« Nul n’a besoin des menaces, des coups de boutoir et du diktat de la coalition pour faire aboutir le dialogue ou pour réaliser les réformes politiques », a martelé ce mercredi Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique), en réaction à la décision de la coalition de l’opposition de braver l’interdiction de manifester.
Les 14 partis politiques de ce regroupement ont appelé à trois jours de marches à Lomé et à l’intérieur du pays à compter de ce mercredi, manifestations interdites par le gouvernement.
Très tôt, les trois points de rassemblement, ont été vite bouclés par des forces de l’ordre. Certains responsables de cette coalition qui ont tenté de se pointer à Sancta Maria (l’un des trois points de rassemblement), ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes.
« A partir du moment où la coalition a décidé de rompre les soubassements du dialogue et de se délier des engagements essentiels, il va falloir en tirer toutes les conséquences », a souligné M.Bawara.
Pour ce dernier, « le gouvernement a suffisamment fait preuve d’ouverture et de bonne volonté en suspendant le processus électoral malgré les contraintes du calendrier électoral et de l’échéance constitutionnelle liée à la tenue des élections législative. Depuis le mars et la dernière séance de dialogue, aucun acte n’a été pose qui puisse justifier les agissements de la coalition. De même, il est absurde de dire que la décision de suspension des manifestations aurait été étendue à la société civile ».
« La question de fond concerne le climat de sérénité et d’apaisement auquel tous les acteurs doivent œuvrer sans exception, non l’identité des organisateurs des manifestations!
Au demeurant, le front citoyen Togo débout est une excroissance et une filiale certifiée de la coalition. La plupart des membres de ce front, issus des mouvements associatifs ou syndicaux, sont des militants et des activistes notoires de l’opposition. Beaucoup y sont encartés et leur objectif est identique, déstabiliser les institutions démocratiques. Ils sont tous promoteurs et partisans de la même logique insurrectionnelle. Toutes les initiatives et activités du front citoyen bénéficient ostensiblement du soutien de la coalition, comme en attestent les communiqués de presse et les déclarations de la coalition », affirme le ministre.
Deux responsables du front citoyen Togo débout ont été brièvement interpellés samedi dernier, le mouvement ayant bravé l’interdiction de manifester.
Le dialogue et l’esprit de compromis
Démarré le 19 février dernier sous la facilitation du président ghanéen Nana Akufo-Addo, le dialogue n’a connu que trois séances : 19 février, 23 février et 23 mars.
Les discussions achoppent notamment sur la candidature ou non du président Faure Gnassingbé. Élu en 2005, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et 2015.
La coalition rejette catégoriquement la candidature du président de la République en 2020.
« Le gouvernement va persévérer dans les efforts de dialogue et l’esprit de compromis, avec l’appui du Facilitateur, afin d’opérer les réformes politiques indispensables à la rénovation de la vie démocratique, sans toutefois sacrifier les impératifs de préservation de l’ordre public et de la sécurité. Les dispositions les plus appropriées continueront à être prises à cet effet aussi bien à Lomé et que sur toute l’étendue du territoire national », a indiqué M. Bawara. Les leaders de la coalition et leurs militants, a-t-il poursuivi, « savent pertinemment à quoi s’en tenir et surtout les conséquences que toute personne encourt en cas d’acte ou d’agissement qui contreviennent aux décisions gouvernementales et aux lois et règlements de notre pays ».
« Le souci d’apaisement et de décrispation ne sera à l’avenir d’aucun secours et d’aucun recours pour se soustraire à la justice et aux lois et règlements du pays.
Nos concitoyens ont assez payé de cette logique de contestations et de violentes intempestives et dévastatrices pour l’économie ».
Fructueux échanges avec le président ghanéen
Le ministre n’a pas passé sous silence, la rencontre entre la délégation du parti au pouvoir et le président ghanéen le 5 avril dernier à Accra : « une rencontre et de longs et fructueux échanges avec le président ghanéen. Cette rencontre relève davantage des contacts fréquents et quasi-quotidiens, notamment des consultations et conciliabules entre les autorités togolaises et la facilitation afin de faire le point de la situation sur le terrain et baliser la voie pour faire progresser le processus de dialogue », a rappelé M. Bawara.
L’entretien a porté spécifiquement sur le dialogue politique et les voies et moyens pour son aboutissement à une issue heureuse. Depuis la suspension de la séance tenue le 23 mars, le président ghanéen mène des consultations bilatérales. Pour l’instant, aucune date n’a été annoncée pour la reprise des discussions à Lomé.
« Lorsque les discussions directes reprendront à l’initiative du facilitateur, chaque partie prenante aura l’occasion de se prononcer sur les sujets de fond en suspens. Car, il n’est pas dans les usages d’étaler sur la place publique les propos, l’opinion ou les positions d’un dirigeant étranger, même s’il est facilitateur. En l’espèce, cela est inconvenant et même irrespectueux et contraire au règlement intérieur du dialogue de se livrer à des interprétations tendancieuses et approximatives et même à des contre-vérités concernant les propos que le président ghanéen aurait tenus ou la position qu’il aurait exprimée! », a dénoncé le ministre.
Il est évident, a-t-il précisé « que les propos prêtés au président ghanéen procèdent de la désinformation et de l’intoxication de la part de la coalition, dans une tentative vaine de manipulation de l’opinion nationale ».
« Cette attitude soulève bien évidemment beaucoup de questions, des doutes et des interrogations de certains acteurs politiques togolais. Ces comportements nous ridiculisent tous ».
« Ni le gouvernement ni la majorité n’ont à entrer dans cette logique abjecte de jusqu’au-boutisme et de surenchère. Les efforts considérables déployés par le président ghanéen et ses collaborateurs méritent une autre attitude de la part des acteurs politiques togolais », a ajouté M. Bawara.
Rappelons que le Togo traverse depuis début août dernier, une nouvelle crise avec des manifestations répétées de la coalition de l’opposition qui exige notamment le retour à la constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table. FIN
Junior AUREL