Crise au Togo: « Le gouvernement n’a pas vocation à être un protagoniste de qui que ce soit » (Gilbert Bawara)

« Le gouvernement n’a pas vocation à être un protagoniste de qui que ce soit » dans la crise qui secoue le pays depuis environ quatre mois, a mis en garde lundi sur une radio privée Gilbert Bawara (ministre de la fonction publique).

« Le gouvernement n’a pas vocation à être un protagoniste de qui que ce soit. Le gouvernement, c’est l’émanation de la majorité parlementaire. Nous devons nous départir des considérations partisanes », a martelé le ministre lors d’une émission à grande écoute sur Kanal Fm.

La coalition de l’opposition qui manifeste depuis août dernier contre le régime en place, a boycotté la semaine dernière, les consultations menées par le gouvernement, dénonçant une « manœuvre de diversion ».

« Le pouvoir en place est l’un des protagonistes de la crise. Il ne peut pas nous appeler à une consultation. Seuls les médiateurs peuvent jouer ce rôle », avait précisé Jean Pierre Fabre (chef de file de l’opposition).

Selon Gilbert Bawara, « le gouvernement n’a pas la même vocation que les partis politiques encore moins, le président de la République ».

« Nous avons tenu plusieurs dialogues et au cours de ces dialogues, le gouvernement n’a pas eu vocation à être un protagoniste, mais à jouer un rôle neutre. Un dialogue qui ne sera pas basé sur les fondamentaux sérieux, la préservation de l’ordre constitutionnel et le respect des institutions démocratiques, n’offrirait pas de solutions viables et durables à notre pays.
C’est pourquoi, le gouvernement ne peut pas être mis au même pied d’égalité que les partis politiques », a poursuivi M. Bawara.

« Aujourd’hui, les conditions sont réunies pour un dialogue entre les togolais. Tous les efforts seront faits pour amorcer véritablement le dialogue incessamment (…) Et c’est ensemble que nous devons définir l’agenda et l’ordre du jour du dialogue », a-t-il indiqué.

Mais qui seront invités à la table de discussions?

« Les principaux partis politiques siégeant à l’Assemblée nationale et les partis politiques extraparlementaires, ainsi que la majorité se retrouveront autour d’une table, en présence du gouvernement ou sous l’impulsion du gouvernement. Le gouvernement prendra les initiatives », a souligné M. Bawara.

« Nous n’allons pas nous engager dans ce dialogue, avec l’esprit partisan, mais avec le souci de dégager des compromis et de réaliser la révision constitutionnelle par la voie que le président de la République a indiquée. Le souci, c’est d’engager d’abord un consensus et ensuite, les togolais auront à se prononcer sur le projet de révision », a-t-il ajouté.

Le Togo traverse une nouvelle crise depuis août dernier, avec des manifestations de la coalition de l’opposition. La coalition des 14 partis politiques exige notamment le retour à la Constitution originelle de 1992, la révision du cadre électoral et l’instauration du droit de vote des togolais de l’étranger.

Elle réclame également la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre des manifestations. Certains leaders de ce regroupement exigent aussi le départ du président Faure Gnassingbé.

Le dialogue annoncé par le gouvernement, peine à démarrer. L’opposition exige des « mesures d’apaisement » (notamment la libération de toutes les personnes arrêtées dans la foulée des manifestations et celles détenues dans l’affaire des incendies des marchés) avant d’aller à la table de négociation.
Du côté du pouvoir « toutes les conditions sont réunies » pour le début des discussions.

Samedi dernier, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) ont salué à Abuja, les « mesures d’apaisement » prises par le gouvernement togolais et appelé les auteurs politiques à un « dialogue inclusif ».

Dans une déclaration à la fin du 52è sommet de l’organisation sous-régionale ils ont exprimé leur préoccupation « face à la tension politique persistante » et lancé un appel aux acteurs politiques « à s’engager pleinement et dans les plus brefs délais, dans un dialogue inclusif, dans un esprit de compromis (…) pour la mise en œuvre de réformes politiques respectant l’ordre constitutionnel et les institutions démocratiques ». FIN

Junior AUREL

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