Les choses iront désormais plus vite dans la résolution de la crise qui secoue le Togo — petit pays de l’Afrique de l’ouest d’environ 7 millions d’habitants — la Cédéao ayant finalement décidé de prendre le taureau par les cornes.
Premier acte posé: Le séjour samedi à Lomé des délégations de la Commission de la Cédéao et des facilitateurs.
Ces derniers ont longuement échangé avec le parti au pouvoir et la coalition des 14 partis politiques de l’opposition, afin de proposer aux présidents ghanéen et guinéen (facilitateurs), un projet de feuille de route pour le prochain round de discussions, avant le sommet de la Cédéao, qui se tiendra probablement dans la capitale togolaise. Pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée pour la tenue de cette rencontre.
Et cette démarche de la mission qui a séjourné samedi à Lomé, cadre très bien avec la vision des chefs d’Etat ouest-africains, qui ont mandaté le 14 avril dernier à Lomé, la Commission de la Cédéao à « prendre toutes les dispositions pour apporter son appui aux présidents ghanéen et guinéen et de proposer des recommandations qui seront soumises au prochain sommet ».
A Lomé, les yeux sont désormais tournés vers la Cédéao, les présidents facilitateurs étant attendus les prochains jours.
« Les deux facilitateurs pourront venir à Lomé en fin de semaine ou en début de semaine prochaine. Ce qui est certain, les choses iront plus vite cette fois-ci », a confié ce mardi à l’Agence Savoir News, une source proche des discussions.
Mais sur le terrain, la coalition maintient la pression: encore trois jours de bras de fer (6, 7 et 9 juin), la bataille des itinéraires faisant toujours rage entre le pouvoir et la coalition
Les leaders de ce regroupement ont confirmé ce mardi lors d’une conférence de presse, leur « appel à manifester pacifiquement à Lomé et sur toute l’étendue du territoire national suivant les itinéraires définis par la coalition ».
Depuis le week-end, le gouvernement a rejeté ces itinéraires, et fixé ses propres couloirs, en raison de « risques de troubles graves à l’ordre public ».
Par ailleurs, les manifestations « demeurent interdites dans les villes de Sokodé, Bafilo et Mango pour des raisons de sécurité », avait précisé Payadowa Boukpessi, le ministre de l’administration territorial dans un courrier adressé à la coalition.
Le ‘Rapport de force’
« Nous sommes dans un rapport de force, qui doit nous permettre à la fois de récupérer notre droit de manifester, mais aussi de montrer que nous avons mal, le peuple est à la recherche de quelque chose, qu’il n’a pas encore obtenu. Ce n’est pas parce que la Cédéao a prévu nous aider à trouver une solution d’ici peu, que nous allons nous endormir et penser que le problème réglé. Au contraire, c’est maintenant qu’il faut montrer que nous tenons à ce que nous demandons, que les choses changent et que la Cédéao comprenne que sa solution doit permettre aux togolais d’obtenir ce qu’ils veulent », a confié Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordonnatrice de la coalition).
On assistera encore et à coup sûr, à trois jours de forte tension sur le terrain, car les lieux de rassemblement et le point de chute (fixés par la coalition de l’opposition) seront bouclés par des forces de l’ordre. Le ton a été d’ailleurs donné mardi soir à Agoè-Zongo, avec des accrochages entre militants du Parti National Panafricain (PNP) et des forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes. Un bus de la Sotral aurait été endommagé.
La coalition de l’opposition qui manifeste depuis septembre contre le régime en place, exige notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
La communauté internationale, a invité à plusieurs reprises, les protagonistes à la table de négociations, afin de trouver une solution durable à cette crise.
Démarré le 19 février dernier sous la facilitation du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le dialogue n’a connu que trois séances: 19 février, 23 février et 23 mars. Les discussions achoppent notamment sur la candidature ou non du président Faure Gnassingbé. Élu en 2005, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010.
Junior AUREL