Des centaines de personnes ont manifesté samedi devant le palais de justice de Ouagadougou pour réclamer « vérité et justice » pour les victimes de Yirgou, localité du nord du Burkina Faso où des représailles contre la communauté peule, après une attaque terroriste, ont fait 49 morts le 1er janvier.
« Vérité et justice pour Yirgou », ont scandé les manifestants, en majorité des femmes portant des calebasses renversées sur la tête.
« Non aux violences communautaires », « Non à la stigmatisation des communautés » et « Plus jamais ça », pouvait-on lire sur des pancartes.
Dans la nuit du Nouvel An, des hommes armés soupçonnés d’être des jihadistes ont attaqué le village de Yirgou, dans la commune de Barsalogho (centre-nord), tuant sept personnes de la communauté mossi, majoritaire au Burkina, dont le chef de village, avant de prendre la fuite.
Dans la foulée, des villageois s’en sont pris à des membres de la communauté peule dans différentes localités de la région, tuant 49 personnes selon les autorités, 210 selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC).
« Jusqu’à ce jour il n’y a eu aucune interpellation. Nous voulons que la lumière soit faite sur ces assassinats et que justice soit rendue aux victimes », a lancé Aissata Barry, membre du mouvement « Femmes debout », une cellule du CICS, organisateur de la manifestation.
« Jusqu’à présent, les kolgweogo (milices d’autodefense) qui étaient impliqués dans le massacre de Yirgou se baladent dans la rue », a regretté le porte-parole du CISC, Dr Daouda Diallo. « Mieux ils continuent même d’enlever les populations », a-t-il indiqué, accusant ces milices « au moins 10 personnes entre février et juin et l’assassinat de quatre autres personnes ».
Selon lui, « ce sont les témoins gênants qu’ils tuent pour empêcher la manifestation de la vérité ».
Le nord du Burkina est en proie à des attaques jihadistes récurrentes, auxquelles s’ajoutent les affrontements intercommunautaires.
A l’image du Mali, du Niger du Nigeria et même de la Côte d’Ivoire, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peuls, traditionnellement éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Comme certains Peuls ont rejoint les groupes jihadistes qui ont tué plus de 450 personnes depuis 2015, il est fréquent de voir des Burkinabè faire l’amalgame entre jihadistes et Peuls. Les groupes jihadistes attisent ces tensions, selon de nombreux experts.
SOURCE : AFP