L’épidémie de choléra « se propage rapidement » dans le nord-est du Nigeria, région toujours en proie au conflit contre Boko Haram, où elle a fait 175 morts et affecte plus de 10.000 personnes, a mis en garde lundi le Norwegian Refugee Council (NRC).
« La maladie se propage rapidement dans les camps de déplacés, qui ont un accès limité à des installations sanitaires décentes », a déclaré Janet Cherono, chef de projet du NRC à Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno. « La saison des pluies n’a fait qu’aggraver ces conditions ».
L’épidémie de choléra, qui frappe les trois Etats du nord-est (Borno, Adamawa, Yobe), a fait 175 morts et près de 10.000 personnes, porteuses du virus, ont été récensées début novembre.
Le NRC s’inquiète particulièrement de la « très forte concentration de population » dans les camps de déplacés ou dans les camps informels où se sont réfugiés les personnes fuyant les combats entre l’armée nigériane et les insurgés de Boko Haram.
Maiduguri, la grande ville du nord-est, accueille à elle seule 243.000 personnes, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (IOM).
« Dans le camp de déplacés de Kagoni Sangaya par exemple, huit toilettes avaient été construites pour environ 150 personnes. Aujourd’hui, 500 personnes vivent dans ce camp », rappelle Janet Cherono.
La semaine dernière, le président Muhammadu Buhari, qui est en campagne pour sa réélection en février, a déclaré « l’Etat d’urgence sanitaire » lors d’un Sommet sur l’accès à l’eau.
Au Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec 180 millions d’habitants, un quart des habitants n’ont pas accès à des toilettes et « l’accès à l’eau courante a décliné de 32% en 1990 à 7% en 2015 », a rappelé le président du Nigeria.
« Cependant, personne n’a porté l’attention nécessaire à ce problème, à en juegr par le nombre important de maladies liées à l’eau qui se développent sur notre territoire », a regretté M. Buhari, qui s’est engagé à « ne plus tolérer ces épidémies qui déciment la population ».
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés. Elle est facile à traiter par réhydratation notamment, mais peut tuer en quelques heures faute de traitement.
L’insurrection de Boko Haram et sa répression par l’armée ont fait plus de 34.000 morts depuis 2009 et quelque 1,8 millions de déplacés ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.
Selon des ONG, 11 millions de Nigérians ont un besoin urgent d’aide humanitaire.
SOURCE : AFP