« On ne dialoguera plus pour renforcer le régime. Ce dialogue est un dialogue qui apportera des solutions durables à cette crise. C’est un dialogue qui permettra aux togolais d’en finir avec ce régime (…) », a martelé ce lundi sur une radio privée, Mme Brigitte Adjamagbo-Johnson (coordonnatrice de la coalition de l’opposition).
« Ce qui s’est passé dans la salle avec les deux séances (lors du dialogue), montre que le régime n’a encore rien compris. Nous avons à faire à un régime qui banalise tout, qui fait du dilatoire. Le peuple souverain est déterminé, il veut sa constitution de 92. Et le peuple veut que par application de ce retour-là, on en arrive à obtenir une alternance, un changement de régime », a-t-elle ajouté.
A en croire la coordonnatrice de la coalition, la position de la délégation du pouvoir lors des discussions est claire : le retour constitution de 92 ne doit ni entraîner le départ immédiat de Faure Gnassingbé, ni l’empêcher de se représenter en 2020.
Le voile est finalement levé sur les deux jours de discussions entre le pouvoir et la coalition des 14 partis politiques de l’opposition.
« Nous n’avons pas pu avancer. Il faut avoir le courage de le dire », a avoué Mme Adjamagbo-Johnson sur le plateau de Victoire Fm.
Pour le moment, c’est le silence radio dans le rang du parti au pouvoir : on ne fait aucun commentaire, on s’en tient strictement au communiqué rendu public vendredi soir par le groupe des facilitateurs pour qui, les discussions se sont déroulées de manière « franche ».
« Il n’y a pas blocage. Les deux parties se sont mises d’accord pour se retrouver à une date qui sera fixée ultérieurement, en raison de la disponibilité du président ghanéen
Nana Akufo-Addo. Il est très content de l’évolution des discussions », avait déclaré à la presse Daniel Osei (porte-parole des du groupe des facilitateurs).
Départ de Faure Gnassingbé : « pas question »
Ces dernières semaines, l’entourage du président de la République a plusieurs fois répété qu’il ne sera « pas question » de discuter du départ immédiat du chef de l’Etat, ni d’un engagement de sa part à quitter le pouvoir.
En gros, le dialogue tournera surtout autour de ce point, le gouvernement ayant déjà lâché dans son projet de loi (boudé par les députés de l’opposition en septembre dernier au Parlement), la limitation de mandat présidentiel (5 ans x2) et le mode de scrutin à deux tours.
A cette allure, les positions sont très tranchées. Fortement surveillée ces derniers jours par la rue qu’elle a conduite durant six mois, la coalition ne compte pas céder. Elle est prête à reprendre la pression en cas d’échec des discussions. De son côté, le pouvoir est aussi sur le qui-vive. Dans l’actuelle constitution, le mandat présidentiel n’est pas limité. Elu en 2005, Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et 2015. Selon les arguments soutenus, les lois de la république « disposent pour l’avenir, elles n’ont pas d’effet rétroactif ».
Une « patate chaude »?
« Le sujet est sensible. Je ne souhaite pas être à la place du président ghanéen. C’est vraiment une patate chaude entre ses mains », a commenté un observateur de la scène politique togolaise.
« Quelle position doit-il adopter ? Quelles réflexions mène-t-il actuellement ? Ou bien est-il déjà dépassé par les événements ?… », autant de questions lancées par cet observateur.
De sources concordantes, le président ghanéen aurait décidé de recevoir séparément à Accra, chaque délégation, avant de revenir à Lomé pour la suite des discussions, probablement dans deux semaines.
« C’est la meilleure stratégie dans une telle situation », a estimé le directeur de publication d’un journal, lors de ses analyses ce lundi sur une radio privé.
« M. Akufo-Addo est un homme très expérimenté. En plus, il connaît très bien le Togo. Et avant d’entamer son rôle de facilitateur, il sait que la tâche ne sera pas aisée. Donc, il a sûrement la clé, la crise ayant trop duré », a ajouté ce journaliste.
Le Togo est fortement plongé dans une nouvelle crise depuis septembre dernier, avec des manifestations répétées de la coalition de l’opposition qui exige notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger. Certains leaders de ce regroupement de 14 partis politiques demandent ouvertement le départ du président Faure Gnassingbé.
La communauté internationale a appelé à plusieurs reprises, le pouvoir et l’opposition à se retrouver autour d’une table. FIN
Edem Etonam EKUE
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