Le chef de l’opposition zimbabwéenne, Morgan Tsvangirai, rival historique de l’ancien président Robert Mugabe, a été enterré mardi dans son village de Buhera, dans l’est du Zimbabwe, en présence de milliers de ses partisans, de diplomates et de responsables politiques.
« Il s’agit d’un rassemblement historique. Nous célébrons un héros. Il était un homme tolérant », a déclaré Nelson Chamisa, président en exercice du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai.
Le chef de l’opposition est décédé la semaine dernière d’un cancer du côlon à l’âge de 65 ans, laissant un parti orphelin en proie à de profondes divisions en vue de sa succession.
Preuve de ces dissensions, Thokozani Khupe, une vice-présidente du MDC, a été huée pendant les funérailles et a été prise à partie par des jeunes du parti qui étaient « ivres », selon un responsable de la formation, Douglas Mwonzora.
Morgan Tsvangirai, ancien syndicaliste reconverti à la politique, a combattu pendant plusieurs décennies le président Mugabe, qui a démissionné en novembre après avoir dirigé d’une main de fer le Zimbabwe pendant trente-sept ans.
L’ancien chef de l’Etat, qui fêtera ses 94 ans mercredi, et son épouse Grace, ont adressé leurs condoléances à la famille Tsvangirai, a indiqué mardi Nelson Chamisa sans révéler le contenu de la lettre.
Malgré la pluie, des milliers de partisans du MDC avaient fait le déplacement à Buhera, à 220 km au sud de la capitale, Harare, pour rendre un dernier hommage à Morgan Tsvangirai.
La vice-présidente du Zimbabwe, Oppah Muchinguri, membre du parti au pouvoir, la Zanu-PF, des diplomates européens et américains, ainsi que des responsables régionaux de l’opposition ont assisté aux obsèques.
Parmi eux, l’opposant kényan Raila Odinga, qui a salué le départ d' »un héros ». Il a profité de l’occasion pour dénoncer les fraudes électorales, autant au Zimbabwe que dans son pays, selon lui.
« L’Afrique est jonchée d’élections truquées », a lancé Raila Odinga. « Nous avons besoin d’élections claires et transparentes en Afrique ».
Morgan Tsvangirai n’est jamais parvenu à s’imposer aux élections présidentielles. En 2008, il était arrivé en tête du premier tour, mais avait finalement renoncé en raison des violences dont avaient été victimes ses partisans. Quelque 200 personnes avaient été tuées.
« Il a accepté de sacrifier sa victoire pour sauver le Zimbabwe », a salué Raila Odinga.
Un proche de Morgan Tsvangirai, Arthur Mutambara, a rendu hommage au « courage » et à la « persévérance » du chef de l’opposition zimbabwéenne. « Tu t’es bien battu », a-t-il lancé.
Une autre figure de l’opposition, Joice Mujuru, ancienne membre de la Zanu-PF, a appelé l’opposition « à travailler ensemble » en vue des élections législatives et présidentielle prévues d’ici au mois de juillet.
Les dissensions au sein du MDC et de l’opposition en général ouvrent cependant un boulevard au nouveau chef de l’Etat, Emmerson Mnangagwa, et à son parti, la Zanu-PF, au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980.
SOURCE : AFP