Les Évêques du Togo ont dénoncé ce mardi, la « mauvaise foi » des protagonistes de la crise qui secoue le pays depuis plus d’un an et les ont invités « à la raison, à un sursaut patriotique, à l’amour, à la prise de conscience de la valeur inestimable et sacrée de chaque vie humaine ».
« Aucun togolais n’est fier du spectacle désolant que nous imposent continuellement les acteurs politiques de notre pays », soulignent les Évêques dans un message rendu public et abondamment relayé sur les réseaux sociaux.
Selon ces derniers, « depuis des décennies, la lutte pour la liberté, la démocratie, l’alternance politique, ainsi que les processus de réconciliation dans notre pays, n’ont jamais abouti à cause de la mauvaise foi des acteurs politiques, plus soucieux de leurs intérêts personnels que du bien commun ».
« Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’espoir suscité par l’implication de la Cédéao dans la résolution de la crise qui secoue le pays depuis plus d’un an, à travers la désignation des facilitateurs, cède lentement le pas à la désillusion et à la déception. Le désespoir une fois encore, s’est emparé du pays », regrettent-ils.
« Comme tant de citoyens et d’observateurs étrangers de notre crise », poursuivent-ils, la Conférence des Évêques du Togo « estime que la préparation unilatérale des élections, en violation flagrante de certaines dispositions contenues dans la feuille de route des médiateurs de la Cédéao, risque de conduire de nouveau le pays vers le chaos ».
« Il est en effet évident que la tenue des élections sans les réformes qui s’imposent, ne résoudra pas le problème togolais. Elle ne fera qu’exacerber les tensions et les violences », avertissent les Évêques.
A en croire ces Hommes de Dieu, « ce dont le Togo a profondément besoin, c’est un changement profond dans la manière de gouverner et de faire la politique, car quel que soit celui qui sera à la tête de notre nation, si le système ne change pas, les problèmes, à coup sûr, ne connaîtront pas de répit ».
Les Évêques appellent « à l’arrêt de tout calcul politicien et de toute violence d’où qu’ils viennent, au respect des engagements et de la parole donnée, des libertés, des règles démocratiques, à la mise en œuvre des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales, seules susceptibles de garantir des élections libres, transparentes et crédibles, gages d’une paix durable ».
Rappelons que les élections législatives sont prévues le 20 décembre, par la feuille de route des chefs d’État de la Cédéao pour une sortie de crise au Togo.
Mais, la coalition des 14 partis politiques de l’opposition (principale coalition de l’opposition) boude ce scrutin, dénonçant des « irrégularités » dans l’organisation. Elle exige l’arrêt du processus électoral et la recomposition du bureau de la Commission électoral nationale indépendante (Céni) et la reprise de toutes les activités menées par cette structure chargée d’organiser et de superviser ce scrutin.
Par ailleurs, la coalition (qui boude également la Céni), accuse la Cédéao de soutenir le pouvoir en place. Le gouvernement de son côté, dénonce ces derniers jours, la « mauvaise foi » des leaders de ce regroupement.
Ce mardi, Mme Cristina Martins Barreira (l’Ambassadeur de l’Union européenne) a affirmé que « l’Union européenne et ses partenaires du Groupe des 5 appuient sans réserves les efforts de facilitation de la Cédéao ».
« De même, nous avons toujours encouragé l’ensemble des acteurs togolais à privilégier le dialogue et le compromis pour une sortie de crise durable », a-t-elle souligné, lors de la 19ème session du dialogue UE/Togo.
« Ceci dit », a poursuivi la haute responsable européenne, « un test incontournable pour la vitalité de toute démocratie réside dans la tenue des élections régulières, transparentes et crédibles ». FIN
Junior AUREL