Les élections législatives se tiendront « bel et bien le 20 décembre 2018 », a affirmé ce mercredi, Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique) dans un entretien à bâtons rompus à trois organes (Savoir News, Afreepress et Togo Breaking News), précisant qu’il n’y a « aucune perspective d’un sommet extraordinaire de la Cédéao sur le Togo ».
« Les Togolais peuvent être rassurés, le processus électoral est irréversible. Il ira à son terme et le scrutin se tiendra bel et bien le 20 décembre 2018 », a martelé le ministre.
‘Des rumeurs et fantasmes colportés sur les réseaux’
Le processus électoral en cours, est un processus qui s’inscrit « scrupuleusement dans le cadre des décisions et recommandations de la Conférence des chefs d’État et de gouvernements de la Cédéao, l’instance suprême de notre organisation sous-régionale », a souligné le ministre.
« Il n’y a aucune perspective d’un sommet extraordinaire de la Cédéao sur le Togo. Les rumeurs colportées sur les réseaux sont des fantasmes, le fruit d’une vaste opération de manipulation des esprits, de désinformation et d’intoxication dont le seul but est d’entretenir l’illusion et de faux espoirs, de se rassurer, de galvaniser la coalition et d’exacerber la tension et les violences », a répondu M.Bawara.
La communauté internationale, a-t-il poursuivi « est pleinement consciente que la coalition, ses leaders et certains groupuscules se disant de la société civile, se sont lancés à corps perdu dans une logique de violence et d’affrontement, en espérant provoquer un bain de sang et obtenir l’arrêt du processus électoral ».
Et les informations sur une éventuelle intervention du Parlement de la Cédéao ?
Réponse du ministre : « Le Parlement de la Cédéao n’a aucune vocation à prendre une résolution quelconque demandant le report des élections législatives au Togo, parce qu’il n’en a pas les attributions et le pouvoir. La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement constitue l’instance suprême et ultime de l’organisation sous-régionale. Aucun autre organe et aucune autre instance ne peut se substituer à elle et agir dans un sens contraire à ses décisions ! ».
La campagne électorale pour ces législatives a démarré depuis le 4 décembre et prendra fin le 18 décembre. Les leaders des 14 partis politiques de la coalition de l’opposition n’ont pas présenté de listes pour ce scrutin, dénonçant des « irrégularités ». Ils exigent l’arrêt du processus électoral et la reprise de toutes les activités déjà menées par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Ces derniers jours des manifestations à l’appel de la coalition ont fait 6 morts (selon le bilan dressé par ce regroupement de 14 partis politiques de l’opposition) et 4 morts (selon le gouvernement) et plusieurs blessés.
Le gouvernement avait interdit ces manifestations, en évoquant le « risque très élevé de troubles graves à l’ordre public », la campagne électorale ayant démarré.
La Coalition a condamné une « barbarie » et demandé « aux peuple togolais de continuer la lutte jusqu’à l’arrêt du coup de force électoral en cours en vue de faciliter la réalisation de la feuille de route de la Cédéao et les décisions du comité de suivi ».
‘Beaucoup de dirigeants de la sous-région savent que l’opposition est prête à tout. Des schémas macabres et odieux ont été échafaudés, mais ils seront démantelés et neutralisés ’
« C’est déplorable et regrettable. C’est déplorable que certains leaders politiques ce soient enfermés dans cette logique de violence et d’affrontement. Que certains leaders politiques et même des leaders qui se prétendent de la société civile se mettent à l’esprit qu’il faut provoquer un bain de sang, un affrontement sanglant entre togolais, agresser et attaquer les forces de l’ordre, en espérant de ce fait, pouvoir attirer l’attention et la compassion des dirigeants de la sous-région et de la communauté internationale. Je crois qu’ils se trompent », a poursuivi M.Bawara.
A en croire ce dernier, « beaucoup de dirigeants savent que l’opposition est prête à tout ».
« La coordinatrice de la coalition a dit qu’ils utiliseront tous les moyens pour empêcher les élections. Des officines proches de certains partis de la Coalition échafaudent des plans et schémas macabres et odieux en cherchant à bloquer le pays, détruire, provoquer mort et désolation. Les services de l’Etat sont à la tâche, et tous ces plans et schémas seront démantelés et neutralisés. Aucun gouvernement ne peut accepter qu’un parti politique ou un groupe de partis agisse dans un esprit de défiance et de provocation et en cherchant à créer le désordre et le chaos. Ce n’est pas possible. Nous allons faire respecter la loi et l’ordre public. C’est une responsabilité régalienne ».
Appels des confessions religieuses et Osc au « report » du scrutin
Plusieurs confessions religieuses sont montées au créneau ces derniers jours, appelant au report des élections. Les cadres musulmans ont également emboîté le pas à ces Églises.
Par ailleurs Mgr Philippe Fanoko Kpodzro (Archevêque émérite de Lomé et ancien président de la conférence nationale) a également interpellé le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé.
Plus fort, le Mouvement des Forces Vives « Espérance pour le Togo » (le plus grand rassemblement d’organisations de la société civile) a annoncé une série d’actions dont un « grand rassemblement pour la résistance » le 16 décembre. Pour un « non aux élections ».
« Espérance pour le Togo » — ayant pour porte-parole le Révérend Père Pierre Chanel Affognon — a prévu des prières (messe, culte et prière musulmane), l’expression culturelle (concert gratuit avec des chorales et des artistes engagés) et l’échange citoyen (un grand rassemblement citoyen pour la résistance le dimanche 16 décembre).
Le Mouvement demande « à tous les citoyens togolais qui cherchent véritablement la paix, d’entrer en résistance contre ce régime parce qu’il veut organiser des élections sans réformes ».
« C’est facile de se cacher derrière un Mouvement », a réagi M.Bawara, doigtant le Révérend Père Pierre Chanel Affognon.
« Il devrait avoir le courage d’assumer clairement et ouvertement ses prises de position et son engagement politiques. Le mouvement dont il est le porte-étendard constitue un vrai facteur de discorde et de division. Il est en train de semer les germes de la haine et de l’intolérance dans la société togolaise ».
Le ministre a invité l’Archevêque émérite de Lomé à « plus de retenue, d’humilité et de sagesse que lui confère son statut ».
« Ses déclarations intempestives et ses supplications n’émeuvent plus personne, parce que cela manque de sincérité, au regard de son rôle nocif et néfaste dans les turpides et errements de la conférence nationale », a souligné M.Bawara. FIN
Junior AUREL