Le nouveau coronavirus fait assez de ravages dans le monde. Au Togo, 20 cas déjà enregistrés, selon le dernier bilan officiel publié ce mardi : Aucun décès. Le premier cas annoncé, est guéri.
Dans une interview accordée à l’Agence Savoir News Dr. Gilbert Tsolenyanu (Secrétaire général du Syndicat national des praticiens hospitaliers du Togo /SYNPHOT) revient sur la situation sur le terrain, les mesures prises par le gouvernement, le travail abattu par le personnel soignant etc…
Comment voyez-vous la situation sur le terrain ?
En voyant les rapports conjoints du gouvernement togolais et de l’OMS sur la situation au Togo, on se rend compte évidemment que le Covid 19 gagne du terrain et que nous ne sommes qu’au début. Il est urgent de rappeler l’observance de manière scrupuleuse des gestes barrières et que les togolais prennent de plus en plus conscience de la situation. Et donc pour ce faire, je pense humblement que nous devions exagérément sensibiliser les gens.
Le SYNPHOT envisage déjà de lancer une action IECC de sensibilisation par une armée de bénévoles contre le Covid 19 dans les prochains jours, dès que nous aurons rassemblé assez de moyens financiers dans l’initiative solidarité personnels soignants Togo, que nous avons lancé depuis lundi par un don de masques et de gants au CHU Sylvanus Olympio, grâce au soutien de l’international joueur togolais Kodjo Fo-doh Laba.
Avez-vous le sentiment que les mesures successives prises par le gouvernement ont véritablement un effet? Si non, que faut-il encore faire?
Oui justement, comme nous l’avons dit sur tous les médias, nous tenons à saluer le gouvernement surtout le chef de l’État pour les mesures audacieuses prises. Et il faut dire que ces mesures sont importantes. Je pense qu’elles ont contribué à réduire la progression de ce mal, parce que, si elles n’avaient pas été prises on ne sait pas la situation qu’on aurait actuellement dans le pays. Ce sont des mesures qui, quoi qu’on dise, font leurs effets. Mais le problème, c’est l’application de ces mesures et par les différents ministres et aussi l’observance scrupuleuse par la population.
Nous invitons nos compatriotes à prendre conscience de la situation et à observer de manière scrupuleuse les mesures. Et moi, j’en invite à la discipline collective et individuelle. Nous sommes individuellement responsables et si nous ne le sommes pas assez, nous allons collectivement mourir.
Soyons responsables individuellement pour ne pas mourir collectivement. Pour moi, ces mesures ont de l’effet maintenant. C’est sûr que le gouvernement (le chef de l’État) décidera de prendre des mesures supplémentaires au fur et à mesure que nous évoluerons pour pouvoir réellement contenir la propagation de ce virus.
Faut-il encore de mesures supplémentaires à ce stade ?
Pour ma part, je pense qu’on n’a pas besoin de prendre d’autres mesures dans l’immédiat, mais appliquer les mesures qui sont prises.
Exemple : les débits de boissons. Il est quand même dommage de constater que dans les rues de Lomé, les nuits, des bars sont encore pleins à craquer, bondés de monde sans respect des mesures de distanciations sociales.
Si on ne veut pas aller à la fermeture des débits de boissons, il faut au moins interdire la consommation sur place, que les gens ne restent pas agglutinés dans les bars à boire, en ne respectant aucune mesure.
Il va falloir donc que le ministère en charge de ce secteur puisse prendre les décisions idoines pour veiller à cela. Les débits de boissons peuvent rester ouverts, mais que les gens ne consomment ou ne s’agglutinent plus sur place pour consommer.
C’est quand même important de le souligner. Il y aussi les transports en commun. Il y a d’autres mesures qui peuvent suivre, mais pour l’instant, il nous faut vraiment appliquer les mesures que le gouvernement a prises, les appliquer vraiment et nous verrons la suite.
Nous devons donc nous appliquer des rigueurs et savoir que nous sommes tenus de faire des choses pour nous tous.
Nous aussi en tant que personne physique, organisations de la société civile et autres, devons nous impliquer dans la lutte contre cette pandémie.
Au niveau du SYNPHOT — comme je l’ai dit — nous allons bientôt lancer une sensibilisation sur le terrain de Lomé à Cinkassé pour pouvoir expliquer la situation à la population tout en prenant soin de respecter les mesures de protection pour que les gens puissent comprendre ce qui se passe même dans les hameaux les plus reculés.
Vous êtes les premiers au front depuis quelques jours. Avez-vous tout le matériel à votre disposition pour faire convenablement le travail ? C’est rassurant ?
Nous sommes tenus d’être au front par le serment que nous avons prêté et par cette obligation éthique de pouvoir sauver nos compatriotes. Pour ce qui est du matériel, il est clair que, n’ayant pas pensé à cette pandémie comme la plupart des pays, nous soyons un peu surpris et qu’on n’en ait pas assez.
Nous avons donc décidé de lancer une initiative pour que les gens nous viennent en aide, pour que le SYNPHOT puisse acquérir du matériel pour le personnel soignant.
Nous savons aussi que le chef de l’État a pris des initiatives pour que rapidement, nous puissions avoir du matériel.
Le gouvernement fera ce qu’il doit faire, et nous aussi nous ferons ce que nous devons faire. Maintenant après cette crise, il faut vraiment que nous repensions notre système de santé.
Aujourd’hui, il apparaît clairement que sans la santé, rien n’est possible. L’économie est chamboulée totalement, les avions sont à terre, les frontières sont fermées juste à cause d’un virus.
Donc nous devons comprendre que la santé est fondamentale. Il faut redéfinir un modèle économique et social en mettant la santé au cœur des préoccupations. C’est pour cela que je dis qu’il n’y a pas de polémique à créer. Aujourd’hui, nous devons faire front ensemble contre ce fléau, mais savoir que ce n’est pas de l’anarchie ou un problème politique ou une posture de chapelle que de demander d’améliorer considérablement le système de santé dans notre pays ou de le réformer.
Et il est aussi clair aujourd’hui que la privatisation du secteur de la santé peu importe l’expression qu’on voudrait lui donner, a échoué. FIN
Junior AUREL/ Chrystelle MENSAH