La coalition de l’opposition (C14) a vivement contesté ce mardi lors d’une conférence de presse, les résultats des élections locales du 30 juin, donnant large victoire au parti au pouvoir avec plus de 60% de sièges de conseillers municipaux.
L’Union pour la République (UNIR, au pouvoir) a raflé 895 des 1490 sièges de conseillers municipaux dans 114 communes du pays, selon les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Cette formation politique a réalisé le meilleur score dans les régions du nord au pays. Dans certaines localités, UNIR a enlevé la totalité des sièges, faute « d’adversaires ».
L’Alliance nationale pour le changement (ANC), la coalition de l’opposition (C14), l’Union des forces de changement (UFC) et le Nouvel Engagement Togolais (NET) ont obtenu respectivement 134, 131, 44 et 33 conseillers municipaux.
Selon la C14, les résultats publiés par la commission électorale « ne sont en rien conformes à la réalité ». « Ils consacrent le renversement des valeurs morales et l’absence de toute étique politique que les tenants du système plus que cinquantenaire utilisent sans vergogne pour se maintenir au pouvoir et qui lui ont permis de s’octroyer 895 conseillers ».
Pour ce regroupement de six partis de l’opposition, « le régime apprend aux citoyens à tricher, à voler, à être violents et à ne pas vivre des fruits de leur travail ».
« Plusieurs anomalies graves ont entaché la fiabilité des élections locales que les populations togolaises ont attendues pendant des décennies et montré la mainmise totale du pouvoir sur l’ensemble du processus électoral », dénonce la C14.
Comme anomalies, elle relève pêle-mêle « des listes électorales totalement biaisée pour empêcher des citoyens de se faire inscrire », le « refus délibéré de la Céni de sensibiliser les populations togolaises à participer aux élections locales » la « volonté d’opacité affichée par le pouvoir en refusant l’accréditation à tous les observateurs nationaux ».
La C14 dénonce également « l’utilisation massive de bulletins pré-votés » et la remise en liberté des «personnes prises en flagrant délit de fraude».
« Malgré toutes ces anomalies et fraudes, la C14 ne regrette pas d’avoir pris la décision courageuse de participer à ces élections », souligne ce regroupement, qui a ajoute avoir formulé des «recours fondés sur les preuves en sa possession ».
« Cette étape du processus vers l’instauration de la démocratie par l’alternance à l’horizon 2020 », poursuit la coalition « s’achève avec la démonstration de l’extrême vulnérabilité matérielle d’une frange importante des électeurs appauvris par le régime, la démotivation d’une immense proportion de la population comme en témoigne le faible taux de participation ».
Elle « lance donc encore une fois un appel vibrant à toutes les forces démocratiques, ceux qui ont pris part au scrutin comme ceux qui l’ont boycotté, qu’ils soient membres de partis politiques, de la société civile ou de la diaspora, pour une remobilisation générale en vue de la poursuite du combat pour l’alternance en 2020 et la libération de tous les détenus politiques pris en otage depuis plusieurs mois ».
Rappelons qu’au total 570 listes de partis politiques et d’indépendants ont été retenues par la Cour suprême pour prendre part à ce scrutin.
Le Parti national panafricain (PNP) a boudé ce scrutin, auquel ont participé tous les principaux partis de l’opposition. Ces derniers avaient boycotté les élections législatives de décembre 2018. FIN
Junior AUREL