Me Isabelle Améganvi, 2eme vice-présidente de l’Alliance nationale pour le Changement (ANC, la principale formation politique de l’opposition) et présidente du groupe parlementaire de ce parti, a interpellé ce mercredi le Premier ministre, en demandant des comptes dans l’affaire Bolloré, qui fait grand bruit ces derniers jours.
La députée a adressé une lettre à Selom Komi Klassou, l’invitant à mettre à la disposition de l’Assemblée nationale, des pièces comptables « des contrats de cession ou de concession » conclus par l’Etat avec certaines entreprises dont Bolloré Africa Logistics.
Me Améganvi a indiqué avoir réchauffé une lettre déjà adressée par le chef de file de l’opposition Jean Pierre Fabre au Premier ministre le 24 mai 2016 sur la même affaire. Selon elle, cette correspondance à l’époque, n’avait reçu aucune réponse.
« Concrètement, monsieur Vincent Bolloré est soupçonné d’avoir financé illégalement en 2010, une partie de la campagne électorale de monsieur Faure Gnassingbé à hauteur de huit cent mille euros, soit plus d’un demi-milliard de francs CFA, et obtenu en contrepartie la concession du Port Autonome de Lomé. C’est précisément en raison de présomptions de malversations dans les attributions desdites concessions par l’Etat togolais, que le Chef de File de l’Opposition avait demandé copie des contrats en cause, en vue d’en examiner la régularité ».
Ainsi, elle adressé dix questions au chef du gouvernement, en lui demandant de fournir des « réponses » aux députés.
Comme questions : Quelle est la procédure en vertu de laquelle la concession a été attribuée à monsieur Vincent Bolloré? En cas d’appel d’offres, quelle est la date de publication de cet appel d’offres au Journal Officiel de la République Togolaise, ou tout autre journal d’annonces légales ? Quelle est la date à laquelle la liste des participants à cet appel d’offres, a été rendue publique? Quelles sont les entreprises retenues à l’issue de cette sélection ? Quelle est la date du dépouillement de l’appel d’offres ? Quelle est la date de publication du résultat de ce dépouillement ? Quelles sont les montants annuels des redevances versées par la société
Bolloré Africa Logistics, au Trésor public, depuis 2010, au titre des contrats la liant à l’Etat togolais? ….
Rappelons que Vincent Bolloré a été mis en examen le 25 avril dernier à Paris pour « corruption », dans une enquête sur les conditions d’attributions de ses concessions portuaires en Afrique de l’Ouest notamment les Ports de Lomé et de Conakry.
A Paris, l’enquête vise surtout des soupçons de « corruption d’agents étrangers dépositaires de l’autorité publique », « abus de biens sociaux » et « abus de confiance ».
Mais le groupe Bolloré a « formellement » démenti avoir commis des irrégularités en Afrique, où il gère seize terminaux portuaires.
Dans une réaction le 3 mai dernier, le ministre de la fonction publique Gilbert Bawara, a affirmé que le Togo ne se sent « pas concerné » par cette procédure judiciaire en France.
« Un opérateur économique français est poursuivi par la justice de son pays. Nous respectons la justice française, nous sommes attachés à la présomption d’innocence. L’Etat togolais n’a aucun élément fiable du dossier qui est en cours en France. Nous n’avons pas à prendre d’engagement particulier, nous n’avons pas à donner d’assurance quelconque, parce que nous ne nous sentons pas concerné. Mais si dans la poursuite de la procédure judiciaire, l’Etat togolais était requis pour fournir une information ou quelques éléments que ce soit, soyez rassurés, nous le ferions volontiers et sans aucun problème », avait précisé sur radio Victoire Fm M.Bawara. FIN
Junior AUREL