Muhammadu Buhari, qui recevait jeudi l’ambassadeur du Togo à Abuja, a indiqué que les « transitions politiques pacifiques » n’étaient « plus négociables » en Afrique de l’Ouest, craignant que toute crise politique ne déborde sur les pays voisins.
« Au sein de la CEDEAO (Communauté Economiques des Etats d’Afrique de l’Ouest), nous travaillons à consolider nos relations afin d’assurer la paix et la prospérité pour nos futures génération », a expliqué le président nigérian, ajoutant que cela ne pouvait se faire qu’à la condition d’une « transition pacifique ».
Faure Gnassingbé, président du Togo et actuellement à la tête de la CEDEAO, fait face depuis cinq mois à une très forte contestation populaire, avec des marches quasi-hebdomadaires qui rassemblent des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, pour demander sa démission et la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels.
M. Buhari, dans son entretien avec Lene Dimban, ambassadeur envoyé de Lomé, n’a pas fait de référence directe à la crise politique qui agite le Togo, mais ce rappel à l’ordre survient quelques jours avant l’ouverture des négociations prévues entre le pouvoir togolais et l’opposition, le 15 février prochain.
Le président nigérian a été le premier chef d’Etat de la région à s’exprimer sur la crise, se disant « inquiet » de « l’instabilité politique » qui règne dans le petit pays d’Afrique de l’ouest.
« L’instabilité au Togo aura des conséquences régionales et nous devrons payer le prix du développement », a indiqué le président Buhari lors d’une rencontre avec son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, pendant le sommet Europe/Afrique d’Abidjan fin novembre.
Des représentants guinéens et ghanéens, pays médiateurs dans la crise ont annoncé la semaine dernière que le dialogue entre l’opposition togolaise et le président Faure Gnassingbé s’ouvrira le 15 février à Lomé, mais aucune des deux parties n’a pour l’heure confirmer de manière claire son intention d’y participer.
Au lendemain de cette annonce, des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de la capitale et de certaines grandes villes du pays pour protester contre l’accaparement du pouvoir par une seule famille depuis plus de 50 ans.
Faure Gnassingbé a succédé en 2005 à son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans.
SOURCE : AFP