Le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) — appuyé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) — a procédé mardi à Lomé à l’installation officielle des comités locaux de paix dans toutes les préfectures du Togo, a constaté l’Agence Savoir News.
Acteurs majeurs du processus d’indemnisation des victimes des troubles sociopolitiques qu’a connu le Togo, ces promoteurs de la paix véhiculent au quotidien des messages d’apaisement des cœurs et de paix dans leurs différentes localités.
Désignés par les communautés à la base, les comités de paix sont aujourd’hui des pionniers de la paix sur toute l’étendue du territoire national et ont déjà fait leur preuve durant les deux premières phases du processus d’indemnisation et de prise en charge psycho-médicales des victimes.
« En tant que comités de paix, nous avons joué un rôle de couloir de transmission entre le HCRRUN et la population à la base. Le comité paix joue premièrement le rôle d’information autour du processus d’indemnisation. Lorsque la liste des victimes à indemniser arrive à notre niveau, nous contactons le préfet et avec le président du comité de paix, nous informons les chefs cantons et de village qui nous aident à toucher ou touchent directement les victimes. La radio locale aussi relai l’information avec lecture précise des noms. Notre rôle primordial c’est l’information. Et le jour des indemnisations, on se charge de l’identification des victimes et aussi de l’interprétation des langues », a longuement expliqué Péléi Atinédi (secrétaire préfectoral du comité paix Sokodé).
« Mango a connu des moments difficiles, mais en tant que comité de paix, nous avons eu recours aux femmes de la localité pour apaiser les tensions. Les femmes sont beaucoup écoutées par leurs. Nous avons vu qu’il y a eu beaucoup d’amélioration dans notre préfecture parce que les jeunes ont écouté leurs mères », a confié pour sa part El Hadj Oumou Babakan Allassani (président du comité local de paix Oti).
Véritables ramifications du HCRRUN auprès des populations, les membres des comités de paix participent à plusieurs activités du HCRRUN notamment lors des opérations de prise en charge psycho-médicale et ou d’indemnisation des victimes.
« Ils sont tantôt sollicités pour la localisation des victimes, soit pour apporter, sous le regard professionnel des huissiers de justice, des témoignages et des éclairages précieux, soit pour l’identification des victimes relevant des lieux de résidence. Ils sont encore appelés à aider pour la compilation des informations destinées à la base des données du HCRRUN. Les membres des comités locaux de paix œuvrent à l’apaisement dans les familles ou les foyers de victimes », a renchéri Mme Awa Nana Daboya (présidente du HCRRUN).
La nécessité d’outiller ces acteurs de paix
Leur important rôle n’étant plus à démontrer dans le processus d’indemnisation et de réparation des victimes aux côtés du HCRRUN, il donc important d’outiller ces acteurs de paix et de cohésion sociale pour la suite de leur mission.
Ainsi, les membres des comités de paix de toutes les préfectures du pays ont débuté mardi à Lomé, un conclave de trois jours visant à renforcer les capacités pour un meilleur accompagnement du HCRRUN surtout en ce qui concerne la réparation collective des victimes.
« Le temps presse pour l’institution d’expérimenter les réparations communautaires telles qu’inscrites à la recommandation 54. Or, au regard des impératifs liés à l’exécution de ce nouveau volet, il ressort que les activités prévues nécessitent davantage un accompagnement local porté par des acteurs qui vivent au sein des communautés concernées par ces réparations collectives », a ajouté la présidente du HCRRUN.
Selon le représentant résident du PNUD, il s’agit de faire des comités de paix des différentes préfectures du Togo, des instruments efficaces pour une plus grande cohésion sociale dans les communautés d’une part et contribuer à la réussite d’un des axes essentiels qui relève du mandat des HCRRUN: la mise en œuvre du programme de réparation au profit des victimes dans la droite ligne des recommandations de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR).
« Vous avez le devoir d’apporter au HCRRUN, l’accompagnement nécessaire pour le succès du processus de réparation des victimes et plus globalement la mise en œuvre des recommandations de la CVJR. Vous ne devriez pas non plus oublier que la réparation des victimes par le HCRRUN vise, de façon générale, l’apaisement du climat sociopolitique et la cohésion sociale. Vous devrez donc agir en conséquence en tenant compte de tous les aspects de la mission du HCRRUN qui vise le renforcement de l’unité nationale », a prodigué Aliou Dia.
Le PNUD a donc accompagné l’installation définitive de ces comités de paix avec de l’outil informatique pour toutes les préfectures.
Il faut noter que le programme de réparation du HCRRUN — démarré depuis 2017 — vient d’achever la phase 2 des indemnisations.
Au total, 7660 victimes des violences à caractères politiques de 1958 à 2005 ont été indemnisées sur les 22. 415 recensées par la CVJR. Certaines victimes dites « vulnérables » ont bénéficié des prises en charges médicales. FIN
Chrystelle MENSAH
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