous et toutes, à des réflexions profondes, visant à endiguer le mal et donner davantage de chance aux femmes et aux jeunes filles de s’épanouir et de mieux contribuer au développement économique de notre pays », a indiqué Mme Demba Tignokpa, avant de lancer « un vibrant appel à nous tous (femmes et hommes), à plus de compréhension pour un mieux vivre ensemble ».
Des chiffres qui font peur
Les violences basées sur le Genre sont de diverses sortes : les violences physiques, les violences psychologiques et les violences sexuelles.
Selon des recherches menées par l’UNFPA, les violences basées sur le Genre, si le confinement se poursuit pendant 6 mois avec des perturbations majeures des services de santé, plus de 47 millions de femmes dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, pourraient ne pas être en mesure d’accéder au méthodes de contraception modernes, ce qui pourraient encore entraîner davantage de grossesses non désirées et nous les estimons à plus de 7 millions de grossesses non désirées, a dévoilé la Représentante-résidente de l’UNFPA/Togo.
« Nous pouvons également nous attendre à 31 millions de cas supplémentaires de violences, basées sur le genre. La perturbation dans la mise en œuvre des programmes d’appui de l’UNFPA sur le terrain, pourrait aussi entraîner 2 millions de cas de mutilations génitales féminines et 13 millions de mariages d’enfants entre 2020 et 2030, alors qu’ils auraient pu être évités », a ajouté Mme Josiane Yaguibou.
Les interventions ont été meublées de questions-réponses notamment sur les actions visant à mettre fin sur ces violences et les actions menées par l’UNFPA pour accompagner le gouvernement à freiner la propagation de la Covid-19.
La ministre a rappelé le programme Novissi mis en place par le gouvernement.
Il faut, a-t-elle proposé, renforcer ces actions de soutien et de relance économiques qui répondent aux besoins des femmes, confrontées à de multiples formes de discriminations.
« Ceci passera par le renforcement de la prévention et de réparation des actes de violences à l’égard des femmes et l’accompagnement des organisations de femmes, des clubs de femmes, des associations de jeunes et des responsables communautaires qui jouent un rôle crucial dans la prévention et la sensibilisation. Les services de police et de justice, doivent continuer à se mobiliser pour veiller à ce que les actes de violences perpétrées à l’encontre des femmes et des filles, soient traités en priorité et leur leurs auteurs ne restent pas impunis », a suggéré Mme Demba Tignokpa. FIN
Junior AUREL