Déjà trois semaines pour cette nouvelle année. En 2018, la presse togolaise a été fortement sollicitée, en raison de la taille de l’actualité. Mais, l’on se demande si au moins un petit pas a été franchi, en matière de traitement professionnel des informations.
Selon Aimé Ekpé, président de l’Observatoire Togolais des Médias (OTM), « des efforts ont été enregistrés pour améliorer la qualité du travail ».
« Nous ne pouvons pas dire que tout est propre, mais nous notons quand même des efforts pour améliorer la qualité du travail », a-t-il précisé dans une interview accordée à l’Agence Savoir News.
Rappelons que l’OTM est une instance d’autorégulation créé en 1999 par les associations nationales des journalistes.
L’Observatoire a pour objectif notamment de défendre la liberté de presse, de faire respecter le Code de déontologie des journalistes du Togo et de protéger le droit public à une information libre, complète, honnête et exacte.
Savoir News: Monsieur Aimé Ekpé, qu’est-ce qui vous a le plus marqué en 2018?
Aimé Ekpé: L’année 2018 m’a marqué sur plusieurs points : d’abord, nous avons remarqué que le travail s’est amélioré par rapport aux années précédentes, et c’est un point positif pour nous.
Ensuite, cette année a été marquée par le renouvellement de plusieurs instances de notre corporation, à commencer par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC), au lendemain du drame qui l’avait frappée, le Conseil National des Patrons de Presse (CONAPP), le Patronat de la Presse Togolaise (PPT) et l’OTM.
Vous voyez vous-mêmes, que pas mal d’organisations de presse ont renouvelé leurs instances dirigeantes.
Par ailleurs, en ce qui concerne le code de la presse, il y a une loi qui a été votée par l’Assemblée nationale, qui améliore le code de la presse et qui reconnaît officiellement, l’existence de la presse en ligne. Et là, c’est une avancée notable. Le texte étant voté, il faut un décret d’application et je crois que ce sera fait cette année.
Je ne passerai pas sous silence, les manifestations couvertes par les médias, selon leurs lignes éditoriales. Nous avons été plus ou moins fidèles à la restitution des faits. L’un des points sombres, concerne les législatives du 20 décembre : l’OTM n’a pas été vraiment associé. Donc nous n’avons pas fait notre travail comme cela se doit. Le monitoring devrait être organisé. Malheureusement, nous n’avons pas pu bénéficier de financement pour faire ce travail. En gros, voilà quelques points qui nous ont marqué 2018 en ce qui concerne la presse en général.
En matière de professionnalisme, avez-vous le sentiment qu’un pas a été franchi? Si oui, justifiez votre réponse. Si non, justifiez également votre réponse
Depuis 2014 où on a organisé les états généraux de la presse, sur le thème « défi du professionnalisme », le travail continue toujours, car on en fait toujours un défi. Au fil des années, on s’aperçoit quand même qu’il y a des efforts qui se font au niveau des médias pour améliorer la qualité du travail. Aujourd’hui, le grand défi : c’est d’avoir une presse responsable et professionnelle, et nous sommes sur le pas. Nous ne pouvons pas dire que tout est propre, mais nous notons quand même des efforts pour améliorer la qualité du travail.
C’est vrai qu’au même moment où d’autres font des efforts, il y en a d’autres qui malheureusement, n’en font pas assez. Et nous sommes parfois obligés de faire le gendarme derrière ces derniers, pour les rappeler à l’ordre. C’est notre travail au niveau de l’OTM : faire respecter les règles d’éthique et de déontologie. Nous faisons en sorte que tout le monde puisse aller vers l’excellence.
« Des efforts ont été enregistrés pour améliorer la qualité du travail ». Mais sur quoi vous vous êtes basé, pour une telle affirmation ? Les rappels à l’ordre ? Les interpellations ? etc…
C’est d’abord le nombre d’interpellations ou de rappels à l’ordre et le nombre d’invitations à l’OTM qui ont diminué par rapport aux années précédentes où pratiquement toutes les semaines il y avait des rappels à l’ordre : un ou deux organes étaient invités à comparaître devant le tribunal des pairs chaque semaine. Mais en 2018, cela a diminué drastiquement. Oui, il y a une amélioration aussi bien au niveau de l’audiovisuel que de la presse écrite et de la presse en ligne. Les responsables d’organes sont régulièrement invités à comparaître devant le tribunal des pairs chaque semaine. Cette année, cela a diminué considérablement.
Ils sont de plus en plus conscients, ils font un travail responsable et professionnel. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de rappels à l’ordre ou d’interpellations, mais le rythme a beaucoup diminué par rapport aux années antérieures. Les plaintes traditionnelles ont diminué. C’est vrai que nous faisons certaines interventions par rapport à certaines interpellations, au niveau de la police ou du service de renseignements. Mais dans l’ensemble, les plaintes traditionnelles enregistrées par l’OTM ont diminué, et on s’en félicite.
Est-ce le fruit des ateliers de renforcement de capacités, de communiqués de l’OTM etc… ?
Ce n’est pas que les journalistes ne maîtrisent pas les règles propres à la profession, mais parfois, c’est l’oubli. Raison pour laquelle l’OTM essaie chaque fois, qu’elle a les moyens, d’organiser des séances de recyclages pour rappeler aux journalistes, certaines notions et certaines dispositions des textes. On aurait aimé en faire plus, multiplier ces séances de recyclage, mais nous n’avons pas souvent les moyens.
On voudrait également aller vers l’intérieur du pays et organiser ces séances à l’intention de nos confrères de ces localités, mais nous n’avons pas les moyens.
Quels sont vos vœux à l’ensemble de la presse togolaise pour cette année?
Nous sommes toujours face au même défi : aller vers une presse responsable et professionnelle. Faire en sorte qu’on puisse respecter les règles d’éthique et de déontologie. L’OTM a édité depuis 1999, le code de déontologie du journaliste, qui ne comporte que 25 article. Notre vœu le plus cher est que tout le monde puisse respect articles et on sera sûr d’avoir respecté toutes les dispositions du code de la presse en général. L’essentiel, c’est de tendre vers une presse responsable et professionnelle. FIN
Propos recueillis par Ambroisine MEMEDE