Il faut qu’une « rencontre dépassionnée soit rapidement organisée au Togo entre le pouvoir et l’opposition politique, une rencontre sincère et responsable devant l’histoire, une rencontre qui conduise vers une solution consensuelle et durable pour mettre fin à la crise », a lancé dimanche nuit lors de son homélie depuis l’autel de la cathédrale Charles Lwaga Mgr Dominique Banlène Guigbile (Evêque du diocèse catholique de Dapaong).
Pour bon nombre d’observateurs de la vie politique togolaise, le Prélat a parfaitement raison du taper du poing sur la table.
Annoncé depuis plusieurs semaines par le gouvernement, le dialogue peine à démarrer.
Après les mesures d’apaisement exigées par l’opposition, équation déjà très difficile à résoudre, surgit dans la foulée, le problème de la médiation.
Pour le pouvoir, le Ghana et la Guinée « ne sont pas les médiateurs » dans la crise qui secoue le Togo depuis plus de quatre mois, mais ils ont plutôt « proposé des missions de bons offices ».
« Si nous voulons aller à des médiateurs, nous devons ensemble discuter et voir comment choisir le médiateur. Et c’est la rencontre initiée par le Premier ministre et qui a été malheureusement rejetée par la coalition », avait souligné dimanche t-il souligné sur Radio Pyramide Fm, Christian Trimua (ancien ministre et conseiller à la présidence).
Mais faux, rétorque la coalition de l’opposition dans un communiqué rendu public: « les médiations de la Guinée et du Ghana sont bel et bien confirmées, mais de surcroît, elles sont renforcées par le Bénin et le Burkina Faso qui ont souhaité appuyer les deux pays dans cette mission de médiation ».
Un véritable jeu de ping-pong auquel assiste les togolais, qui attendent avec impatience le début de ces discussions.
« Moi je suis très inquiet, au regard de la situation. L’ambiance n’est pas bonne. Il est vraiment temps que les deux (pouvoir et opposition) se retrouvent autour d’une table pour discuter. Le chef de l’Etat même a dit que le dialogue va démarrer avant les fêtes de fin d’année, mais les choses traînent », a confié Georges Tékpa, responsable dans une Ong.
Dans une interview accordée récemment au Magazine Jeune Afrique, le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé a affirmé : « très rapidement en ce qui concerne sa phase préparatoire. Avant les fêtes de fin d’année ».
Encore trois jours de manifestations
Les 14 partis politiques de la coalition qui manifestent depuis août dernier contre le pouvoir en place, exigent notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.
Iles réclament également la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre des manifestations.
Ces partis politiques battront à nouveau le pavé à Lomé et d’autres villes du pays mercredi, jeudi et samedi, après une courte pause la semaine dernière.
Ils invitent une fois encore «les populations togolaises sur toute l’étendue du territoire à maintenir la pression » sur le pouvoir.
« Je vous avoue que je suis fatiguée de ces manifestations à répétition, surtout pendant cette période des fêtes où nous pouvons nous défouler un peu et oublier ces querelles des politiciens. Ça devient agaçant », a critiqué Stella, étudiante en droit à l’Université de Lomé.
Pour les leaders de la coalition, les togolais « n’ont pas le cœur à ces fêtes ».
Dans un communiqué rendu public ce mardi, le ministre de la sécurité le Colonel Yark Damehame a mis en garde des manifestants qui tenteront de semer de troubles lors de ces manifestations.
« Force restera à la loi » contre tout « acte contraire à l’esprit pacifique » des manifestations de l’opposition prévues mercredi, jeudi et samedi, a-t-il averti.
Selon le ministre (citant de bonnes sources), des responsables d’un parti politique de la coalition de l’opposition auraient appelé leurs membres militants à ne pas respecter les itinéraires pour se positionner à « certains points sensibles » de la ville de Lomé.
« D’autre part, certains manifestants de l’intérieur ont reçu pour consignes de perturber la circulation sur la route nationale n°1 », souligne le communiqué du ministre rendu public sur les médias d’Etat. FIN
Edem Etonam EKUE
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