Des milliers de Béninois sont descendus dans la rue vendredi à Cotonou à l’appel des principales organisations syndicales du pays pour protester contre les réformes du président Patrice Talon et la vie chère, a constaté un journaliste de l’AFP.
La marche, qui s’est terminée en fin de matinée devant la Bourse du travail, a rassemblé « plus de 10.000 marcheurs », a affirmé l’un des organisateurs à l’AFP. Aucun chiffre officiel n’était disponible dans l’immédiat.
« Les hôpitaux publics seront bientôt privatisés, les grèves répétitives dans l’éducation et dans bien d’autres secteurs semblent ne pas préoccuper le président Talon », a dénoncé durant la manifestation Nagnini Kassa Mampo, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin.
Selon ce responsable syndical, « la cherté de la vie est criarde alors que les salaires restent statiques avec l’établissement de beaucoup de taxes ».
Il faut « agir dans l’urgence face à un pouvoir qui a décidé de vendre tout dans le pays », a déclaré Noël Chadaré, secrétaire général de la Confédération des organisations syndicales indépendantes.
Paulin Sokenou, un infirmier de 41, critique lui aussi la « pression fiscale que fait subir le régime » sur les salaires des Béninois.
Le pouvoir est confronté une grogne sociale croissante notamment dans le secteur public, frappé par plusieurs mouvements de grèves. Les salariés dénoncent notamment la volonté du président Talon de mettre en place des « privatisations sauvages » et des coupes budgétaires qui les impactent directement.
Les travailleurs de la santé, ont multiplé les grèves et les mouvements d’humeur ces derniers mois, paralysant les hôpitaux à plusieurs reprises.
Les tribunaux, cours et greffes ont également observé une grève de deux jours très suivie mercredi et jeudi pour réclamer de meilleures conditions de travail et d’évolution de carrière dans le secteur de la justice.
Patrice Talon, un ancien homme d’affaires qui a fait fortune dans le coton, a été élu président du Bénin en avril 2016, dans un pays reconnu pour être un exemple de stabilité démocratique dans la région.
Il a depuis engagé le petit pays d’Afrique de l’Ouest dans la voie des réformes pour tenter de faire face au ralentissement de l’économie, conséquence de la récession au Nigeria voisin, marché géant de 180 millions d’habitants. Mais son orientation libérale suscite de vives critiques et inquiétudes.
SOURCE : AFP